dimanche 27 février 2011

Histoire chronologique des Etats-Unis (Découvertes et explorations) -en construction

I - Premiers peuplements et premières explorations européennes

1) Les premiers habitants (source : histoire sociolinguistique des Etats-Unis extrait du site : aménagement
linguistique dans le monde).

Paul Kane, Assiniboine à la chasse aux bisons, huile sur toile, 46×73,7 cm, (1851-1856). Les Assiniboines sont des Indiens Dakotas de la région canadienne du lac Winnipeg dans l'actuel Manitoba.

Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Parmi les hypothèses expliquant l'arrivée des Amérindiens, la plus connue laisserait entendre que des tribus de Mongolie et de Sibérie auraient, par petites bandes de chasseurs, émigrés d'Asie par le détroit de Béring, profitant d'une baisse du niveau de la mer. Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, il y a 17 000 ans avant notre ère, lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud.

Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de
personnes en 1492.

Carte des huit familles linguistiques importantes qui ont existé sur le territoire actuel des États-Unis avant que leurs locuteurs aient été en grande partie déplacés par les Européens (Source: L'Aménagement linguistique dans le monde).

Les peuples améridiens se divisent en plusieurs grandes familles linguistiques, elles-mêmes morcelées en différentes tribus.
- Au nord-est, les Iroquois vivaient dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches (vaste ensemble montagneux de l’est de l’Amérique du Nord, presque parallèle à la côte atlantique, de la province de Québec au nord de l’Alabama). Ils comptaient au moins six grandes tribus: les Tuscarosas, les Senecas, les Cayugas, les Oneidas, les Onondagas et les Mohawks. Les Hurons de la région du Saint-Laurent qui allaient être les premiers Amérindiens à rentrer en contact avec les Français, appartiennent à ce groupe bien qu'ils vont constituer les principaux adversaires de la Ligue Iroquoise.

- Autour de ce groupe vivaient les Algonquins. Depuis fort longtemps, ils formaient des tribus hostiles les unes aux autres: les Ottawas, les Cheyennes, les Arapahos, les Pieds-Noirs, les Shawnees, etc.

- Plus au sud, on trouvait les Muskogéens (Muskogeans) installés près du Mississipi et de l'Atlantique, des Appalaches jusqu'en Floride: Creeks, Cherokees, Choctaws, Chickasaws, Natchez et Séminoles.

- Dans les régions de la Virginie et de la Caroline du Nord, ainsi que dans le centre du continent jusqu'à l'actuelle frontière canadienne, vivaient les Sioux: Assiniboines, Crows, Dakotas, Lakotas, Hidatsas, Mandans, Iowas, Kansas, Osages, Omahas, Ponas, Quapaws.

- Dans les grandes plaines, des tribus parlent les langues de la famille linguistique des Caddos: ce sont les Arikaras (Dakota du Nord) les Pawnees (Nebraska, Kansas), les Wichitas (Kansas, Texas), etc.

- Dans les Rocheuses, entre le Grand Bassin et l'Amérique Centrale, on trouve des peuples de langue uto-aztèque: shoshoni, paiute, ute (qui donnèrent leur nom à l'Utah), hopi, comanche, piman, etc. Le nahuatl, langue des Aztèques du Mexique, forme une branche de la famille uto-aztèque.

- Dans le Sud-Ouest, des peuples sédentarisés habitaient un territoire semi-aride, les Athapascans: parmi eux les Navajos et les Apaches. D'autres Athapascans vivaient dans le Nord: Kaskas, Tananas, Chipewayans, Kutchins, etc.


- certains peuples appartiennent à des ensembles linguistiques à part comme les Zuñis du Nouveau Mexique et de l'Arizona.

- Enfin, dans l'actuelle Alaska, on trouvait les Inuits.

Ces peuples d'Amérique furent affublés par ignorance du nom d'Indiens. Se croyant rendus aux Indes, ce sont les Espagnols qui ont donné aux autochtones le nom d'Indiens (en espagnol: Indio au singulier et Indios au pluriel). En réalité, Christophe Colomb avait baptisé Indios les autochtones parce qu'il n'avait pas su bien évaluer la taille réelle du globe! Plus tard, les Français désigneront, eux aussi, les autochtones comme des Indiens ou des Sauvages, ce dernier terme étant tombé en désuétude seulement au cours du XXe siècle. Les Britanniques et, plus tard, les Américains reprendront le terme Indians, mais ils y ajouteront Red Indians (en français Peaux-Rouges) qui s'opposera à Pale-Face (en français: Visages pâles). Puis, après quelque 200 à 300 ans de contacts, ainsi que des maladies telles que la petite vérole, la tuberculose, la scarlatine et la rougeole, le tout combiné aux conflits armés et aux famines, viendront décimer la plus grande partie de ces populations.

Aux États-Unis, on préfère aujourd'hui avoir recours aux termes Aboriginal peoples (Amérindiens ou autochtones), Natives («natifs»), tribal group («groupe tribal») ou plus rarement Autochtons (peuples autochtones ou nations autochtones). Au Canada, on utilise fréquemment First Nations ou Premières Nations.

2) Les explorations européennes

Vers l’an 1000, première tentative de colonisation européenne par les Vikings (?) . Cliquez sur ce lien: l'Anse aux Meadows

1492 : 17 avril : capitulation de Santa Fe. Les rois catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille sont alors dans le camp militaire de Santa Fe de la Vega près de Grenade conquise le 6 janvier. Ils signent avec Christophe Colomb un contrat (capitulacion) qui établit les conditions du voyage d’exploration de Colomb afin de découvrir une nouvelle route maritime vers l’Asie par l’Ouest.

12 octobre 1492: Christophe Colomp débarque sur les côtes d’Amérique.
Arrivée de Christophe Colomb, parti de Palos le 3 août en compagnie des frères Martin et Vincent Pinzón à bord de la Pinta, de La Niña et de la Santa María. Le 12 octobre, ils atteignent l’île de Guanahani (Bahamas), baptisée San Salvador, puis les grandes Antilles, Cuba (28 octobre) qu’il appelle Juana (en l’honneur de la fille des rois d’Espagne) et Haïti qu’il appelle Española.





Christophe Colomb en Amérique (gravure de 1893).

1493 : Bulle Inter Coetera
4 mai : Par la bulle Inter Coetera, le pape Alexandre VI Borgia attribue à partir d'une ligne imaginaire nord-sud à 100 lieues à l'ouest des Îles du Cap-Vert, les terres en deçà aux Portugais, au-delà aux Espagnols. Les négociateurs Portugais refusent ces dispositions.

1494: Traité de Tordesillas.
7 juin : L'Espagne et le Portugal signent, contraint par le pape Alexandre VI, le traité de Tordesillas, par lequel, ces deux puissances s'entendent sur le partage des territoires du Nouveau Monde. La ligne de 1493 est repoussée à 370 lieux plus à l’ouest.
Tout ce qui serait découvert à l'ouest de la longitude 50° appartiendrait à l'Espagne, et tout ce qui serait à l'est (Afrique comprise) appartiendrait au Portugal. En fait la papauté avait attribué non pas des zones de colonisation, mais des zones d'évangélisation, distinction subtile qui ne résista pas aux appétits de ces deux puissances européennes.

1496 : 5 mars : Henri VII d'Angleterre s'attache les services de Jean Cabot par lettre patente pour découvrir des terres inconnues. Il s’agit de trouver aussi une nouvelle route vers l’Asie mais en passant par le Nord-Ouest.


Le Matthews de Jean Cabot

1497 : 24 juin : Jean Cabot explore les côtes de Terres-Neuve.

Au service de l'Angleterre, le navigateur vénitien Jean Cabot (Giovanni Caboto), parti de Bristol le 2 mai, explore avec le Matthews les côtes de l'Amérique du Nord et aborde Terre-Neuve ou l'île du Cap-Breton (Canada) qu’il revendique pour l’Angleterre. Il longe les côtes du Labrador et de la Nouvelle-Angleterre, qu’il prend pour l’extrémité nord-est de l’Asie. Devant le roi Henri VII, Jean Cabot affirme un peu vite qu'il a atteint la Chine ou le Japon. Il obtient de faire un second voyage pour confirmer ses dires. Mais celui-ci ne donnera aucun résultat. Le voyage de Cabot révèle aux marins anglais la présence des grands grands bancs de morue au large de Terre-Neuve. Cliquez sur ce lien.

1498 : Mai : Jean Cabot quitte Bristol à la tête d'une seconde expédition dans le but d’atteindre le Japon par le nord-ouest. L’expédition disparaît.
1500 : L'explorateur portugais Gaspar Corte Real reconnaît la côte sud du Labrador et redécouvre le Groenland.
João Fernandes Lavrador, un autre navigateur portugais, longe le littoral du Labrador actuel (nommé en son honneur) et le cartographie vers 1500 en compagnie de l'explorateur Pêro de Barcelos, mais sans prise de possession des terres.


1502 - Juin : Le Portugais Miguel Corte-Real aborde à Terre-Neuve et gagne le golfe du Saint-Laurent. Il repart au Portugal avec des Amérindiens qu'il a fait capturer.

1503 - Dans une lettre intitulée Mundus Novi, le navigateur italien Amerigo Vespucci,,né à Florence en 1454, et qui a participé à plusieurs voyages d'exploration sur les côtes du Brésil jusqu'au sud de l'Argentine, émet l'idée que le continent découvert par Christophe Colomb est un nouveau continent.

1504 - Les Anglais installent le relais de pêche de Saint John à Terre-Neuve. Début de la grande pêche à la morue.

Le planisphère de Waldseemüler, la première carte qui montre l'Amérique séparée de l'Asie.

1507 - 25 avril : Publication par le cartographe allemand Martin Waldseemuller de l’Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois en hommage à Amerigo Vespucci. Martin Waldseemuller attribue la découverte du nouveau continent à Amérigo Vespucci (il a le premier publié des lettres dans lesquelles il affirme que les terres découvertes sont un immense continent inconnu). Il rectifiera par la suite son erreur. Il est vrai cependant qu’Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un nouveau monde qui ne soit pas les Indes. L’Amérique est définitivement le nom du continent révélé aux Européens par Christophe Colomb.


1508 - Voyage de Sébastien Cabot à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent. Il remonte le détroit d’Hudson où il devine l’amorce du passage du Nord-Ouest. Son équipage refuse de s’aventurer dans les glaces et Sébastien Cabot doit faire demi-tour.

1508- Voyage de Thomas d'Aubert, navigateur dieppois à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent.

1513 : Ponce de Léon explore les côtes de Floride

1520 : 21 octobre : Le navigateur portugais José Álvares Fagundes découvre Saint-Pierre-et-Miquelon.

1521: seconde exploration de la Floride par Ponce de Leon qui tourne au désastre.



1521 - Expédition de Francisco Gordilla et de Pedro de Quexos à l'embouchure de la rivière Pee-Dee (dans l'actuelle Caroline du Sud).



1524 - l'Espagne, qui avait jusque là concentré ses efforts sur l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, envoie Estévão Gomes explorer la côte de l'Amérique du Nord.

17 janvier-7 mars 1524 : L’explorateur florentin Giovanni da Verrazano, voyageant pour le compte du roi de France, François Ier, et pour des armateurs de Dieppe, explore la côte de l’Amérique du Nord du Cap Fear, en Caroline du Nord (17 janvier) à l’île du Cap Breton, en Nouvelle-Écosse. Il découvre la baie de New York et l'embouchure du fleuve Hudson (7 mars). Il pressent que l’Amérique du Nord constitue un continent.


1526 – juillet- 18 octobre : Echec d’une première tentative de colonisation espagnole en Caroline du Sud menée par Lucas Vázquez de Ayllón.



1528 - Désastre de l'expédition de Pánfilo de Narváez.

Cliquez sur ce lien: Cabezo de Vaga et le désastre de l'expédition de Pánfilo de Narváez.

1528-1536 : périple de Álvar Núñez Cabeza de Vaca (1507- Jerez de la Frontera- 1559 – Séville) et de ses trois compagnons dans le continent américain.

1534 Premier des trois voyages de Jacques Cartier au Canada.


1535-1536 : deuxième voyage de Jacques Cartier

1539/1543 : Hernando de Soto explore les régions s’étendant de la Floride au Mississippi, dont les cours d’eau Savannah, Alabama et le Mississippi.

Le périple de l'expédition d'Hernando de Soto.

Ce conquistador est originaire d’une modeste famille d’hidalgo d’Extremadure. De Soto embarque pour le Nouveau Monde en 1514 avec le premier gouverneur de Panama, Pedranas d’ Ávila. En 1523, il accompagne Francisco Hernández de Cordoba qui, sur ordre de Pedranas, part à l’exploration et à la conquête de l’Amérique Centrale (Panama, Nicaragua, Honduras). Hernando de Soto se montre capable d’une grande bravoure durant la conquête de Panama mais aussi d’une extrême brutalité. En 1528, De Soto devient regidor de Leon, Guatemala, puis mène une expédition sur les côtes de la péninsule du Yucatan à la recherche d’un passage entre l’Atlantique et le Pacifique. C’est un échec et De Soto se joint alors à l’expédition de Francisco Pizarro lors de sa conquête du Pérou en 1532. Avec un groupe de cinquante hommes, De Soto suit la route de Cuzco pour négocier avec Atahualpa et c’est lui qui parvient à décider l’empereur inca à l’entrevue de Cajamarca au cours de laquelle il sera fait traitreusement prisonnier. Toujours envoyé à l’avant-garde, ce qui atteste la confiance que lui voue Pizarro, De Soto avec une quarantaine d’hommes balaie l’armée inca de Cuzco et permet la prise facile de la capitale inca en La conquête est sanglante et marquée par les exactions des conquérants mais, en 1536, De Soto rentre en 1536 très riche du Pérou. Parti pauvre avec son épée et sa rondache (bouclier), il revient fortuné, entouré d’une véritable cour et peut dès lors épouser la jeune et riche Isabelle Bodavilla, fille de Pedranas d’ Ávila. Charles Quint lui accorde les honneurs et lui confie la mission de coloniser les terres traversées par Cabeza de Vaca dont le récit a fasciné De Soto. Le conquistador devient gouverneur de Cuba, adelantado de Floride et marquis … d’une partie des terres qu’il découvrira. De Soto quitte l’Espagne le 6 avril 1538 après avoir recruté près de 620 volontaires pour la conquête de la Floride. A Santiago de Cuba, d’autres navires se joignent à la future expédition. Il rejoint La Havane, point de départ de l’expédition. Le 18 mai 1539, l’expédition quitte La Havane avec 9 navires, 570 hommes et femmes et 213 chevaux. À bord, on trouve des prêtres, des artisans, des ingénieurs, des fermiers, des marchands et bien sûr, des hidalgos. L’itinéraire du périple de De Soto divise les historiens jusqu’à aujourd’hui.

Hernando de Soto (Bibliothèque du Congrès) . Gravure de 1791.
La légende espagnole se lit comme suit:
«Hernando de Soto: Estrémadure, l'un des découvreurs et des conquérants du Pérou: il a voyagé à travers tous les vaincus de la Floride et ses indigènes toujours invincible, il est mort dans son expédition dans l'année de 1543 à la 42 de son âge".

Le 30 mai, de Soto arrive en un lieu qu’il baptise Espiritu Santo (l’actuel Bradenton (Floride)19 dans la baie de Tampa aux États-Unis). C’est là qu’il entre en contact avec un survivant de l’expédition de Narvaez, Juan Ortiz, capturé par les Indiens. Ortiz, originaire de Seville, avait été capturé par les guerriers d’une tribu Un jeune Espagnol nommé Juan Ortiz, né à Séville, qui était venu en Floride à la recherche de l’expédition de Narváez, disparue en 1528, et qui avait été capturé par une tribu Calusa qui occupait le sud de la Floride. Il avait échappé à la mort de justesse quand la fille du chef Hirrihigua de la tribu Calusa supplia qu’on lui sauve la vie, après que son père est ordonné qu’Ortiz soit brulé vif. Ortiz n’en a pas moins subi tortures et captivité et il rallie immédiatement l’expédition de De Soto. C’est un atout essentiel pour les Espagnols car il connaît la région et les dialectes indiens. Il sert alors d’interprète et il établit un système ingénieux de communication avec les Indiens. Des guides des tribus Paracoxi sont recrutés dans chacune des tribus, tout au long du parcours. Une chaîne de communication est établie par un guide ayant vécu à proximité d’une autre tribu, qui passe l’information à un nouveau guide de cette région et ainsi de suite. Comme Ortiz refuse de se vêtir et de se comporter comme un noble espagnol7, les officiers de de Soto se méfient de ses conseils, mais De Soto se fie à Ortiz, lui accordant de se vêtir et de vivre comme ses amis des tribus Paracoxi.
Ortiz est d’autant plus précieux que l’expédition se heurte d’emblée à une farouche résistance indienne. Les peuples de la région sont désormais renseignés par le passage de l’expédition précédente, celle de Panfilo Narvaez, sur le degré de violence et de sauvagerie que sont capables de mettre en œuvre les Conquistadors pour parvenir à leurs fins.
Voici ce que déclare un chef indien au Conquistador qui veut traiter avec lui : « J’ai appris par ceux qui sont venus avant vous, ce que sont les Espagnols… des vagabonds vivant de meurtres et de rapines, et frappant les gens qui ne vous ont rien fait. Je ne veux pas d’une paix avec des gens de votre sorte. Je ne vous crains pas et vous combattrez tant que vous serez dans ce pays. » ((Jean Pictet, L’épopée des Peaux-Rouges, Editions du Rocher, 1994, pp. 78) De Soto est un conquistador particulièrement brutal et sans pitié comme l’atteste les exactions que va commettre sa troupe durant tout le périple. Les indiens capturés contraints de lui servir de guides, le conduisent droit sur le terrain d’une embuscade ? Qu’à cela ne tienne, le Conquistador Hernando de Soto les fait égorger par ses chiens, de féroces matins qui accompagnent l’expédition. Peu soucieux de colonisation (il ne fonde aucun établissement durant sa progression) et de christianisation, bien qu’il emmène avec lui des missionnaires, le conquistador n’est intéressé que par la recherche de l’or. Bientôt de Soto De Soto s’engage à l’intérieur des terres de Floride en direction du nord. Il reste en contact avec sa flotte qui remonte la côte occidentale de la péninsule floridienne. Les Espagnols vivent sur le pays, s’emparant des récoltes et des vivres des communautés indiennes croisées en chemin comme seul procédé de survie. Mais ils doivent affronter de multiples embuscades souvent meurtrières. Comme l’écrit Jean Pictet : « Partout où ils passent les Espagnols exigent des porteurs et des domestiques, hommes et femmes, qu’on leur fournit en général pour obtenir leur départ. Ils sont enchaînés par le cou. S’ils se rebellent, on les brûle vifs. Soto qui se présente lui-même comme le fils du Soleil, cherche d’abord à rallier les chefs et leur faire admettre la souveraineté du Roi. Quand ils refusent, il les prend pour otage. En partant, l’Ibérique fait dresser pieusement une grande croix de bois dans le village » (Jean Pictet, L’épopée des Peaux-Rouges, Editions du Rocher, 1994). Face à chaque nouvelle communauté autochtone, c’est la même histoire qui se reproduit : capture d’Indiens transformés en esclaves, prise en otage du cacique (chef), pillage des provisions et dévastation des villages s’ils résistent. Mais les Espagnols eux-mêmes sont obligés de serrer les rangs, les soldats s’écartant quelque peu du chemin risquant la capture, leur corps étant retrouvés mutilés et décapités. Les embuscades indiennes sont incessantes. Cette violence suscitée par les conquérants jalonne la piste suivie par l’expédition, d’un monceau de cadavres et de cendres.
A la fin octobre 1539, De Soto parvient à Anhaica, capitale des Indiens Apalaches, sur le site de l’actuelle ville de Tallahassee en Floride. La cité comprenait alors, selon les historiens et archéologues qui ont retrouvé le site en 1988, près de 30 000 habitants. Ceux-ci furent contraints à la fuite dès l’arrivée du Conquistador.
Le 3 mars 1540, l'expédition quitte Anhaica ; ayant entendu parler de mines d’or « en direction du soleil levant », ils partent vers le nord-est à travers les actuels États de Géorgie et de Caroline du Sud, jusqu’à la ville actuelle de Columbia (Caroline du Sud). Ils y sont bien accueillis par une femme, la « dame de Cofitachiqui » qui gouverne la communauté. Peu au fait dans cette région des exactions des conquistadors, elle leur offre des perles, de la nourriture, des tissus et tout ce que les Espagnols peuvent désirer, dont de l’or et de l’argent, qui se révèleront n’être que cuivre et pyrite de fer. Les Espagnols ne s’en contentent pas et décide d’emmener la princesse en otage et les notables comme guide. Une nuit, la belle indienne et ses compagnons faussent compagnie aux conquérants. Un autre guide vient renforcer l’expédition. C’est un jeune garçon indigène, Perico, ou Pedro, originaire de l’actuel État de Géorgie, et qui parle la langue de plusieurs des différentes tribus ou nations et se montre à mêm de communiquer avec Ortiz. Le 3 mai, de Soto se dirige vers le nord, en direction des monts Appalaches de l’actuelle Caroline du Nord, où il passe un mois, jusqu’au 2 juillet, laissant les chevaux paître sur une herbe grasse7 et se reposer alors que ses hommes cherchent de l’or. Ils entrent ensuite sur le territoire de l’actuel Tennessee et du nord de la Géorgie, où ils restent jusqu’au 20 août, mais sans résultats, la région ne montrant aucun signe de présence d’or. De Soto décident de prendre la route du sud, en direction du Golfe du Mexique, pour y trouver deux navires amenant des provisions depuis La Havane. Le point de rendez-vous est la baie d’Achusi mais le capitaine Diego Maldonado qui commande la flotte de secours ne rencontre personne sur place. Il ne reverra plus jamais De Soto.

Le 18 octobre 1540, alors qu’ils traversent l’actuel État d'Alabama, les Espagnols se retrouvent devant une ville sommairement fortifiée, nommée Mavilla ou Mauvila (sans doute proche de l’actuelle ville de Mobile). Ils vont y livrer leur plus dure bataille. Un Indien converti les avise que la cité est pleine de guerriers Choctaw en armes dirigé par le chef Tuscalusa déterminé à vaincre ou à mourir. De Soto se présente seul pour ordonner aux caciques de se soumettre mais il manque d’être capturé. Il décide alors de prendre la ville d’assaut. Après neuf heures de combat acharné où les Indiens infligent de lourdes pertes aux Espagnols, la cité est anéantie. Mais les pertes espagnoles sont très lourdes en tués (près de 70) et surtout blessés (un quart de l’effectif dont De Soto blessé). Les Indiens Choctaw ont des centaines de tués mais tous ont préféré la mort à l’esclavage (les chiffres des pertes indiennes fournis par les chroniqueurs espagnols semblent souvent marqués par l’exagération). Au total, l’expédition espagnole depuis son entrée en Floride, a perdu une centaine d’hommes et elle compte autant ou plus de blessés et malades. Elle a perdu une grande partie de ses chevaux et de ses biens (les arquebuses sont perdues ou inutilisables). Sa réputation d’invulnérabilité est remise en cause par ses nombreuses pertes ce qui renforce la résistance indienne. Face à cette situation, les capitaines de De Soto le pressent de gagner au plus vite la baie d’Achusi et ils envisagent de l’abandonner. Pour réaffirmer son autorité et éviter que la nouvelle des échecs de l’expédition parviennent jusqu’en Espagne ou la désertion de ses soldats, De Soto décide soudain de changer ses plans. Renonçant à marcher vers le sud pour retrouver Maldonado, il choisit le 18 novembre de bifurquer vers l’ouest et le nord à l’intérieur des terres. En décembre 1540, l’expédition subit de nouvelles pertes durant ses combats avec les Indiens. De Soto fait sans doute hiverner ses hommes dans l’actuelle Tennessee.

En repartant vers le nord, à partir de mars 1541, l’expédition rencontre la tribu des Chicachas (ou Chickasaws). De Soto leur demande 200 hommes comme porteurs mais, prévenus des méthodes espagnoles, les Indiens refusent et décident d’attaquer le camp espagnol durant une nuit de mars 1541 en profitant d’un vent glacé qui souffle en tempête. Les Espagnols sont surpris dans leur sommeil. Ils subissent de lourdes pertes et sont au bord de l’anéantissement. Mais les Indiens stoppent leur attaque ce qui sauve les Espagnols contraints de reconstruire un nouveau camp mieux fortifiés. L’expédition décimée et affaiblie subit de nouvelles attaques mais parvient à repartir le 25 avril, toujours plus vers l’ouest.

Le 8 mai 1541, de Soto découvre le Mississippi, selon la représentation romantique de William Henry Powell (1824 - 1879). Ce tableau de 1847 est exposé au Capitole des Etats-Unis à Washington.

Quelques jours plus tard, le 8 mai 1541, de Soto et ce qu’il reste de sa troupe atteignent un rivière large d’une demi-lieue, boueuse et dont le courant violent entraîne continuellement des troncs d’arbres. Cette immense rivière est très poissonneuse, pleine d’espèces inconnues en Espagne, et les Espagnols la nomme alors Rio Grande ou Rio de Espiritu Santo ou « Père des Eaux » selon les Indiens. Ils viennent en fait de découvrir le Mississippi. Il n’est pas certain qu’ils soient les premiers Européens à découvrir l’Old Man River, mais ils sont les premiers à rapporter et à documenter le fait.
De Soto n’est que peu intéressé par cette découverte, il y voit plutôt un obstacle à sa mission. Il aurait un temps envisagé de descendre le fleuve jusqu’à son delta pour rentrer à La Havane mais les Espagnols comprennent vite que la navigation est impossible sur ce fleuve tumultueux avec des radeaux. Il faut donc, pour les 400 hommes de l’expédition, le traverser et De Soto a encore 400 hommes. Après un mois consacré à la fabrication de quatre barges, les Espagnols traversent enfin le Mississippi, et pénètrent dans les Plaines. Les Indiens y sont encore plus agressifs et farouches. L’expédition continue sa route en direction de l’ouest vers les actuels États d’Arkansas, d'Oklahoma, et du Texas. Elle passe l’hiver à Autiamque, sur les rives de la rivière Arkansas. Depuis leur départ, les Espagnols ont perdu 250 hommes et 150 chevaux.
Après un hiver rigoureux, l’expédition lève le camp le 6 mars 1542. Leur fidèle guide Juan Ortiz est mort durant l’hiver, et il leur est de plus en plus difficile de trouver leur route, d’obtenir de la nourriture et de communiquer avec les indigènes. L’expédition va jusqu’à la rivière Caddo, où elle se trouve confrontée à la tribu des Tula, dont les Espagnols diront que ses guerriers sont les plus talentueux et les plus dangereux qu’ils aient rencontrés. Les femmes participent avec la même ardeur que les hommes au combat. L’affrontement se produit dans la région de l’actuel Caddo Gap (en Arkansas) (un monument y est d’ailleurs aujourd'hui érigé). Les Espagnols décident alors de s’en retourner vers le Mississippi4.

Le 17 avril, l’expédition arrive sur la rive ouest du Mississippi, dans le village indien de Guachoya (proche de l’actuel McArthur en Arkansas). De Soto est bientôt pris de fièvres. Le 20 mai, il réunit ses capitaines et attribue le commandement à son capitaine général, Luis de Mosoco de Alvarado7. Il meurt le lendemain, 21 mai 15427. Comme de Soto a propagé parmi les indigènes la rumeur voulant que les chrétiens sont immortels (afin d’obtenir leur allégeance sans combat), ses hommes taisent sa mort. Ils enveloppent son corps dans des draps lestés et l’immergent nuitamment au milieu du Mississippi (les Indiens cependant se rendront compte de la ruse).

Pendant trois années, l’expédition a exploré La Florida sans y trouver les trésors escomptés ni même un site hospitalier afin d’y établir une colonie. Elle a perdu la moitié de ses hommes, la plupart de ses chevaux (qui apportaient aux Espagnols un grand avantage militaire), les survivants ne sont plus vêtus que de peaux de bêtes, beaucoup sont blessés et leur santé est atteinte. Donc, d’un large consensus, il est décidé de mettre un terme à l’expédition et de trouver un chemin qui les ramènera chez eux, soit en descendant le Mississippi, soit par voie de terre à travers le Texas jusqu’en Nouvelle-Espagne.
N’ayant avec eux aucun marin ni instrument de navigation, les Espagnols choisissent la voie de terre vers le sud-ouest. Egarés par les guides indiens qui les trahissent, ils errent au milieu d’une contrée aride, faisant partie de l’actuel Texas. Les indigènes y vivent dispersés, en quête de nourriture, ce qui cause un sérieux problème à l’expédition, car il n’y a aucun village à piller, aucune nourriture suffisante et leur troupe est trop importante pour vivre des maigres ressources du lieu. Arrivés au Rio Brazos, Luis de Moscoso décide de rebrousser chemin jusqu’au Mississippi et d’en descendre le cours. Les Espagnols y parviennent à la fin octobre 1542, profitant de leur hivernation sur ses rives pour construire des embarcations.
Ils utilisent tout le fer qu’ils possèdent, y compris les mors des chevaux et les chaînes de leurs esclaves, pour fabriquer les clous nécessaires à la construction des bateaux. L’hiver passe, puis le printemps, mais en juillet ils sont prêts à descendre le Mississippi jusqu’à la côte. Le périple va leur prendre deux semaines, la descente sur le fleuve étant émaillée de multiples affrontements avec les Indiens hostiles très habiles pour barrer la route des navires avec leur canoë et les assaillir de flèches. Les Espagnols n’ont alors plus aucune arme offensive efficace depuis leurs bateaux, leurs arbalètes ne fonctionnent plus depuis déjà longtemps, ils ne peuvent compter que sur la protection de leurs armures et de leur matelas pour arrêter les traits des Indiens.

Parvenus à l’embouchure du Mississippi, les bateaux voguent près des côtes du Golfe du Mexique, dirigés vers le sud et vers l’ouest. Après 50 jours de navigation, ils atteignent enfin le fleuve Río Pánuco puis la ville espagnole de Pánuco. Après un mois de repos, ils reprennent le chemin vers Mexico. A leur arrivée à Mexico, le vice-roi don Antonio de Mendoza offre de conduire une nouvelle expédition en La Florida, mais peu se portent alors volontaires.
Des 700 expéditionnaires partis avec de Soto, seuls un peu plus de 300 survécurent qui, la plupart, resteront dans le Nouveau Monde, s’installant au Mexique, au Pérou, à Cuba et dans d’autres colonies espagnoles.

Le périple du conquistador de Soto en Floride est un total fiasco. Les Espagnols ne rapportent ni or ni richesses et ils ne fondent aucune colonie. Mais l’expédition laisse sa marque sur les lieux de son passage. Quelques chevaux qui se sont échappés ou qui ont été volés contribuent à l’établissement des premières populations de mustangs dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Et les porcs qu’elle y a amené prolifèrent au sud. Les exactions de De Soto et de sa troupe ont définitivement dressé les populations amérindiennes contre les nouveaux arrivant européens. Sur le plan géopolitique, les conséquences aussi sont importantes : l’expédition amène la Couronne d’Espagne à reconsidérer son attitude vis-à-vis de ses colonies au nord du Mexique. Elle revendique dès lors de larges territoires d’Amérique du Nord pour les Espagnols, créant des missions principalement en Floride et sur la côte du Pacifique. D’autre part, les notes de l’expédition contribuent pour beaucoup à l’amélioration de la connaissance géographique, biologique et ethnique de la région par les Européens. Leurs descriptions des Indigènes d’Amérique du Nord sont les premières et uniques sources de connaissance des nations précolombiennes, comme celles des Creeks, des Séminoles, des Cherokees, des Appalaches, des Choctaws et beaucoup d’autres. Mais le prix payé par les populations amérindiennes est très lourd.

1539 Expédition du golfe de Californie par Francisco de Ulloa.

Périple de Francisco de Ulloa.

L’expédition est commanditée par Cortés. Elle a pour but de découvrir le mythique détroit d'Anian qui est censé mener au Golfe du Saint-Laurent , ce qui prouverait l'existence du Passage du Nord-Ouest . Le 8 juillet 1539, Ulloa quitte Acapulco avec trois navires, le Saint-Thomas , la Sainte-Agathe et la Trinidad, en direction du nord. Six semaines plus tard, il atteint le golfe de Californie qu’il nomme mer de Cortés en l’honneur de son patron. Il perd le Saint-Thomas dans une tempête avec tout son équipage, doit faire une pause pour réparer les deux autres navires puis repart jusqu’au fond du golfe qu’il atteint fin septembre, au niveau du “delta du Colorado” (en fait un estuaire). Il doit ensuite repartir en direction du sud en longeant la péninsule de Basse-Californie. Après le cap San Luca, les deux navires remontent la côte du Pacifique vers le nord. Parvenue en haute mer, l’expédition doit affronter les vents violents et les courants de Californie. Parvenu à l’île des Cèdres, Ulloa renvoie la Sainte-Agathe en Nouvelle-Espagne afin d’informer Cortès de ses découvertes. Il poursuit avec la Trinité son exploration en direction du nord. On n’entendra plus jamais parler de Francisco de Ulloa et de ses compagnons. Il est probable que leur navire a fait naufrage durant une tempête ou un tsunami, mais cette fin énigmatique a valu à la Trinité le surnom de Lost Ship of the Desert. Mais cette version mystérieuse est contestée. Selon Bernal Diaz del Castillo, chroniqueur de la conquête espagnole du Mexique, Ulloa serait à retourné à Manzanillo et il aurait été poignardé par un de ces marins après son retour en 1540. Dans des documents juridiques en Espagne, Cortez se réfère à lui comme s'il était toujours en vie en 1543. Cependant, cela concorde mal avec la déclaration qu’aurait laissé le pilote de la Trinité, Paul Salvador Hernandez. Celui-ci serait retourné à Acapulco après plusieurs mois de navigation dans petit bateau sans voile (une nacelle). Hernandez a déclaré sous serment que la Trinité a dû être abandonnée en août 1540 et que la plupart des membres de l’équipage sont morts par la suite. Des découvertes archéologiques en 1957 à 60 miles au nord de San Diego (2000 pièces espagnoles dans un sac de cuir, six squelettes d’origine européenne ayant environ 400 ans d’existence) ont relancé les spéculations sur la fin de l’expédition d’Ulloa.

1539 Expédition du prêtre franciscain Marcos de Niza, guidé par Esteban, ancien esclave de Cabeza de Vaca, en Arizona et au Nouveau-Mexique.

Esteban était un esclave noir africain, un des premiers à fouler le sol nord-américain. Il a été l’un des quatres survivants de l’expédition de Narvaez à franchir l’Amérique d’est en ouest. A leur arrivée en Nouvelle-Espagne, certains des rescapés de l’expédition Narvaez, confièrent qu’ils avaient entendu des récits d’autochtones où l’ont parlait de cités couvertes d’or. Les Espagnols crurent qu’il s’agissait des 7 fameuses cités de Cibola, tirées d’une vieille légende européenne du XIIe siècle mais qui connaissait une nouvelle jeunesse en Amérique, dans le contexte de la soif de l’or. Pour découvrir les cités mythiques, le vice-roi Antonio de Mendoza organisa alors une expédition dont il confia le commandement au moine franciscain Marco de Niza. L’esclave Esteban qui avait été vendu au vice-Roi par Cabeza de Vaca, devait accompagner l’expédition . Après que l’expédition ait atteinte le nord du Mexique, Marcos de Niza envoie Esteban en reconnaissance à la tête d’Indiens mexicains. Celui-ci à son retour affirme avoir entendu les indigènes parler de riches cités. Marcos de Niza décide de rentrer à Mexico mais Esteban choisit de poursuivre seul son enquête. Il finit par arriver en territoire Zuni (dans une région situé dans l’actuel Nouveau Mexique) et découvre ce qu’il prend pour une des Sept cités de Cibola (l’actuel Zuñi, en fait un gros bourg au sommet d’un éperon rocheux). Esteban sera tué pour des raisons obscures par les Indiens Zuni dans leur pueblo. Marco de Niza, de retour à Mexico, raconte qu’il a vu lui-même une cité couverte d’or et d’argenterie et dont les maisons indigènes étaient décorées par des émeraudes, des perles et des turquoises. Il va déclencher une nouvelle fièvre de conquête.


1540 : Départ de l’expédition de Francisco Vasquez de Coronado à la recherche des Sept Cités mythiques de Cibola que prétendait avoir aperçues le père Marcos.

Périple de l'expédition de Vasquez de Coronado.

Francisco Vásquez de Coronado remonte le Río Grande. Il explore l'Arizona et le Nouveau-Mexique (fin en 1542). A partir de Zuñi, Coronado envoie des détachements pour prospecter la région. Certain atteignent le Kansas. L’un d’eux, commandé par Lopez de Gardenas, découvre le Grand Canyon du Colorado. Coronado repart en 1542.

Francisco Vásquez de Coronado (né à Salamanque en 1510 - décédé à Mexico le 22 septembre 1554) né au sein d’une famille d’hidalgos, débarque, à l’âge de 25 ans en 1535 en Nouvelle Espagne, avec le Vice-roi Mendoza.Trois ans après son arrivée il est nommé gouverneur de Nouvelle Galice(actuellement Sinaloa et Nayarit au Mexique) en 1538. Coronado se distingue par sa capacité à apaiser et à pacifier les indigènes comme à Culiacan où il parvient à étouffer une révolte indigène.. . Il étouffe une révolte indigène à Culiacán et évite de cette manière le retrait des troupes espagnoles de la région. Il est envoyé en voyage vers le nord, au Nouveau-Mexique où il rencontre Marcos de Niza qui lui a parlé des fabuleuses richesses d'une cité appelée Cibola, les fabuleuses « sept cités de Cibola et Quivira », situées au nord du Nouveau Mexique qui, selon la légende, possédaient d’immenses richesses, Ceci aiguise l'intérêt de Coronado qui décide de se lancer à la recherche de cette cité d'or. Il part en 1540, accompagné par une troupe composée de 340 Espagnols, 300 alliés indigènes et un millier d'esclaves indiens et africains. Son expédition est nettement mieux organisée. Coronado a bien planifié son expédition. Il a réparti ses forces en petits groupes afin d’économiser les ressources en eau et fourrages le long du chemin de progression, en échelonnant les départs des soldats à intervalles réguliers.

Coronado marche vers le nord. Peinture de Frédéric Remington.

Suivant la côte de la mer de Cortés, il progresse vers le nord et le Sonora, traverse la Gila et arrive à Cibola, à l'ouest de ce qui est aujourd'hui l'état du Nouveau-Mexique. Cependant, la déception a été de taille : bien loin de la cité d'or prospère décrite par Marcos, Cibola n'était en fait qu'un village d'Indiens Zuñi. Coronado est celui qui donne le nom de Pueblos aux Indiens Zuni et Hopis qu’ils rencontrent. Son chroniqueur, Pedro de Castaneda, recense 71 villages et 20 000 Indiens pueblos. Malgré la résistance des Zuni qui refusent de se rendre, Coronado conquiert Cibola assez facilement et avec peu de pertes. La prise de Cibola met fin à la résistance des autres pueblos Zuni. Coronado explore six autres villages zuni et force est de constater que les 7 cités d’or n’existent pas.

1541 - Garcia Lopez de Cardenas découvre les gorges du Colorado.
Coronado lance de nombreuses autres expéditions, préférant à chaque fois envoyer un de ses capitaines avec un petit parti de soldats, afin d’économiser ses troupes, alors qu’au même moment, à l’autre extrêmité du continent, Hernando de Soto sillonne le pays en tous sens en décimant à chaque fois un peu plus son armée. Coronado envoie Melchior Diaz avec 80 hommes vers le Colorado et la côte à la rencontre de Hernando de Alarcón chargé d'apporter des provisions à Coronado par voie de mer avec 3 navires remontant le golfe de Californie. Diaz atteint le Colorado, un fleuve impétueux au franchissement difficile. Pour atteindre son autre rive, les Espagnols font appel aux autochtones afin de construire des radeaux. Ceux-ci se portent facilement volontaires, un peu trop même ce qui suscite la méfiance de Diaz. Il découvre qu’en fait les Indiens ont prévu de les attaquer au moment où sa troupe serait la plus vulnérable durant la traversée du fleuve. Se sachant découverts, les Indiens attaquent les Espagnols qui les attendent de pied ferme et massacrent leurs assaillants. Il ne reste plus à Diaz qu’à faire traverser le fleuve à ses soldats. Diaz découvre par la suite que les navires sont partis après l’avoir attendu plusieurs jours.

Dans le même temps Juan Gallego a été renvoyé à Mexico pour informer le vice-roi de l'état d'avancement de l'expédition. Coronado se débarrasse de Frère Marcos de Niza en le renvoyant avec Gallego à Mexico. Il s’agit aussi de protéger le franciscain de la colère des soldats espagnols ulcérés d’avoir été trompés et qui viennent de découvrir qu’ils ont souffert pour un gain dérisoire.
Pedro de Tovar est envoyé par Coronado au nord et entend parler d'une grande rivière un peu plus à l'ouest du fleuve Colorado. Lui-même subdivise ses forces : Garcia Lopez de Cardenas, envoyé à la recherche de ce cours d'eau, est le premier Européen à voir le Grand Canyon. Hernando de Alvarado est envoyé vers l'est et trouve des villages autour du Río Grande. Francisco Vázquez de Coronado s’installe dans cette région durant les hivers de 1540 et 1541, car il ne renonce pas à l’idée de découvrir les sept cités d’or. Chaque groupe de villages est systématiquement exploré par les Espagnols dès qu’ils en entendent parler. Un partie d’Indiens venue d’une région appelée Cicuyé, se montrent plus accueillant en envoyant une délégation à Francisco de Coronado. Hernando de Alvarado est envoyé avec une petite vingtaine d’hommes pour raccompagner la délégation jusqu’à Cicuyé. Les Espagnols découvrent un peuple qui a fait du bison un des éléments essentiels de son mode de vie bien que les habitants de Cicuyé sont avant tout des agriculteurs. Les bourgades traversées sont situées sur des mesas et protégés par les flancs abrupts qui l’entourent. Ils disposent de citernes permettant de collecter et de stocker l’eau. Alvarado traverse Acoma, une bourgade qui est aujourd’hui toujours habitée, ce qui en fait la plus ancienne communauté peuplée sans interruption aux Etats-Unis.


Coronado s'installe dans l'un de ses villages pour passer l'hiver, faisant évacuer la population autochtone (à Tiguex ou Tigua, aujourd'hui Bernalillo au Nouveau-Mexique). Pendant leur séjour, les membres de l'expédition s’emparent par la force des villages alentours. Alors qu’ils avaient été à l’origine plutôt bien accueillis dans ces villages, l’attitude des conquistadors leir vaut une résistance de plus en plus acharnée de la part des Indiens. A Arenal, après un violent affrontement, l’un de ses capitaines, Cardenas ordonne que 100 Indiens soient brûlés vifs. Trente subissent ce sort, mais les autres se lancent dans une résistance désespérée ce ce qui accroit les pertes des conquistadors et des autochtones. L’hivernage dès lors se déroule en combats, sièges et destructions de villages jusqu’à ce que, habilement, les Tiguas parlent à Coronado de Qivira afin d’éloigner les colonnes infernales espagnoles. Pour renforcer la légende de Qivira, les Indiens libèrent un de leur prisonnier Pawnee originaire des Plaines, que Coronado va surnommer le Turc, et qui va conduire les Espagnols vers ce nouvel el dorado. Le Turc emmène l’expédion de Coronado encore plus au nord, entre les Rocheuses et le Mississippi, jusque dans les régions actuelles du Kansas, sur les terres des Indiens wichitas et des vastes troupeaux de bisons. Sans doute le Turc espérait-il ainsi se rapprocher de son peuple et retrouver au plus vite sa liberté mais lorsque Coronado se rend compte que que son guide tente de les tromper, il le fait exécuter. Les Espagnols finissent par atteindre Quivira habités par les Indiens du même nom (un village près de l’actuel Lindsborg au Kansas), il ne peu que constater la misère des villages composés de huttes aux toits de chaume, et l’absence d’or dans la région. Coronado prend le chemin du retour vers Tiguas où cantonne l’essentiel de ses forces et où il passe un nouvel hiver.

En 1542, il retourne au Mexique par là où il était venu, mais avec seulement 100 hommes. Au printemps de l’année 1542, il fait son entrée à Mexico où le Vice-roi Mendoza l’accueille avec froideur et lui intente un procès pour avoir abandonné l’expédition dont il avait la charge. Coronado est acquitté mais Cardeñas se voit reprocher son attitude cruelle à l’égard des Indiens. Il se voit infliger une amende après sept années de détention préventive. Coronado, malgré l’échec de l’expédition conserve son titre de gouverneur de Nouvelle Galice jusqu'en 1544, année où il est écarté de cette charge puis il se retire à Mexico où il meurt dans l’anonymat en 1554.

1541-1542 : troisième voyage de Jacques Cartier
Cliquer sur ce lien - Jacques Cartier au Canada.

1542 - 27 juin-28 septembre : Parti d'Acapulco, l'explorateur portugais João Rodrigues Cabrilho explore la côte de Californie pour le compte de la couronne d’Espagne. Il atteint l'actuelle Baie de San Diego le 28 septembre, qu'il nomme San Miguel.

Portrait de Cabrilho.

Cabrilho est un ancien conquistador de l’expédition de Cortès au Mexique. Il s’est enrichi par la suite en exploitant les mines d’or du Guatemala. A la suite de l’expédition d’Ulloa, qui s’était perdue en 1540, Cabrilho quitte Navidad en Nouvel Espagne le 27 juin 1542 avec 3 navires, le San Salvador, la Victoria et le San Miguel. Il atteint l’île de Cedros le 1er août 1542 puis il s’engage plus au nord dans les eaux sans doute inexplorées jusque-là par les navires européens. Le 28 septembre, il atteint la baie de San Diego puis le 7 octobre, il pose le pied sur l’île Santa Catalina dont il prend possession pour l’Espagne ( en l’appelant San Salvador). Il y rencontre de nombreux Indiens qui se montrent accueillants. En novembre, l’expédition dépasse la Punto de Los Reyes (Point Reyes) au nord de la baie de San Francisco pour atteindre l’embouchure de Russian River (actuel comté de Sonoma). Les tempêtes d’automne contraignent la flottille à rebrousser chemin. Le 16 novembre, Cabrilho explore la baie de Monterey (au sud de la baie de San Francisco). Le 23 novembre, les navires espagnols sont à Santa Catalina pour passer l’hiver et faire des réparations. Fin décembre, à la suite d’une chute sur un rocher, Cabrilho se blesse gravement au tibia et contracte une gangrène. Il meurt le 3 janvier 1543. Cet accident entraîne la fin de l’expédition qui regagne Navidad le 14 avril 1543.

Monument de Cabrilho à San Diego

1549 : naufrage d’un navire espagnol sur les côtes de Floride. Hernando de Escalante Fontaneda devient captif des Indiens Calusas pendant 17 ans.
Vers 1549, Hernando de Escalante Fontaneda était âgé de treize ans, son frère et lui naviguaient vers l'Espagne quand leur bateau échoua sur les côtes de la Floride. L'équipage et les passagers furent sauvés par Les Calusas, qui les asservirent et par la suite les exécutèrent tous à l'exception de Hernando ; le jeune garçon aurait échappé à la mort en interprétant correctement leurs ordres de chanter et danser pour eux. Il passa les dix-sept années suivantes à vivre parmi les Calusas dans différentes tribus, apprenant plusieurs langues et voyageant intensivement au travers de la Floride. Les Calusas vivaient au sud de la Floride, sur la côte occidentale sous l’autorité d’un chef dans une société dominée par des nobles. Vers 1566, Fontaneda fut sauvé de sa captivité par Pedro Menéndez de Avilés, le premier gouverneur de la Floride espagnole et fondateur du comptoir de Saint Augustine. Il servi d'interprète et de guide à Menéndez pour un certain nombre de missions pendant plusieurs années, puis en 1569, il partit en Espagne pour reprendre la propriété de ses parents à la couronne.
En 1575, il écrit ses mémoire, qui se prouvèrent un objet de valeur pour les historiens d'alors tels qu'Antonio de Herrera y Tordesillas, et le demeure encore aujourd'hui. Fontaneda fournit la plus ancienne mention écrite de la ville de Tampa. Il nomme 22 villages importants des Calusas, le premier étant "Tanpa" qu’il ne situe pas précisément.


1559 - Août : Expédition de Tristán de Luna y Arellano en Floride.

Monument de Tristán de Luna y Arellano – Plaza De La Luna, Pensacola (Floride).

Né à Borobia en Espagne en 1519, présent dans le Nouveau Monde vers 1530, il participe à l’expédition de Francisco de Coronado pour découvrir les « 7 Cités de Cibola » comme capitaine de cavalerie. Après l’échec de cette expédition, on le retrouve au Mexique ou il est chargé, en 1548, de réprimer un soulèvement indigène à Oaxaca. C’est donc en homme bardé d’expérience que Tristan de Luna reçoit en 1557, de la part du Vice-Roi du Mexique, Luis de Velasco, le titre de gouverneur de Floride. Il a pour mission d’établir une colonie de peuplement sur la côte atlantique de l’actuelle Géorgie. Mais il va joindre la malchance à l’incompétence. Parti de Vera Cruz le 11 juin 1559, à la tête de 13 navires emmenant 1500 soldats et colons, De Luna est atteint la baie de Pensacola le mois suivant. Négligeant le site qu’un voyage préalable avait défini comme le meilleur lieu pour établir une colonie, les Espagnols débarquent dans une région inhabitée peu favorable à la survie d’une pareille expédition. Le 19 septembre 1559, un ouragan détruit une grande partie de sa flotte avec sa cargaison en faisant de nombreux tués. Pressée par la famine, la colonie s’établit dans la seule localité indienne de la région, Nanipacana, que les Espagnols rebaptisent en Santa Cruz. Ils participent aux guerres locales aux côtés des Indiens de Nanipacana mais la situation ne s’arrange pas pour la colonie. Après un premier ravitaillement en novembre envoyé par le Vice-Roi, la situation se dégrade au printemps faute de nouveau ravitaillement. Tristan de Luna, atteint par la fièvre, voit une partie de ses hommes se révolter et déserter. Finalement, les Espagnols choisissent de mettre fin à leur tentative. Tristan de Luna se réembarque pour le Mexique où il meure en 1571. Il laissen derrière lui une cinquantaine d’hommes dirigé par un capitaine, Biedma, qui évacue la colonie quelques mois plus tard.


1562 - 1er mai : Les huguenots français Jean Ribault et René de Goulaine de Laudonnière établissent une colonie au nord de la Floride.

Fort Caroline a été la première colonie française sur l'actuel territoire des États-Unis. Fondée, en 1564, par René de Goulaine de Laudonnière en lien avec l'expédition de Jean Ribault mandatée par Gaspard II de Coligny, sur le fleuve Saint John à l'emplacement de l'actuelle cité de Jacksonville en Floride. La colonie ne vécut qu'une année avant d'être détruite par les Espagnols. Depuis les années 1950, un Mémorial national y a été établi, comprenant une reproduction à échelle réduite du fort et un petit musée pour les visiteurs. Le site est géré en association avec le Timucuan Ecological and Historic Preserve. Comme pour tous les lieux historiques administrés par le National Park Service, le mémorial est inscrit au National Register of Historic Places, depuis le 15 octobre 1966.

Fort Caroline

En 1562, l’amiral Gaspard de Coligny, chef des Protestants français, à choisi le capitaine huguenot, Jean Ribault, pour établir une colonie en Floride avec 150 de ses coreligionnaires. Parti avec René de Goulaine de Laudonnière et l’illustrateur Le Moyne de Morgues, Ribaud débarque donc à son tour au « pays des fleurs » et en prend possession au nom de la France. Ceux-ci se sont établis sur Parris Island, près de l’actuellle ville de Jacksonville, où ils construisent une fortification qu'ils baptisent Charlesfort en l’honneur de Charles IX, Ribault y laisse une petite garnison d’une trentaine d’hommes, puis retourne en France pour y chercher de nouveaux colons et des provisions. Débarquant à Dieppe en pleine guerre civile, il doit s’exiler en Angleterre où il est arrêté par les Britanniques tandis que périclite l’établissement huguenot de Floride. Pendant la longue absence de Ribault, la colonie, qui se contente de vivre en rançonnant les indigènes, tombe à court de vivres. Les renforts tardant, des dissensions éclatent. Le commandant de Charlesfort est tué au cours d’une mutinerie. Finalement, les colons quittent la Floride à bord d’une embarcation de fortune. Ils en sont réduits à manger un de leurs compagnons, Lachère, désigné par le sort. Les survivants sont recueillis par un vaisseau anglais. Les Espagnols qui se considèrent comme les souverains légitimes du pays, réagissent aussitôt mais lorsqu’ils arrivent, ils ne trouvent plus personnes.

1564 - 24 avril : Deuxième expédition française en Floride sous la conduite de René de Goulaine de Laudonnière (fin en 1565).
22 juin : Fondation de Fort Caroline.

Deux ans plus tard, Coligny lance une nouvelle expédition, menée par René de Goulaine de Laudonnière, qui était le second de Ribault en 1562. Elle établit une nouvelle colonie à l'embouchure de la St. Johns River. Les colons, des huguenots pour la plupart baptisent ce lieu « La Caroline », en l’honneur du roi Charles IX. Les indiens Timucua dirigés par le chef Saturiba aident les Français à y construire un fort triangulaire, le Fort Caroline. Cependant, les rapports avec les indigènes deviennent tendus car Laudonnière qui avait promis d’assister Saturiba, refuse de le soutenir contre son rival Outina. Pire, les Français soutiennent ce dernier contre un autre chef indien, Potanou, s’égarant dans les querelles qui divisent les tribus. Finalement, les Français s’aliènent toutes les tribus et finissent même par capturer Outina. La pression indienne est sur le point de submerger le fort mais l’intervention de John Hawkins lui accorde un répit en même temps que des provisions vite épuisées.

Pedro Menéndez de Avilés. - Portrait par Francisco de Paula Martí (1791).

1565 - 28 août : Fondation de la colonie de St. Augustine en Floride, première colonie espagnole au nord du Mexique. Menendez de Avilès entreprend la destruction des colonies françaises et établit une chaîne de postes et de missions pour renforcer la présence espagnole.
- 20 septembre : Les Espagnols massacrent les colons Huguenots français à Port-Royal, en Floride.
Les fièvres et le manque de nourriture dépriment les colons français qui sont prêt sont prêts à abandonner le fort, lorsqu'en août, 1565, des renforts conduits par Jean Ribault arrivent de France. Parti de Dieppe le 22 mai 1565, à la tête de 7 navires et de 600 colons, il arrive devant fort Caroline le 14 août 1565.
Pedro Menéndez de Avilés arrive d'Espagne une semaine après Ribault, muni de l'ordre de Philippe II de chasser tout intrus de Floride. Sa flotte aperçoit les navires français et les engage, mais est contrainte à battre en retraite plus au sud, où ils établissent un camp qui deviendra Saint Augustine. Ribault se lance à la poursuite des Espagnols avec quelques uns de ses navires et la plupart de ses troupes, mais ils sont surpris en mer par une violente tempête qui dure plusieurs jours et détruit la flotte française. Les survivants sont massacrés par les Espagnols « non comme Français, mais comme Luthériens », Ribault le premier.
Menéndez, lui, choisit d'attaquer Fort Caroline par voie terrestre. Il conduit ses troupes et attaque le fort qui n'est plus défendu que par 200 à 250 colons. Le fort capitule. La garnison est exécutée dans sa totalité sur sur ordre de Pedro Menéndez de Avilés. Les seuls survivants sont 50 femmes et enfants qui sont faits prisonniers et promis à l’esclavage. Seuls quelques colons, dont Laudronnière parviennent à s’enfuir dans les bois et à retourner en France. Rentré en France probablement en décembre 1565 par Bristol et Londres, Laudonnière s'installe à La Rochelle comme négociant. Il échappe à la Saint-Barthélemy et meurt à Saint-Germain-en-Laye en 1574. Ses mémoires, L'Histoire notable de la Floride, contenant les trois voyages faits en icelles par des capitaines et pilotes français, sont publiés en 1586.

1567 - Le Landais Dominique de Gourgues conduit en Floride une expédition punitive contre les Espagnols (fin en 1568) et massacre la garnison de San Augustin.

Dominique de Gourgues est un noble languedocien qui a combattu pour le roi de France. Prisonnier des Espagnols, il s’est retrouvé aux galères puis fut vendu sans doute aux Turcs. Libéré par les Maltais, devenu corsaire, il mène des expéditions en Afrique et en Amérique du Sud. Il est révulsé par l’attitude de la monarchie française qui reste sans réaction face aux massacres commis par les Espagnols sur les huguenots de Ribault. Dominique de Gourgues dont on ne sait pas s’il est lui-même huguenot, décide de passer à l’action, vend ses biens et emprunte de l’argent. Il arme à ses frais trois petits bâtiments et embarque 180 hommes, en majorité huguenots (2 août). Le 2 août 1567, il appareille vers l'Afrique, où il pense bon de capturer des esclaves pour lui prêter main forte, et arrivé à hauteur du Cap Vert, il traverse jusqu'à Cuba.
Il arrive en Floride à l'embouchure de la rivière May, ou il se présenta sous pavillon espagnol et débarqua à l'aide de cette ruse sans être reconnu. Il tombe sur les Indiens du chef Saturiba qui, ayant eu à subir les exactions des espagnols, leur interdisent l’accès à la terre ferme. Gourgues parvient à conclure un accord, grâce notamment à Pierre de Brie, rescapé de la tuerie de La Caroline de 1565. Les Espagnols disposant de trois forts, Français et Indiens décident de s’attaquer aux deux plus faibles, commandant la St. John’s River. Ils les prennent par surprise et en massacrent les garnisons. Ils s’avancent discrètement vers le troisième, l’ancienne citadelle de La Caroline rebaptisée San Mateo. La garnison (300 hommes) est en train de dîner. Surprise, elle est massacrée et les prisonniers sont pendus. Sur eux, un écriteau signifiant que le vengeur les avait pendus « non comme des Espagnols,mais comme des marauds, voleurs et des meurtriers ». Gourgues, après avoir rasé toute traces d’implantation espagnole en Floride, rentre en France (3 mai 1568) qu’il atteint le 12 juin. Fêté à La Rochelle et à Bordeaux, il sera boudé par le roi, sous l’influence des Guise, et devra se cacher dans Paris jusqu’en 1573. Après cela, et après avoir reçu une proposition de commandement de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, qu'il refusa par pur patriotisme, il fut relevé de disgrâce et reçut le commandement de 300 hommes.

1568 Pedro Menéndez de Avilés gouverneur de Cuba. Il renforce la colonie de San Augustin en faisant venir des milliers de colons, en fondant des ports et des missions.
Menéndez épouse la sœur du chef des farouches Indiens Calusas qui devient Doña Antonia après son baptême et son mariage. Mais l’alliance ne tient pas longtemps et les hostilités éclatent rapidement entre les Calusas et les Espagnols. Ceux-ci tuent Carlos et son successeur Felipe. En 1569, le fort et la mission sont abandonnés sous la pression des Indiens Calusas.

Fin provisoire


















jeudi 24 février 2011

Histoire de Notre Dame de Paris

Histoire chronologique de Notre-Dame de Paris

1137 - 1180 :
règne de Louis VII le Jeune.

Paris, dans un contexte de forte expansion démographique et de dynamisme économique, affirme l’importance de son rôle dans le royaume de France comme :
- centre économique avec le développement sur la rive droite de la Seine d’une ville d’artisans et de marchands autour du marché des halles ;
- un haut-lieu de formation intellectuelle : rayonnement international de l’école-cathédrale.
- capitale politique des rois capétiens notamment avec Philippe 1er (1060-1108), Louis VI le Gros (1108-1137) et Louis VII le Jeune (1137-1180) ; ce dernier, contemporain de la pose de la première pierre, est le roi qui a divorcé d’avec Aliénor d’Aquitaine, devenue la femme d’Henri II Plantagenêt. Sa croisade avait été un retentissant échec. Il est le père de Philippe-Auguste.


1160
- Maurice de Sully devient évêque de Paris et succéde à Pierre Lombard

Le 12 octobre 1160, Maurice de Sully est élu évêque de Paris. Maurice de Sully est évêque de Paris de 1160 à 1196. Dès son élection, il propose une réponse pastorale, théologique et spirituelle à la profonde transformation de son diocèse par la reconstruction d’une église-cathédrale dédiée à la Vierge Marie (Notre-Dame) et regroupant les fonctions d’église de l’évêque, d’église des chanoines et de baptistère.
Ce projet est au centre d’un gigantesque chantier urbain qui comprend:
- la démolition de l’ancienne Saint-Etienne et l'édification de Notre-Dame ;
- l'aménagement d’un parvis voulu comme un espace intermédiaire entre le monde profane et le monde de la foi et un lieu de catéchèse par l’enseignement sculpté aux portails ;
- le percement de la rue Neuve-Notre-Dame : ample voie de 6 mètres de large permettant un accès facile à la cathédrale pour une population nombreuse ; elle servira de cadre aux cours des siècles aux grandes processions ;
- la reconstruction du palais épiscopal et de l’Hôtel-Dieu.


1163
- Pose de la première pierre de Notre Dame par Louis VII et le pape Alexandre III

1163 est la date traditionnellement retenue pour la pose de la première pierre de Notre-Dame en présence du Pape Alexandre III. Le nouvel édifice s’inscrit dans l’élan du nouvel art que l’on appellera gothique (ou art ogival). Des chantiers l’ont déjà précédé dans cette mouvance :
- en 1140 avec la consécration de l’abbaye de Saint-Denis édifiée par l’abbé Suger ;
- en 1150 : Noyon ;
- en 1153 : Senlis ;
- en 1160 : Laon, Sens. Le premier maître d’œuvre anonyme prend le parti d’un plan à double bas-côté et sans transept saillant (choix qui était celui de la précédente cathédrale Saint-Etienne), élévation à quatre étages étayés par des tribunes, grandes voûtes sexpartites à 32 mètres 50, prédominance de la ligne horizontale, solution originale pour le voûtement de la partie tournante du déambulatoire, alternance de piles « fortes » et de piles « faibles » entre le premier et le deuxième bas-côté.



Plan de la cathédrale montrant les différentes phases de la construction. (source : cliquez ici).


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1163-1182 :
construction du choeur et de son double déambulatoire. 1165 - La naissance de Philippe Auguste, en 1165, est accueillie comme un miracle par la famille royale.

En effet, Louis VII attend depuis près de trente ans un héritier et c'est sa troisième épouse, Adèle de Champagne, qui lui donne tardivement ce fils tant espéré. Une attente qui vaut au futur Philippe II le surnom de Dieudonné.


1177 -
Fin de la construction du chœur

1179 -
Comme tous les premiers rois capétiens depuis Hugues Capet, Philippe est associé au trône par son père dès l'âge de quinze ans, en 1179.

La cérémonie du sacre est d'ailleurs retardée : victime d'un accident de chasse, la vie du jeune prince est en danger. L'état de santé du prince est suffisamment grave pour que Louis VII se déplace en Angleterre, malgré sa santé déclinante, et aille se recueillir sur la tombe de Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry mort en 1170 et devenu un saint thaumaturge.


1180 –
Début du règne de Philippe-Auguste. (Philippe Auguste est le premier roi qui a fait porter sur ses actes, à partir de 1190, Rex franciæ, roi de France, au lieu de Rex Francorum, roi des Francs)

Philippe Auguste est finalement sacré à Reims, par son oncle Guillaume aux Blanches Mains, archevêque de Reims, le 1er novembre 1179. Le Jeudi de l'Ascension 29 mai 1180 à Saint-Denis, lors de la consécration de son épouse Isabelle de Hainaut comme reine de France, il reçoit une seconde fois l'onction sainte par Guy Ier de Noyers, successeur de Guillaume aux Blanches Mains à Sens, au grand dam de ce dernier qui accusa d'usurpation son pair. La mort de son père survient le 18 septembre 1180 et laisse Philippe seul roi, à quinze ans. Confronté à l'affaiblissement du pouvoir royal, Philippe Auguste s'avère rapidement à la hauteur du défi. Pour échapper à l’emprise de sa mère et de ses oncles maternels, il se rapproche de Philippe d'Alsace, comte de Flandre, qui lui donne sa nièce Isabelle en mariage. Le 28 avril 1180, l'évêque Roger de Laon bénit les jeunes époux en l'abbaye d'Arrouaise près de Bapaume. Isabelle, fille de Baudouin V de Hainaut lui apporte l'Artois en dot. Puis, le 28 juin 1180, trois mois avant la mort de son père, il signe le traité de Gisors avec Henri II d'Angleterre. Ces deux événements renforcent la position du jeune roi face aux maisons de Flandre et de Champagne. Le règne de Philippe Auguste est une période de vives améliorations pour Paris. Si la cour est encore itinérante, Paris acquiert cependant un statut particulier dont les différents travaux accomplis témoignent : transfert du marché des Champeaux du nord de la ville (près de la léproserie Saint-Lazare) au centre (à l'emplacement des futurs Halles) en 1180 avec construction de bâtiments couverts pour assainir le nouveau marché (1183), pavement des rues de la ville (1186), assainissement (drainage et nivellement) du cimetière des Innocents (1187), construction d'un mur d'enceinte sur la rive droite (1190), reconstitution des archives royales (1194) après leur perte à la bataille de Fréteval contre Richard Coeur de Lion, création de l'université de Paris par charte royale (1200) qui marque l'essor rapide des écoles parisiennes, construction de la Tour Neuve (achevée en 1202) à l'entrée ouest de la ville (le futur Louvre), construction d'une enceinte sur la rive gauche de Paris (1209-1212)
L'expansion de Paris ne se résume pas aux travaux menés par Philippe Auguste. C'est également sous son règne que sont créés l'hospice Sainte-Catherine (1185) et l'hôpital de la Trinité (1202).
Les travaux de Notre-Dame de Paris, entamés en 1163, progressent aussi à bon rythme. En 1182, le chœur est achevé et le maître-autel est consacré le 19 mai. Puis, la façade ouest est décorée, la galerie des rois est achevée dans les années 1220, la grande rose est entamée dans la foulée, tandis que le parvis est agrandi à la même époque. L'essor de Paris est confirmé par les estimations démographiques, qui estiment que la population parisienne passe en quelques années de 25 000 habitants à 50 000 vers 1200, ce qui en fait la plus grande ville d'Europe, hors l'Italie.


1182 -
Consécration du maître-autel de Notre-Dame de Paris devant le cardinal légat du pape

Le maître-autel du chœur est consacré le 19 mai 1182 par Henri de Château-Marçay, légat pontifical assisté de l’évêque Maurice de Sully. (1er maître d’œuvre).


1182-1190 -
Fin de la construction de la nef et du transept.

- construction des trois dernières travées de la nef, des bas-côtés et des tribunes. (2e maître d’œuvre).


1182 -
Expulstion des Juifs du domaine royal et confiscation de leurs biens.

À l'intérieur du domaine, en avril 1182, l'une des premières décisions de Philippe Auguste est l'expulsion des Juifs et la confiscation de leurs biens. Une décision qui tranche avec la protection que son père, Louis VII, avait accordée à la communauté juive. La motivation officielle désigne les juifs comme responsable de calamités diverses, mais l'objectif réel est surtout de renflouer les caisses royales, bien mal en point en ce début de règne. Ces mesures sont populaires, et ne durent pas : l'interdiction du territoire (d'ailleurs difficile à faire respecter) cesse en 1198, et l'attitude conciliatrice qu'avait adoptée Louis VII redevient bientôt la norme.


1187 -
Prise de Jérusalem par Saladin. Grégoire VIII appelle à la croisade.

1190-1191 -
Philippe Auguste en croisade.

1196 -
Mort de l'évêque de Paris Maurice de Sully, nomination de son successeur, Eudes de Sully.

1208 -
Fin de la construction et de la décoration des portails de la façade

Edification des assises de la façade et des deux premières travées de la nef, raccord des deux travées à la façade élevée jusqu’à la galerie des rois. (3e maître d’œuvre).


1223 -
Mort de Philippe-Auguste. Louis VIII roi de France

1225-1250 -
Construction de la partie haute de la façade, et des deux tours.

Agrandissement des fenêtres hautes (suppression des petites rosaces) pour remédier à l'obscurité (vers 1230). Simultanément la toiture des combles des tribunes est remplacée par des terrasses, et de nouveaux arcs-boutants, dotés de chaperons à chéneaux, permettent l'évacuation des eaux de pluie de la partie supérieure de l'édifice. On construit les chapelles latérales de la nef entre les culées des arcs-boutants. La tour sud est achevée en 1240 et l'on abandonne la même année l'idée de doter les tours d'une flèche. En 1250 fin de la construction de la tour nord. À cette date la cathédrale est en fait terminée et totalement opérationnelle. Nous sommes en plein règne de saint Louis. Les phases ultérieures de l'édification concerneront des additions, embellissements, réparations et modifications parfois fort importantes.

1226 -
Mort de Louis VIII. Début du règne de Saint-Louis.

1226 – 1270 -
Règne de Saint-Louis (Louis IX).

1229 -
12 avril: Raymond VII, comte de Toulouse, se rend sur le parvis de Notre-Dame pour jurer devant Blanche de Castille et le jeune Louis IX d'observer le traité qu'il vient de signer et qui consacre sa défaire.

En 1229, le jeudi saint, Raymond VII de Toulouse, en simple chemise fait ainsi amende honorable. A l'occasion des conciles de Montpellier (25 août 1224) et de Bourges (30 novembre 1125), Raymond VII prend l'engagement de se soumettre et de lutter contre les cathares, mais ces promesses n'empêchent pas l'organisation d'une nouvelle « croisade » contre lui. Louis VIII intervient au sud, prend Avignon, reconquiert les trois vicomtés qu’il rattache à la Couronne et transforme en sénéchaussées, soumet le Toulousain, mais meurt au retour, à Montpensier. Blanche de Castille, la régente, envoie Humbert V de Beaujeu pour restaurer l’autorité royale en Languedoc. Après deux ans de guérilla, Raymond se résigne à signer le traité de Paris en 1229, par lequel il cédait les anciennes vicomtés Trencavel au roi de France et accordait Jeanne, sa fille et unique héritière, à Alphonse de Poitiers, frère du roi Louis IX. Cette soumission instaure une véritable dépendance à la Couronne, et le pape crée bientôt l’Inquisition pour lutter contre le catharisme. Des magistrats, envoyés de Paris, fondent une université à Toulouse. Le comte et les consuls de Toulouse réussiront avec le temps à noyauter cette université.

1230 -
Agrandissement des fenêtres de la partie haute de la nef de Notre-Dame de Paris.

1239 -
Saint Louis, pieds nus, dépose à Notre-Dame de Paris la couronne d'épines du Christ en 1239, en attendant l'achèvement de la construction de la Sainte-Chapelle.

1240 -
Fin de la construction de la tour sud - abandon du projet de flèches sur les tours.

1245 -
Eudes, légat du pape, interdit l'accueil des pauvres dans les salles hautes des tours.

1248 -
12 juin: Saint-Louis se rend pied nu à Notre-Dame après avoir pris l'oriflamme de Saint-Denis. Une messe y sera célébré avant le départ pour la septième croisade.

1250 -
Fin de la construction de la tour nord et de la galerie reliant les deux tours

1258 -
L'architecte Jean de Chelles prend la direction des travaux : on lui doit la façade nord du transept.

A cette époque, on s'aperçut que les portails du transept, construits en style roman, contrastaient par la sévérité de leur style avec la grande façade gothique richement ornée au goût du jour. La reconstruction des parties romanes fut alors prestement décidée par l'évêque Renaud de Corbeil (1250-1268). Nous connaissons les noms des maîtres d'œuvre qui se sont succédé durant cette période. Il s'agit de Jean de Chelles, Pierre de Montereau, Pierre de Chelles, Jean Ravy, Jean le Bouteiller et Raymond du Temple. Jean de Chelles procéda à l'allongement du transept, au nord d'abord (vers 1250), puis au sud. On lui doit la façade nord du transept et sa superbe rosace. Suite à son décès en 1265, son travail sur le croisillon sud fut terminé par Pierre de Montreuil à qui l'on doit la façade sud du transept et sa tout aussi belle rosace. Il mourut en 1267. Pierre de Montreuil avait également achevé les chapelles et la porte rouge. De même, il débuta le remplacement des arcs-boutants du chœur.

1265 -
L'architecte Pierre de Montreuil succède à Jean de Chelles : on lui doit le façade sud du transept.

1270 -
15 mai: Saint-Louis parcourt de nouveau pieds nus la distance entre Saint-Denis et Notre-Dame avant de partir en croisade. Il meurt le 25 août devant Tunis.

C'est dans la cathédrale de Paris que quelques mois plus tard le cercueil contenant les restes du roi fut porté par son fils Philippe III le Hardi, et conduit ensuite à Saint-Denis.

1296 -
L' architecte Pierre de Chelles succède à Pierre de Montreuil

Pierre de Chelles construisit le jubé et commença les chapelles du chevet en 1296. A partir du XIVe siècle, le chœur tout entier fut fermé au public tant par une clôture qui le sépara du déambulatoire que par un jubé élevé du côté du transept. Les causes en restent mystérieuses : volonté des chanoines de s’isoler des foules parfois bruyantes de la nef. La cathédrale en effet était un lieu public et un lieu sacré.

1298 -
25 août: le cercueil de Saint-Louis est exposé sur le parvis de Notre-Dame à l'occasion de la canonisation du roi, décrétée par Boniface VIII.

1302 -
Philippe IV le Bel ouvre les premiers États généraux du Royaume de France à Notre-Dame de Paris.

1314 -
18 mars: Jacques de Molay, grand maître de l'Ordre des Templiers est conduit avec trois dignitaires de cet ordre, sur le parvis de Notre-Dame de Paris pour y entendre sa condamnation.

Lecture est faite du décret du pape ordonnant leur déposition puis leur condamnation à la réclusion perpétuelle au nom de Philippe IV le Bel. Jacques de Molay et un autre templier choisissent ce moment pour crier leur innocence de crimes qu'on leur a fait avouer sous la torture. Comme la foule s'émeut, le roi donne l'ordre de les brûler ainsi que trente-sept chevaliers de l'ordre. Ils seront exécutés sur l'îlot aux Juifs, à la pointe ouest de l'île de la Cité (aujourd'hui rattaché à l'île de la Cité depuis la construction du Pont Neuf).

1317 -
Nouvelle assemblée à Notre-Dame réunie par Philippe V le Long, pour se prononcer sur la validité des prétentions à la couronne d’une fille de Louis X le Hutin, prédécesseur de Philippe V. L’Assemblée émit l’avis que les femmes ne succèdent pas au royaume de France.

1318 -
L'architecte Jean Ravy succède à Pierre de Chelles : on lui doit les chapelles au nord du choeur et les arcs-boutants.

Ces dernières furent achevées par Jean Ravy qui fut maître d'œuvre de 1318 à 1344. Jean Ravy débuta la construction des admirables arcs-boutants du chœur d'une portée de 15 mètres. Il commença aussi la confection de la clôture du chœur.

1328 -
Pour célébrer la victoire de Cassel sur les milices flamandes, Philippe VI de Valois rentre en cheval et en armure dans Notre-Dame de Paris.

Une statue équestre de Philippe VI fut édifiée pour commémorer cet évènement. Elle sera présente dans Notre-Dame jusqu'à la Révolution Française (près du pilier sud de la nef). Représentant Philippe VI à cheval et en armure, on finira par la confondre avec une représentation de Philippe IV le Bel (qui lui, avait été défait par les milices flamandes à Courtrai en 1302 ou "bataille des éperons d'or" avant de les battre à Mons-en-Pévèle en 1304).

1344 -
L'architecte Jean le Bouteiller, neveu de Jean Ravy, prend sa suite.

1363 -
L'architecte Raymond du temple prend la direction des travaux.

1372 -
Le petit bourdon, Marie est installé dans la tour nord.

1389 -
Sacre d'Isabeau de Bavière, épouse du roi Charles VI "le fol".

1400 -
Le bourdon Jacqueline, portant le prénom de la femme du donateur Jean de Montaigu, est installé dans la tour sud.


Vers 1415, représentation de Notre-Dame de Paris dans les Très Riches Heures du Duc de Berry, dans la planche consacrée aux Rois mages.

Les Très Riches Heures du duc de Berry est un livre d'heures* que le duc Jean Ier de Berry commanda aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg. L'ouvrage, dont la réalisation débuta en 1411, ne fut achevé que bien après la mort du Duc et des trois peintres, emportés en 1416 par la peste. Le manuscrit est conservé au musée Condé, à Chantilly. La planche consacrée à la venue des Rois Mages montre clairement en arrière-plan les monuments de l'île de la cité à Paris où la flèche de la cathédrale est bien visible, ainsi que celle de la Sainte Chapelle. * Un livre d'heure est un recueil de prières à l’usage des laïques. Les prières varient selon le moment de la journée, de la semaine et de l’année. Il s’ouvre sur un calendrier dont chaque mois occupe une page illustrée par une scène évoquant une occupation humaine caractéristique du mois. Viennent ensuite les prières célébrant les grands événements de la vie du Christ, de la Vierge et les fêtes religieuses.

1422 -
Funérailles de Charles VI le fol.

1430 -
Couronnement d'Henri VI roi d'Angleterre à Notre-Dame de Paris.

Le roi Henri VI d'Angleterre est couronné en 1431, alors qu'il n'a que 9 ans, vers la fin de la Guerre de Cent Ans (1337-1453). Jeanne d’Arc attend alors son procès à Rouen ; Le sacre d’Henri VI a d’ailleurs lieu en présence de Pierre Cauchon. Il ne fut jamais reconnu vraiment roi de France. Charles VII était déjà couronné roi de France depuis 1429 à l'issue de la chevauchée menée par Jacques d'Arc entre Orléans et Reims.

1435 -
Funérailles d'Isabeau de Bavière.

1436 -
Te Deum pour célébrer le départ des Anglais de Paris après la prise de la ville par les troupes du connétable de Richemont.

1447 -
Charles VII célèbre par un Te Deum la reprise de Paris.

Le Te Deum est un hymne chrétien, titre abrégé de l'expression latine Te Deum laudamus (Dieu, nous te louons). En plus de son usage dans l'office divin, le Te Deum est utilisé comme hymne d'action de grâce liturgique dans toutes les circonstances particulières, au choix et jugement de l'ordinaire du lieu. Traditionnellement, on chante le Te Deum à la fin de l'année civile, en remerciement d'une faveur particulière comme l'élection d'un pape, la consécration d'un évêque, la profession d'un religieux, la publication d'un traité de paix, un couronnement, la libération d'une occupation militaire, une victoire militaire. Selon certaines coutumes locales, il était chanté à la fin de chaque baptême.

Vers 1450, Jean Fouquet représente Notre-Dame de Paris dans une des enluminures du Dyptique de Moulin (Livre d'Heures d'Etienne Chevalier), la Descente du Saint-Esprit.
Etienne Chevalier était secrétaire du roi Charles VII, puis conseiller et maître des comptes, contrôleur de la recette générale des finances et enfin trésorier de France (1452). Ce grand commis de l'Etat commanda à Jean Fouquet un livre d'heures ou Diptyque de Melun. Fouquet à cette occasion révolutionna l'art de la miniature en éliminant les ornements caractérisant l'art de la miniature et en offrant un tableau en pleine page. Dans cette image, il représente la descente du Saint-Esprit sur les apôtres en resituant la scène dans un paysage parisien. On voit clairement en arrière-plan l'Ile de la Cité dominée par la masse imposante de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Derrière les deux tours, on distingue nettement la flèche de la cathédrale qui sera abattue en 1786.

1455 -
Début du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc à Notre Dame.

1472 -
Le petit bourdon, Marie, est transféré dans la tour nord.

1523 -
8 août : Jean Vallières, ancien moine augustin de Livry-en-Aulnoy devenu ermite, est brûlé vif devant Notre-Dame (mais tous les auteurs ne sont pas d'accord sur le lieu de l'éxécution).

Jean Vallières est la première victime de la répression contre ceux qui épousent les thèses luthériennes (condamnées dès 1521 par le Parlement de Paris et la Sorbonne). A peu près à la même époque, un autre "hérétique", Jean Guibert, devenu ermite comme Vallères, est condamné par l'officialité de Paris (tribunal de l'évêque) à être mis publiquement un jour de dimanche, près d'un prêcheur, au parvis de Notre-Dame, à écouter le prêcheur dénoncer les dogmes erronés de Guibert, ledit Guibert devant ensuite se rétracter publiquement devant le peuple. Il est aussi condamner à raser sa barbe, à déposer son habit de moine, avant d'exécuter une peine d'emprisonnement de six mois à l'issue de laquelle il sera banni. L'avocat du roi, obtient néanmoins que la peine de bannissement soit rapporté (car elle n'était pas du ressort de l'officialité) et transformé en séjour dans un monastère bénédictin. Guibert se rétracta ce qui lui sauva la vie ... provisoirement. Apparemment aux yeux des autorités ecclésiastiques et politiques, il persévéra dans l'hérésie puisque, trois ans plus tard, il fut à son tour brûlé vif devant Notre-Dame.

1548 -
1er septembre : Jacques Belon, accusé d'avoir outragé (?) la statue de la Vierge Marie qui se trouvait dans Notre-Dame, est condamné par la Chambre ardente* à être conduit de la Conciergerie au parvis de Notre-Dame où il fut brûlé après avoir eu le poing coupé.

* Tribunal d'exception dont le premier fut créé par François Ier en 1535, après l'affaire des Placards. Ce tribunal était chargé de réprimer les actes d'hérésie en seconde instance des tribunaux de l'Inquisition, et les peines prononcées étaient très sévères, le plus souvent la mort par le feu.

1558 -
Mariage du dauphin François II avec Marie Stuart (elle finira sur l’échafaud en 1587).

1572 -
Mariage d'Henri de Navarre, futur Henri IV, avec Marguerite de Valois. Huit jours plus tard éclate la Saint-Barthélemy.

1594 -
Henri IV, accueilli solennellement, après son entrée triomphale à Paris (« Paris vaut bien une messe »).
1594 -
29 décembre: Jean Châtel doit faire amende honorable sur le parvis de Notre-Dame avant de subir son exécution.

Le 27 décembre 1594, le roi était encore botté et éperonné, quand un jeune homme qui s’était mêlé à la foule des seigneurs venus pour le saluer, se précipita sur lui, et le frappa à la bouche d’un coup de couteau. Heureusement Henri IV en ce moment inclinait la tête de sorte que le coup, au lieu de porter à la gorge, avait atteint la mâchoire inférieure. La blessure était sans gravité ; seule une dent fut brisée et la lèvre fendue. L’assassin, Jean Châtel, ancien élève des jésuites au collège de Clermont, fut aussitôt arrêté Après sa tentative d'assassinat contre Henri IV, Jean Chatel est conduit deux jours plus tard, nu en chemise, un cierge à la main, devant l'une des portes principales de Notre-Dame, où il dut faire amende honorable, en répétant les formules qu'on lui lisait. De là il fut conduit à la place de Grève, où il eut le poing droit coupé par le bourreau, et enfin le corps tiré et démembré à quatre chevaux. La maison familiale de Jean Châtel fut rasée. Les Jésuites furent soupçonnés d'avoir armé l'assassin et expulsés du royaume. L'un des pères jésuites du collège de Clermont, le père Quignard, que l'on a trouvé en possession de textes diffamatoires contre le roi rédigés de sa main (le roi y est traité de "Sardanaple", de "Néron", de "renard du Béarn") et souvent postérieurs à son abjuration, est conduit quelques jours plus tard, nu en chemise, la corde au cou au parvis de Notre-Dame pour y faire amende honorable. « Je demande bien pardon à Dieu, répondit le Père, mais au roi, pour quel motif ? Je ne l’ai pas offensé. » On le mena à la place de Grève, où il fut pendu en même temps qu'un vicaire de Saint-Nicolas de Champs, qui avait brandi un couteau en menaçant à son tour d'essayer de tuer le roi.

1610 -
27 mai: Ravaillac fait amende honorable sur le parvis de Notre-Dame avant d'être exécuté en place de Grève.

Après l'assassinat d'Henri IV, le 14 mai, rue de la Ferronnerie à Paris, son meurtrier, Ravaillac, est sorti de la Conciergerie le 27 mai pour être conduit à Notre-Dame afin de faire amende honorable, en chemise, un cierge à la main. De là, on le mène à la place de Grève (aujourd'hui place de l'Hôtel de Ville). La foule est tellement dense, tellement hostile, qu'il faut plus d'une heure pour franchir la courte distance. Arrivé sur la place, Ravaillac est étendu et ligoté sur une claie. On lui brûle au soufre fondu le poing qui avait tenu le couteau. On lui déchire les chairs à l'aide de tenailles rougies au feu. Ce sont les seuls moments où l'on entend gémir Ravaillac. Ses plaies sont arrosées d'un mélange brûlant de cire, de soufre et de plomb fondu. Le régicide est alors détaché de la claie, et lié aux quatre chevaux qui doivent l'écarteler. C'est la phase finale du supplice. Elle va durer une demi-heure. En raison de l'incroyable résistance de Ravaillac, peut-être aussi de la lassitude des chevaux qui attendent depuis des heures au milieu des cris déchaînés de la foule, rien ne se passe; des gentilshommes montent alors sur les chevaux pour les stimuler, d'autres s'attellent aux cordes pour aider à tirer. Enfin, les articulations de Ravaillac cèdent et les membres disjoints sont aussitôt happés par la foule qui s'en empare, les coupe en morceaux et, pour finir, les brûle.

1622 -
Le diocèse de Paris, auparavant suffragant de l'archevêché de Sens, est élevé au rang d'archidiocèse. Jean François de Gondi devient le premier archevêque de Paris.

L'occupation du siège épiscopal de Paris est réservée pendant près d'un siècle à la maison de Gondi : Jean-François de Gondi a succédé à son frère, Henri de Gondi, qui avait lui-même succédé à son oncle, Pierre de Gondi (1533-1616), cardinal, devenu seulement après ensuite évêque de Paris, également abbé commendataire des abbayes Saint-Aubin d'Angers, La Chaume, Sainte-Croix de Quimperlé et Buzay.Jean-François de Gondi est le premier archevêque de Paris. Il occupe le siège épiscopal de Paris de 1622 à 1654. Son neveu : Jean-François Paul de Gondi, le fameux "cardinal de Retz", lui succède. Mais le cardinal frondeur se voit obligé de renoncer à son siège d'archevêque en 1662 sous la pression de Louis XIV.

1638 -
Naissance de Louis XIV. Son père prononce alors un voeu et promet de "reconstruire le Grand Autel de l'église cathédrale de Paris."

1648 -
Te Deum chanté à Notre-Dame pour célébrer la victoire de Lens remportée par Condé sur les Espagnols.

1660 -
Te Deum pour célébrer le mariage de Louis XIV et de Marie-Thérèse d'Autriche.


1668 -
Turenne abjure à Notre-Dame sa foi protestante.


1675 -
Funérailles d'Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne.

Louis XIV avait décidé d’honorer la mémoire d’un grand chef de guerre : outre la commande de son tombeau à Le Brun, pour la basilique Saint-Denis, il fit célébrer un service solennel dans le chœur de Notre-Dame, le 9 septembre 1675. Ménestrier fournit le programme des décors, que Berain dessina sous la forme d'une tour de plan ovale : “ la tour, dont était composé le mausolée, était censée évoquer à la fois celle du roi David, susceptible de rappeler que Louis XIV avait commandé la cérémonie, l’aspect des tombeaux des princes valeureux de la Rome antique, les figures de l’Eglise et de la Vierge dans le Cantique des cantiques, allusions à la conversion au catholicisme de Turenne, enfin les armes de ce soldat qui portait également le nom de La Tour d’Auvergne ” (Jérôme de la Gorce).


1676 -
17 juillet: la marquise de Brinvilliers, est amenée devant Notre-Dame pour reconnaître ses crimes et faire amende honorable, avant d'être exécutée.

Marie Madeleine Dreux d'Aubray, marquise de Brinvilliers, fille d'un magistrat du Châtelet et épouse du marquis de Brinvilliers, est aussi la maîtresse d'un officie de cavalerie, Godin de Sainte-Croix, alchimiste à ses heures. Enfermé à la Bastille, à la demande du père de la marquise, Sainte-Croix s'y retrouve à l'école du crime, au contact de plusieurs maîtres empoisonneurs qui l'initient à leur science. En sortant de prison, Sainte-Croix révèlent les secrets funestes à sa maîtresse, la marquise de Brinvilliers, qui développe rapidement ses talents en empoisonnant tour à tour son père (1666) et ses deux frères (1670). Ces crimes surviennent cependant dans un mauvais contexte, Louis XIV soupçonnant l'usage de poisons à la Cour après la mort brutale d'Henriette d'Angleterre, épouse de Monsieur son frère, après l'absorption d'une tasse de chicoré (1670). Le Roi charge alors de l'enquête La Reynie, Lieutenant Général de Police. En 1672, la mort accidentelle de Sainte-Croix fait exploser l'affaire. Celui-ci qui se méfiait sans doute de sa maîtresse (qu'il faisait chanter) avait enfermé dans une cassette «à n'ouvrir qu'en cas de mort antérieure à celle de la Marquise» , des preuves de sa culpabilité. La cassette est découverte, la marquise doit s'enfuir en Angleterre puis aux Pays-Bas où elle sera arrêté en 1676 et ramenée en France. Au cours de son long procès (29 avril - 16 juillet 1676), elle refuse tout aveu malgré la question. Elle ne reconnaît les charges que lors de son amende honorable qui précède son exécution le 17 juillet 1676.En juillet 1676, le flambeau à la main, la marquise de Brinvilliers, suivant les indications de l’exécuteur, s’agenouilla devant les portes de Notre-Dame : " un greffier se mit à sa droitte et le bourreau à gauche, et le premier luy lût une amande honnorable qu’il avoit ecritte dans un papier pour la luy faire répéter mot à mot après luy; sa voix estoit foible, et ce ne pût estre que cela qui l’empescha pour lors de parler aussy haut que bien des gens auroient souhaitté. Comme j’estois deriere elle, je l’entendis distinctement, mais je croy qu’elle ne fut guerre entenduë des personnes plus eloignées; le bourreau même, qui estoit aussy prest que moy, avoit peine à entendre les premieres paroles qu’elle dit plus bas que les autres, et il luy dit d’un ton de voix fort, « dittes comme Monsieur et répétez tout apres luy »; elle éleva un peu sa voix, et elle me parut parler avec autant de fermeté que de dévotion. La reparation estoit conçuë en ces termes : « Je reconnois que méchamment et par vengeance j’ay empoisonné mon pere et mes freres, et attenté à l’empoisonnement de ma sœur pour avoir leurs biens, dont je demande pardon à Dieu, au Roy et à la Justice » (Témoignage de son confesseur, le père Pirot, in B. N., manuscrit français 10982, fos 121-121vo.)

1681 -
Le gros bourdon de Notre-Dame est refondu au pied de la cathédrale. De 7 tonnes, il passe à 13 tonnes et son battant est de 500kg. Parrainé par Louis XIV et la reine Marie Thérèse, il reçoit le nom d'Emmanuel.

Actionné à la corde, le gros bourdon nécessite l'emploi d'une douzaine d'hommes.

1687 -
10 mars: Funérailles du Grand Condé marquées par l'oraison de Bossuet.

"À la veille d'un si grand jour, et dès la première bataille, il est tranquille, tant il se trouve dans son naturel ; et on sait que le lendemain, à l'heure marquée, il fallut réveiller d'un profond sommeil cet autre Alexandre. Le voyez-vous comme il vole, ou à la victoire, ou à la mort ? Aussitôt qu'il eut porté de rang en rang l'ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l'aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, mettre en fuite l'Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups." (Jacques-Bénigne BOSSUET (1627-1704), Oraison funèbre de Louis de Bourbon, prononcée dans l'église de Notre-Dame de Paris le dixième jour de mars 1687 : « Premier exploit militaire du jeune duc d’Enghien et Prince de Condé à la bataille de Rocroi»)

1695 - 1729 -
Louis-Antoine de Noailles, archevêque de Paris.

La régularité de sa conduite, les appuis de sa famille et la protection de Madame de Maintenon, conduisirent Louis XIV à nommer Louis-Antoine de Noailles, archevêque de Paris le 19 août 1695. Il s'y montra pieux, actif et zélé. Simple de manières, il était aussi accessible aux pauvres qu'aux riches. En 1709, il vendit son argenterie pour soulager le peuple, accablé par la famine. Soucieux de la majesté des lieux de culte comme de la bonne conduite du clergé, il donna des sommes importantes pour améliorer la décoration de la cathédrale Notre-Dame et d'autres églises de son diocèse. Il rebâtit à ses frais le palais archiépiscopal. Il bénit la première pierre du nouveau grand autel de Notre-Dame, et il posa, le 7 septembre 1702, la première pierre de l'église Saint-Louis-en-l'Île. Après sa mort (1729), il fut inhumé dans la cathédrale Notre-Dame de Paris.

1699 -
Louis XIV confie à Robert de Cotte la réalisation des travaux pour respecter le voeu de Louis XIII. Il en résultera la destruction du jubé, des stalles et du maître-autel. Quant aux murs, ils seront badigeonnés de blanc.

Pendant près de trois siècles, on respecta la structure gothique de la grande cathédrale, mais les choses changèrent dès la fin du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV. La société de cette époque (fin du XVIIe - XVIIIe siècle) n'aimait pas le gothique, jugé art barbare, sombre, archaïque et bien trop austère. Plus d'un prélat rêvait de démolir sa cathédrale gothique pour le remplacer par un sanctuaire classique ou néoclassique. L'obstacle principal était le coût des travaux : détruire et reconstruire une cathédrale coûtait extrêmement cher, et la baisse de la piété, constante depuis la Renaissance, n'était guère propice à la collecte de fonds en faveur d'une gigantesque église. De plus la noblesse - dont les rois -, jadis grande pourvoyeuse de fonds, était bien trop occupée à se construire de somptueux châteaux et à y mener grand train de vie ; quant au petit peuple des fidèles, il n'avait pas les moyens. On se bornait donc à cette époque à reconstruire, généralement en style classique, ce qui s'était effondré (comme la façade de la cathédrale de Luçon ou encore l'entièreté de celle de Rennes), ou alors à détruire et remplacer ce que l'on pouvait détruire et remplacer à moindre frais, à savoir les œuvres d'art et la décoration intérieure. Ainsi dès la fin du XVIIe, Robert de Cotte démolit le jubé, les stalles, les bas-reliefs des clôtures, ainsi que des tombeaux, cela pour la réalisation du vœu de Louis XIII fait en 1638. De nouvelles stalles de bois sculpté entourant le chœur sont bâties Un nouveau maître-autel fut dressé au milieu du chœur et un second autel, placé au-dessous d’une pieta, fut entouré de statues de Louis XIII et de Louis XIV. Le jubé fut remplacé par une grande grille de fer forgé avec porte centrale.

1714 -
Te Deum pour célébrer la paix de Radstadt qui met fin à la désastreuse Guerre de Succession d'Espagne.

1730 -
Installation du Grand orgue de François Thierry.

1747-1748 -
Reconstruction de l'Hospice des Enfants Trouvés par l'architecte Germain Boffrand, rue Notre-Dame.

Pour construire cet orphelinat capable d'accueillir chaque année 8000 enfants, Boffrand fait abattre dans le voisinage de Notre-Dame de Paris plusieurs églises (Sainte-Christophe, Sainte-Geneviève des Ardents, ainsi que Saint-Jean Le Rond, église où l'on déposait traditionnellement les enfants abandonnés comme Jean-Le Rond, le futur d'Alembert en 1717) et agrandir le parvis.

1756 -
Levieil remplace les vitraux du choeur par du verre blanc
En 1756, les chanoines jugeant l'édifice trop sombre demandèrent aux frères Le Vieil de détruire les superbes vitraux du Moyen Âge et de les remplacer par du verre blanc ; après quoi on badigeonna les murs de la cathédrale... Les rosaces furent épargnées.

1757 -
26 mars: Damiens est condamné à faire amende honorable devant Notre-Dame de Paris avant son exécution pour avoir tenté d'assassiner Louis XV.

Après Ravaillac, le rituel n'a pas changé un siècle et demi plus tard. Damien est condamné « faire amende honorable devant la principale porte de l’Église de Paris », où il devait être « mené et conduit dans un tombereau, nu, en chemise, tenant une torche de cire ardente du poids de deux livres ; et là, à genoux, dire et déclarer que méchamment et proditoirement, il a commis le très méchant, très abominable et très détestable parricide, et blessé le Roi d’un coup de couteau dans le côté droit, ce dont il se repend et demande pardon à Dieu, au Roi et à la Justice.» Il fut ensuite exécuté dans des conditions atroces, son agonie durant deux longues heures. Louis XV, blessé seulement légèrement, n'intervint pas pour atténuer la sanction barbare du régicide. Lire
Robert François Damiens.

1767 -
L'échelle patibulaire, sorte de gibet symbolisant le pouvoir de Haute Justice de l'évêque de Paris est démontée et remplacée par un carcan.
L'échelle patibulaire de Notre-Dame de Paris ne semble pas avoir servie pour des exécutions, contrairement aux sinistres "fourches patibulaires" où étaient pendus et exposés les condamnés à mort.

1771 -
Soufflot détruit le trumeau du portail central qui gênait les processions et empêchait le passage du dais

A la demande du clergé, Soufflot, architecte du Panthéon de Paris, fit disparaître le linteau et une partie du tympan du portail central, y compris une partie du célèbre Jugement Dernier, pour laisser passer plus aisément le dais des processions.

1777 -
Antoine François Derues, un épicier, accusé d'avoir empoisonné deux personnes, fait amende honorable devant Notre-Dame de Paris, avant d'être exécuté.

La Chambre de la Tournelle* confirme en appel la condamnation à mort prononcée par le tribunal du Châtelet. Antoine François Derues était condamné « à faire amende honorable au-devant de la principale porte de l’église de Paris, où il sera conduit dans un tombereau par l’exécuteur de la haute justice, ayant écriteau devant et derrière portant ces mots : Empoisonneur de dessein prémédité […]; ce fait, mené dans la place de Grève pour, sur un échafaud qui y seroit dressé à cet effet, avoir les bras, jambes, cuisses et reins rompus vif par ledit exécuteur de la haute justice, et à l’instant jetté dans un bûcher ardent qui, à cet effet, seroit dressé au pied dudit échafaud pour y être réduit en cendres et ses cendres jettées au vent ». (L'affaire Derues est racontée par Louis-Sébastien Mercier dans son Tablean du Paris). Derues devant Notre-Dame de Paris et jusqu'en Place de Grève proclamera son innocence. Si le nombre d'exécutions dans Paris diminua dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le rituel de l'amende honorable sur le parvis de Notre-Dame semble s'être poursuivi jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Rien d'honorable dans cette pratique au cours de laquelle le condamné, à genoux pour bien exprimer sa soumission, tête et pieds nus, en chemise (la « livrée de l’infamie », selon l’expression de plusieurs chroniqueurs), une torche de cire jaune du poids de deux livres à la main, un écriteau à l’avant et à l’arrière révélant son crime, et parfois une corde autour du cou, demandait pardon à Dieu, au Roi et à la Justice des torts dont il se déclarait coupable. « Elle est appelée honorable », écrivait le juriste François Serpillon, « en considération de celui auquel l’amende est faite pour réparation de son honneur offensé. » Les historiens voient dans cette "amende honorable" la première étape d'un châtiment aussi exemplaire qu'infamant.
* Chambre de la Tournelle: chambre criminelle créée en 1515 dans le Parlement de Paris. Elle était chargé des affaires de grande criminalité entraînant la peine de mort, la condamnation aux galères (depuis 1748, travaux forcés aux arsenaux) , le bannissement.
Lire sur ce sujet:
Pascal Bastien, Usage politique des corps et rituel de l’exécution publique à Paris, XVIIe-XVIIIe siècles (in Crime, Histoire et Société).

1783 -
François-Henri Clicquot entreprend la transformation du grand orgue.

1786 -
La première flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris est abattue suite à son très mauvais état. Il faudra attendre la restauration de Viollet-Le Duc pour la voir reconstruite.

1789 -
15 juillet : Te Deum pour célébrer la prise de la Bastille. - 27 septembre : la Garde Nationale vient faire bénir ses drapeaux à Notre-Dame.

1790 -
L'archevêque de Paris quitte la cathédrale, au lendemain du vote, le 24 août 1790, de la Constitution Civile du Clergé. Le 22 novembre, la municipalité de Paris procède à l'expulsion du chapitre.

La commune de Paris fait procéder à l’inventaire des tableaux, des sculptures et de tout le mobilier de la cathédrale.

1791 -
Jean-Baptiste Goblet est nommé archevêque de Paris.

Ordonné prêtre en 1750, élu député du clergé aux états généraux, il s'est tourné vers les idées réformistes par opportunisme et il n'en démordra pas. Le 3 janvier 1791, il est le premier évêque à prêter serment à la Constitution civile du clergé, en faveur de laquelle il s'était déclaré dès le 5 mai 1790. Sa popularité est telle qu'il est élu évêque dans plusieurs diocèses. Il choisit celui de Paris et, malgré les difficultés qu'il rencontre pour prendre possession de son siège, il est sacré le 27 mars 1791 par huit évêques, dont Talleyrand.Membre actif du Club des Jacobins, il fait étalage d'anticléricalisme (il se déclare notamment opposé au célibat des prêtres). Il pousse le gouvernement à occuper l’évêché de Bâle. La France, prétextant la présence des Autrichiens, envahit l'évêché le 28 avril 1792. Gobel se fait nommer commissaire civil au pays de Bâle où on l'accusa d'avoir abusé de son pouvoir. Le 7 novembre 1793, il se présente, accompagné de Chaumette, devant la Convention et, dans un geste célèbre, coiffé du bonnet rouge et tenant à la main sa mitre, sa crosse et son anneau, il renonce à ses fonctions et à la prêtrise, en proclamant qu'il agit ainsi pour l'amour du peuple et par respect pour ses vœux. Les disciples d'Hébert, dans la ligne de leur politique antichrétienne, veulent marquer les esprits avec la démission de l'évêque de Paris. Du coup, Robespierre, le rival d'Hébert, considère Gobel comme un athée, bien que celui-ci n'ait jamais professé l'athéisme. Robespierre estime cependant que le culte déiste de l'Être Suprême est menacé par l'opposition des hébertistes athées, et Gobel est condamné à mort et guillotiné avec Chaumette le 13 avril 1794.

1791 -
Mandaté par la Constituante, Alexandre Lenoir, peintre autodidacte passionné, se consacre à la sauvegarde des objets religieux menacés par le vandalisme révolutionnaire.

Alexandre Lenoir rassemblera les oeuvres épargnées au couvent des Petits Augustins qui compose aujourd'hui une partie de l'École nationale supérieure des Beaux-Arts. C’est ainsi qu’il parvient à sauver certains éléments du vœu de Louis XIII , qui retrouveront leur place à Notre-Dame, notamment à l’occasion de la restauration de 1844.

1792 -
Les émeutiers de la révolution abattent les statues de la galerie des rois.

Les objets de bronze ou de métaux précieux sont enlevés pour être fondus, comme la chasse en or et argent de Saint-Marcel. Les grilles servent à faire des piques, les tombes profanées livrent des cercueils de plomb dont on fait des balles. Les autels de Jules Hardouin Mansart et de Robert de Cotte disparaissent - La cathédrale est rebaptisée "temple de la Raison" puis transformée en entrepôt. Au cours de la Révolution française, de nombreux actes de vandalisme visèrent la cathédrale : "les rois de Juda de la Galerie des Rois de la façade furent décapités et enlevés car on croyait qu'il s'agissait des rois de France. Le 23 octobre 1793, la Commune de Paris décidait ainsi leur destruction: "Le Conseil informé qu'au mépris de la loi, il existe encore dans plusieurs rues de Paris, des monuments du fanatisme et de la royauté...arrête que dans huit jours les gothiques simulacres des rois de France qui sont placés au portail de l'Eglise Notre-Dame seront renversés et détruits." Les 28 rois de Juda furent enlevés et décapités. On a retrouvé une bonne partie de ces têtes en 1977, et elles se trouvent actuellement au Musée national du Moyen Âge. Entre autres déprédations, presque toutes les grandes statues des portails furent anéanties et le trésor fut pillé.

1793 -
7 novembre : interdiction du culte catholique.
- 10 novembre : Fête de la Liberté célébrée à Notre-Dame dans le cadre du Culte de la Raison.

Le Culte de la Raison fit son apparition à Notre-Dame de Paris le 10 novembre 1793, avec la Fête de la Liberté. Ce culte fut organisé par Pierre-Gaspard Chaumette, et le maître-autel se vit ainsi transformé en autel de la déesse Raison. Fin novembre de cette année, le culte catholique fut d'ailleurs interdit à Paris. La cathédrale fut ensuite transformée en entrepôt de vivres.

1795 -
15 août: la cathédrale est rendue au culte constitutionnel.

1798 -
Le croisillon sud de la cathédrale accueille le culte théophilanthrope, secte qui fondait la morale privée et civique sur une croyance rationnelle de l'existence de Dieu.


1801 -
Concordat signé entre la France et la papauté. La cathédrale toute entière est rendue complètement au culte catholique après une messe et un Te Deum auxquels assistent les trois consuls.

Le concordat de 1801 met fin à l'église gallicane et favorise le retour de la papauté dans la procédure de nomination des évêques. Sujet d'âpres négociations, la nomination des évêques procède d’une négociation complexe entre les autorités civiles et les autorités religieuses. Les évêques sont nommés sur proposition du ministre chargé des Cultes (lié au ministre de l’Intérieur le plus souvent) – choix où interviennent les recommandations d’hommes politiques et des évêques déjà en place – après l’accord préalable du nonce apostolique. Le concordat entraîne la réorganisation de l'Eglise de France. Le 15 août 1801, le pape Pie VII promulgue deux décisions pour permettre cette réorganisation : le bref Tam multa exige la démission des évêques institués par Rome, alors que le bref Post multos labores demande celle des évêques élus. L'ancien archevêque de Paris depuis 1798, Jean-Baptiste Royer, était un évêque qui avait prêté serment à la Constitution Civile du Clergé puis s'était un peu égaré dans l'action politique (Conventionnel il siège parmi les modérés de la Plaine et s'oppose courageusement aux Montagnards lors de l'arrestation des députés Girondins, ce qui entraîna un décret d'arrestation le concernant et son départ de la Convention jusqu'à la chute des Montagnards). Nommé évêque constitunniel de Paris en 1798, il doit démissionner en 1801 après la ratification du Concordat et fut remplacé par l'ancien archevêque de Marseille, Jean-Baptiste de Belloy, évêque réfractaire. Quand, en 1801, le pape décida que les évêques français devraient offrir leur démission pour faciliter la conclusion du Concordat, il fut le premier à se soumettre, et son exemple eut une forte influence sur les autres évêques. Bonaparte, favorablement impressionné par cet acte de dévotion envers l'Église et l'État, le nomma au siège de Paris bien qu'il fût nonagénaire.Son grand âge ne l'empêcha pas de diriger son nouveau diocèse avec une énergie et intelligence stupéfiantes, réorganisant les paroisses, leur donnant de bons prêtres et tenant à visiter lui-même ses ouailles. Le prélat sut par la suite apaiser les relations souvent orageuses entre Pie VII et Napoléon Ier, sans jamais se compromettre d'un côté ou de l'autre. À sa mort, à 98 ans, le cardinal de Belloy (chapeau de cardinal obtenu à la demande de Napoléon auprès du pape) avait su s'attirer la satisfaction évidente de Napoléon aussi bien que de Pie VII, alors pourtant engagés dans une lutte acharnée. Il fut enterré à Notre-Dame, où le monument que Napoléon fit ériger en son honneur, œuvre de Louis Pierre Deseine, est un des plus beaux de la cathédrale.

1802 -
Bonaparte rétablit le culte dans la cathédrale, conséquence de la signature du concordat.
1802 -
Chateaubriand publie le Génie du Christianisme.

Dans la veine du courant préromantique, l'ouvrage suscite un regain d'intérêt pour le Moyen Age et l'art gothique.



1804 -
Sacre de Napoléon 1er en présence du pape
Tableau de Jacques-Louis David: Le Sacre de Napoléon (1805-1808) - Musée du Louvre, Paris.
Peu après la signature du concordat de 1801, la cathédrale fut rendue au culte (18 avril 1802). On procéda rapidement à quelques réfections d'urgence si bien qu'en décembre 1804, Napoléon Bonaparte put s'y sacrer empereur des Français, en présence du pape Pie VII. L'édifice avait été blanchi à la chaux pour la circonstance, puis dissimulé sous des décors de Charles Percier et François-Léonard Fontaine. Les drapeaux d'Austerlitz, avaient été accrochés aux murs afin de masquer le pitoyable état de l'édifice.

1810 -
Jean-Siffrein Maury (l'"abbé Maury) devient archevêque de Paris.

Le successeur du consensuel cardinal de Belloy est le fameux "abbé Maury" député des états généraux, hostile à la Révolution, adversaire de Mirabeau, émigré après la dissolution de l'Assemblée Constituante, mais qui eut le tort, aux yeux de Pie VII, de rallier l'Empire et d'accepter le poste de l'archevêché de Paris en 1810. Pie VII lui ordonna de refuser le siège de Paris mais Maury passa outre. Après la chute de Napoléon Ier, il fut rejeté par Louis XVIII, déposé par le chapitre de Paris, et exilé. Il retourna en 1814 à Rome, où le Pape le fit mettre six mois en prison au château Saint-Ange, puis chez les Lazaristes, pour punir sa désobéissance. Rentré en grâce, il mourut en 1817 dans un monastère.

1811 -
9 juin: le futur "aiglon" ou "roi de Rome" est baptisé à Notre-Dame de Paris.

L'impératrice Marie-Louise d'Autriche donne naissance dans la soirée à François Charles Joseph Bonaparte. L'héritier de l'empire prend le titre de roi de Rome. Le lendemain, Napoléon Ier fera tirer 100 coups de canon pour célébrer la naissance de son fils. Il sera baptisé à Notre-dame de Paris, le 9 juin.

1816 -
Mariage du duc de Berry, fils de Charles X, avec Marie-Caroline de Bourbon-Sicile.

Le duc de Berry sera assassiné en 1820 par Louvel et la duchesse de Berry se fera remarquer par une tentative de soulèvement en 1832 qui échoua assez lamentablement. Tous deux étaient parents de Henri d'Artois (1820-1883), duc de Bordeaux, surnommé « l'enfant du miracle » car il est né posthume après l'assassinat du duc de Berry.

1821 -
Baptême du duc de Bordeaux, fils posthume du duc de Berry, et qui sera plus tard l'espoir des légitimistes, sous le nom de comte de Chambord.

1830 -
27-28-29 juillet. Le drapeau tricolore flotte sur Notre Dame.

D'après le témoignage d'Alexandre Dumas, qui participe directement dans les rangs des insurgés, aux combats contre les forces de Charles X, on peut voir depuis la place de la Concorde où Dumas se trouve, le 28 juillet 1830, le drapeau bleu-blanc-rouge flotter sur Notre-Dame de Paris. L'archevêque de Paris, Monseigneur Quélen, soupçonné de légitimisme, doit fuir son palais épiscopal sous la pression des révolutionnaires.

1831 -
Emeute républicaine qui entraîne la destruction de l'archevêché.

L'émeute violente provoquée par les Républicains après un service religieux pour le onzième anniversaire de la mort du duc de Berry les 14 et 15 février 1831 détruit entièrement l'archevêché, qui se trouvait sur le flanc sud de la cathédrale Notre-Dame. Monseigneur de Quélen doit se réfugier dans le couvent des Dames du Sacré-Cœur rue de Varenne. Il est vrai que Monseigneur de Quélen n'envoie guère de signaux favorables aux Républicains. En mai 1831, il s'opposera à l'inhumation religieuse de l'abbé Grégoire, ancien évêque constitutionnel, au prétexte que celui-ci n'avait pas voulu renoncer à son serment à la Constitution Civile du Clergé.

1831 -
Victor Hugo, à l'âge de 29 ans, publie Notre Dame de Paris
Après la tourmente révolutionnaire, la cathédrale était dans un tel état de délabrement que les responsables de la ville commencèrent à envisager la possibilité de l'abattre totalement. Le grand romancier Victor Hugo, admirateur de l'édifice, écrivit alors (1831) son roman Notre-Dame de Paris qui eut un énorme succès et avait notamment pour but de rendre le public conscient de la valeur d'un tel monument. Il réussit à créer un large mouvement populaire d'intérêt en faveur de la cathédrale. Son roman avait rendu vie à un monument alors marginalisé et l'avait rendu plus familier aux parisiens. À cela s'ajoutait le poids du nouveau courant européen appelé romantisme qui renouait avec le goût pour l'art du Moyen Âge, surtout l'art gothique. Par son roman, Victor Hugo contribua largement à sauver le chef-d'œuvre meurtri d'un destin fatal.

1834 -
Début des Conférences de Carême de Notre-Dame par Frédéric Onazan.

Etudiant profondément catholique et républicain, Frédéric Onazam tente de réconcilier la classe ouvrière et l'Eglise. Il pressent le risque, dans une période marquée par les révolutions, de l'éloignement de l'Eglise du peuple alors que la misère fait des ravages et que l'Eglise paraît au service des nantis. Il décida, en avril 1833, alors qu'il n'a que 20 ans, avec des amis étudiants, paroissiens comme lui de l'église Saint-Étienne-du-Mont, de fonder une petite société vouée au soulagement des pauvres, qui prit le nom de Conférence de la charité. Par la suite, la conférence se plaça sous le patronage de saint Vincent de Paul. Il fut alors aidé dans sa tâche par sœur Rosalie Rendu, une Fille de la Charité très active dans les quartiers pauvres de Paris. Au carême 1833, puis 1834, Frédéric fait parvenir à Mgr Quélen des pétitions d'étudiants pour que soient organisées des conférences à Notre-Dame de Paris. Ces conférences ont eu lieu pour une première fois au carême 1834. En 1835, elles furent un véritable succès quand elles furent prêchées par Lacordaire. Devenu avocat puis professeur, Frédéric Ozanam n'en poursuit pas moins son engagement religieux et social. Il est l'un des précurseurs de la doctrine sociale de l'Eglise et sera béatifié par le pape Jean-Paul II en 1997.

1841 -
22 mai : Baptême du Comte de Paris, en présence de son grand-père, le roi Louis-Philippe, et qui sera plus tard, le prétendant orléaniste.

1843 -
Les architectes Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc se voient confier la restauration de la cathédrale

Le sort de Notre-Dame focalisa différents courants de pensée : les catholiques bien sûr qui désiraient réconcilier la France avec la piété et la foi d'antan, les monarchistes aussi qui s'efforçaient de renouer avec un proche passé, et les artistes et écrivains romantiques. Le Ministre des Cultes de l'époque décida d'un grand programme de restauration. L'architecte Godde chargé jusqu'alors de l'entretien de l'édifice et dont les méthodes de restauration faisaient l'unanimité contre elles fut écarté. On se tourna vers Jean-Baptiste-Antoine Lassus et Eugène Viollet-le-Duc qui s'étaient distingués sur le chantier de la Sainte-Chapelle. Ces derniers déposèrent un projet et un rapport, et ayant emporté l'appel d'offres en 1844, présentèrent en 1845 un budget de 3 888 500 francs, qu'ils durent réduire à 2 650 000, pour la réfection de la cathédrale et la construction d'une sacristie. L'Assemblée Nationale vota une loi accordant cette somme et c'est ainsi qu'après de longues années d'attente, la restauration put vraiment débuter. Le maigre budget fut épuisé en 1850. Les travaux s'arrêtèrent. Viollet-le-Duc dut présenter à plusieurs reprise de nouvelles propositions afin que les travaux puissent se terminer. Au total plus de douze millions de francs furent ainsi octroyés.

1848 -
25 juin: l'archevêque de Paris, monseigneur Affre, tente d'obtenir la fin des hostilités entre les troupes de Cavaignac et les insurgés. Il est frappé par un tir non identifié jusqu'à aujourd'hui et meurt deux jours plus tard.

Pendant les insurrections de juin 1848, Monseigneur Affre crut que sa présence près des barricades pût être un moyen de ramener la paix. Il en fit part au général Louis Eugène Cavaignac, qui le mit en garde contre les dangers qu’il courrait. « Ma vie, répondit-il, a peu de valeur, je la risquerai volontiers. » Le 25 juin, les tirs ayant cessé à sa demande, il apparut sur la barricade à l'entrée du Faubourg Saint-Antoine, accompagné par M. Albert, de la Garde Nationale, habillé comme un ouvrier et arborant une branche verte en signe de paix. Il fut accueilli dans la stupeur, mais à peine eut-il prononcé quelques mots qu'un coup de feu partit des lignes de la Garde nationale et relança les hostilités. L'archevêque fut touché par une balle perdue (sans qu'on ne sache avec certitude de quel côté celle-ci provenait). On l'amena au presbytère de Saint-Antoine, et il fut ramené le lendemain au palais épiscopal, où il mourut le 27 juin, vers 4h30 du matin. Ses dernières paroles furent une citation de l'Evangile de Jean suivie d'un appel à la paix : « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis, que mon sang soit le dernier versé ». Les obsèques officielles, le 7 juillet, furent suivies par une foule nombreuse.

Vers 1849 - Représentation de Notre-Dame sans sa flèche, par le peintre Johan Barthold Jongkind.
La flèche sera reconstruite par Viollet-le-Duc au milieu du XIXe siècle. Elle culmine à 96 mètres.


1853 -
Georges Eugènes Haussmann nommé préfet de la Seine par Napoléon III. Le nouveau préfet de la Seine reçoit de l'Empereur la mission « d'aérer, unifier et embellir la ville. »

Les travaux d'Haussmann vont profondément transformer le quartier de Notre-Dame de Paris. L'hospice des Enfants trouvé de Boffrand fut totalement détruit, de même que le vieux quartier compris entre la cathédrale, le Palais de justice et la Seine au Nord, à l'exception des quelques rares maisons de l'ancien cloître Notre-Dame qui subsistent encore aujourd'hui. Des 17 petites églises ou chapelles qui existaient au début du XIIIe siècle, il n'en demeurait aucune. Il est vrai que Haussmann n'eut à détruire que les quatre dernières, Boffrand, la Révolution et le Premier Empire ayant déjà supprimé les treize autres. Le parvis voit sa surface quintupler (140 mètres de long sur 70 mètres de large), ce qui contribue à rabaisser la grandeur de la façade ouest comme marginalisée dans ce cadre immense.

1853 -
Mariage de Napoléon III et d'Eugénie Montijo, célébrée à Notre-Dame de Paris par Monseigneur Sibour.

Eperdument amoureux depuis plusieurs mois, Napoléon III épouse la jeune espagnole Eugenia Maria de Montijo de Guzman, comtesse de Teba. Le mariage est célébré à Notre-Dame de Paris. Les festivités dureront deux jours.

1856 -
16 juin: baptême du prince impérial, fils (unique) de Napoléon III et de Eugénie de Montijo.

Il sera tué par les guerriers zoulous en 1879. Pas plus que ses illustres prédécesseurs (Henri comte d'Artois et Philippe d'Orléans, comte de Paris), il ne parviendra au trône.

1857 -
Assassinat de Monseigneur Sibour, archevêque de Paris.

Le successeur de Monseigneur Affre, tout en parvenant à se concilier les nouvelles autorités de la IIe République puis celles du régime impérial, reste un conservateur attaché à faire appliquer dans son diocèse les décisions du pape Pie IX. Le 3 janvier, alors qu'il inaugure la neuvaine de Sainte Geneviève à Saint-Étienne-du-Mont, il est assassiné à coup de couteau par Jean-Louis Verger, un prêtre, que Monseigneur Sibour avait interdit. Les motivations de l'assassin restent obscures (simple ressentiment personnel ou motivations politico-religieuses plus profondes?). Verger sera rapidement jugé, condamné à mort et guillotiné.

1857 -
Mort de Jean-Baptiste Lassus. Viollet-le-Duc prend seul la direction des travaux jusqu'à la fin de la restauration en 1864.

La construction de la sacristie se révéla un gouffre financier. Il fallut en effet descendre à neuf mètres avant de rencontrer un terrain stable. L'état lamentable des maçonneries de la cathédrale était généralisé, la porte rouge par exemple était en ruines. On ne comptait plus les pinacles brisés, les gables effondrés. Quant à la grande statuaire des portails et de la façade, il n'en restait plus grand chose. Les restaurateurs durent effectuer un profond travail de recherche afin de restituer (à l'identique si possible, ce qui l'était rarement) les parties dégradées, ce dont témoignent les écrits et dessins de Viollet-le-Duc. C'est la restitution du programme sculpté de la cathédrale qui constitue la principale réussite des deux architectes. Ils ont d'emblée voulu reconstituer toute l'ornementation sculpturale détruite en s'inspirant ou copiant des œuvres de la même époque et restées intactes (Amiens, Chartres et Reims). Pour ce faire les architectes réunirent une équipe d'excellents sculpteurs sous la direction d'Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume. Beaucoup d'entre eux provenaient de l'atelier de David d'Angers et se connaissaient. Plus de 100 grandes statues furent ainsi créées à destination de l'extérieur, dont les 12 statues en cuivre entourant la base de la flèche, œuvres de Geoffroi-Dechaume lui-même. Viollet-le-Duc apporta un très grand soin à la réalisation de ces statues. Elles étaient d'abord dessinées par ses soins, puis une maquette grandeur nature en plâtre était réalisée. On apportait alors les corrections nécessaires jusqu'à ce que l'œuvre soit jugée satisfaisante. À ce moment seulement, on procédait à la réalisation de la statue définitive en pierre. Aucune liberté de création n'était autorisée de la part des sculpteurs dont le travail était totalement contrôlé par les architectes. Lors de la restauration, la cathédrale fut quelque peu remaniée. La rosace sud par exemple fut pivotée de quinze degrés afin de la faire reposer selon un axe vertical, modification qui, parfois critiquée, était motivée par la nécessité de consolider l'ensemble dont la maçonnerie s'était affaissée. Enfin quelques statues sorties de l'imagination de l'architecte furent édifiées, telles les impressionnantes chimères contemplant Paris du haut de la façade.

Statues des apôtres au pieds de la flèche. Viollet-le-Duc, représenté sous les traits de Saint-Thomas, contemple ainsi son oeuvre, la flèche de 96 mètres.

1864 -
Achèvement des travaux de restauration

La restauration achevée, c'est monseigneur Darboy, archevêque de Paris depuis 1863, qui consacra la cathédrale le 31 mars 1864.

1868 -
Restauration du grand orgue de Cliquot par Aristide Cavaillé-Coll

1871 -
Durant la "Semaine Sanglante" qui conclue la Commune de Paris, des chaises et des bancs sont arrosés de pétrole et enflammés par les Communards. L'incendie est évité de justesse.

Le 24 mai, Monseigneur Darboys, prisonnier puis otage, est fusillé par les Communards dans la prison de la Roquette.(avec Gaspard Deguerry, curé de la Madeleine, trois pères jésuites et Louis Bernard Bonjean). Après l'écrasement de la Commune, il reçut des obsèques nationales. Cela faisait, en vingt-trois ans, trois archevêques de Paris morts de mort violente (seul Mgr Morlot était mort dans son lit en 1862).

1886 -
Paul Claudel De famille catholique, perd la foi jeune et la retrouve à l'âge de dix-huit ans, le jour de Noël, le 25 décembre 1886, dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, lors d'une illumination subite.

Paul Claudel, selon ses dires, baignait, comme tous les jeunes gens de son âge, dans « le bagne matérialiste du scientisme de l'époque ». Il se convertit au catholicisme en assistant en curieux aux vêpres à Notre-Dame de Paris durant Noël 1886. « J'étais debout, près du deuxième pilier, à droite, du côté de la sacristie. Les enfants de la Maîtrise étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. En un instant mon cœur fut touché et je crus. » Sa foi catholique devient dès lors essentielle dans son œuvre qui chantera la création : « De même que Dieu a dit des choses qu'elles soient, le poète redit qu'elles sont. » Cette communion de Claudel avec Dieu a donné ainsi naissance à près de quatre mille pages de textes. Il y professe un véritable partenariat entre Dieu et ses créatures, dans son mystère et dans sa dramaturgie, comme par exemple dans Le Soulier de satin et L'Annonce faite à Marie.

1889 -
Consécration de la basilique du Sacré-Coeur par Monseigneur Richard, archevêque de Paris.

Politiquement, le cardinal Richard était attaché par des liens d'estime et de sympathie aux catholiques monarchistes. En 1892, quand Léon XIII recommanda le « Ralliement » des catholiques à la République, le cardinal créa l'Union de la France chrétienne afin d’unir tous les catholiques sur la seule base de la défense de religion. Les monarchistes s’opposèrent à ce ralliement et à la politique que cette union représentait ; finalement, suivant le désir du pape, l'union fut dissoute. En de nombreuses occasions le cardinal Richard parla pour défendre les congrégations religieuses et Léon XIII lui adressa une lettre (27 décembre 1900) concernant les religieux menacés par la Loi sur les Associations qu’on projetait alors. Vieux et malade il fut, quelque temps avant sa mort, jeté à la porte de l’évêché qui fut confisqué pour en faire le Ministère du Travail.

1892 -
20 février : Encyclique Inter innumeras sollicitudines (Au milieu des sollicitudes) du pape Léon XIII, qui recommande le ralliement des catholiques français à la République.


1897 -
8 mai : Service funèbre à Notre Dame de Paris en mémoire des morts de l'incendie du Bazar de la Charité.

Un incendie se déclare dans la salle de cinéma du Bazar de la Charité, rue Jean Goujon, à Paris. L'incendie se propage à toute allure à l'ensemble du magasin qui reçoit alors près de 1 200 invités, à l'occasion d'une vente de charité. On comptera 160 victimes, essentiellement des femmes de la haute société que leurs robes ont gênées dans leur fuite. Un service funèbre sera célébré à Notre-Dame le 8 mai, en présence du président Félix Faure.

1905 -
9 décembre : Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat.

Selon cette loi qui fonde la laïcité à la française, les bâtiments affectés à l'usage des cultes religieux antérieurement à la date de la promulgation de la loi, deviennent propriété de l'Etat et des communes. Il leur revient d'en assurer l'entretien. Les communes prennent en charge l'entretien des églises. Pour ce qui concerne les cathédrales, celles construites avant 1905 et ayant à cette date le statut de cathédrale (siège d'évêché), sont entretenus par l'Etat. 87 des 154 cathédrales de France relèvent de cette disposition. Notre-Dame de Paris en fait évidemment partie.

1918 -
17 novembre: Te Deum célébrant l'armistice du 11 novembre 1918.

1923 -
Funérailles nationales de Maurice Barrès à Notre-Dame de Paris.


1923 -
The Hunchback of Notre-Dame sort en salles aux Etats-Unis.
Réalisé par Wallace Worsley, c'est le premier des trois grands films adapté de l'oeuvre de Victor Hugo, jusqu'à aujourd'hui qui voit Quasimodo joué par une star d'Hollywood. Dans cette version muette, c'est Lon Chaney qui interprète le rôle de Quasimodo avant Charles Laughton (en 1939) et Anthony Quinn (en 1956).

1929 -
mars: Funérailles nationales du Maréchal Foch à Notre-Dame de Paris.

- septembre: Jean Verdier devient archevêque de Paris. En décembre, il devient le cardinal Verdier.

1931 -
Funérailles nationales du Maréchal Joffre à Notre-Dame de Paris.

1934 -
Electrification du bourdon et du système de cloche.
Le pédalier mis en place au XIXe siècle (que l'on peut encore voir aujourd'hui, pesait 1500 kg et nécessitait huit sonneurs, qui par équipe de deux, se faisaient face de part et d'autre de la cloche. L'électrification a supprimé l'emploi du pédalier.
1934
- 20 octobre : funérailles nationales de Raymond Poincaré.


1936
- juin: Communiqué du cardinal Verdier, archevêque de Paris appelant à la "paix sociale".

Après la formation du gouvernement de Léon Blum en juin 1936, le cardinal Verdier fait publier un communiqué qui fait grand bruit appelant à « la paix sociale (...) et à sacrifier nos rancœurs, nos préférences politiques ou sociales, et dans une certaine mesure nos intérêts eux-mêmes. »


1938
- 20 décembre: dans une déclaration solennelle, les cardinaux de Paris, de Malines et de Milan dénoncent le nazisme après la Nuit de Cristal en novembre 1938.

Après la Nuit de cristal en novembre 1938 en Allemagne, le cardinal Verdier,archevêque de Paris, fait paraître une lettre publique commune avec les cardinaux Van Roey, archevêque de Malines et Schuster, archevêque de Milan, dans laquelle il critique l'assassinat et déplore « l'aboutissement fatal de la théorie raciale » en Allemagne : « Tout près de nous, au nom des droits de la race, des milliers et des milliers d'hommes sont traqués comme des bêtes fauves, dépouillés de leurs biens, véritables parias qui cherchent en vain au sein de la civilisation un asile et un morceau de pain. ».

1939 - Sortie aux Etats-Unis de The Hunchback of Notre-Dame ("Le Bossu de Notre-Dame") de William Dieterle, avec Charles Laughton dans le rôle de Quasimodo et Maureen O'Hara dans celui d'Esmeralda.
Ce film du cinéste William Dieterle (un cinéaste allemand parti tourner aux Etats-Unis à la fin des années Vingt et devenu citoyen américain en 1937) est considéré par l'ensemble des critiques comme la meilleure adaptation du roman de Victor Hugo. Charles Laughton y joue un Quasimodo époustouflant de présence. A ses côtés Maureen O'Hara, encore toute jeune (ce qui correspond mieux au rôle de la bohémienne de Hugo) y compose une flamboyante Esmeralda. Dieterle reconstitue un Paris médiéval fait de ruelles sinueuses, dans en clair-obscur teinté d'expressionnisme.

1940-1949 -
Le cardinal Suhard archevêque de Paris.

Comme la plupart des hauts dignitaires de l'Église catholique, le cardinal Suhard, devenu archevêque de Paris avait donné son approbation à la politique du maréchal Pétain. Il approuve la déclaration des évêques de France qui condamne la résistance armée (17 février 1944) : « Nous condamnons [les] appels à la violence et [les] actes de terrorisme, qui déchirent aujourd'hui le pays, provoquent l'assassinat des personnes et le pillage des demeures ». Parmi les signataires de cet appel, on retrouve notamment l'archevêque de Bordeaux, Monseigneur Feltin, qui succèdera au cardinal Suard en 1949 à la tête de l'archevêché de Paris. Le cardinal Suhard accueille le maréchal Pétain à Notre-Dame, en avril 1944, ce qui lui sera reproché à la Libération. Il dirige en grande pompe la cérémonie à Notre-Dame lors des obsèques nationales du collaborateur Philippe Henriot alors que le débarquement a eu lieu un mois avant.

1944
- 26 avril: le cardinal Suhard accueille solennellement le Maréchal Pétain en visite à Paris, dans la cathédrale.

- 7 juillet : en pleine bataille de Normandie, le cardinal Suhard célèbre en grande pompe les "funérailles nationales" de Philippe Henriot, journaliste collaborationniste et antisémite de Radio Paris, abattu par la Résistance française. le 28 juin 1944.
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1944
- 26 août : Cérémonie d'action de grâce de la Libération de Paris en présence du général de Gaulle qui a fait exclure le cardinal Suhard, qui ne masquait pas ses vues pétainistes, de la cérémonie.

1945 -
9 mai : Te Deum célébrant l'armistice du 7 mai 1945 à Reims.

1947 -
Funérailles nationales du Maréchal Leclerc de Hauteclocque à Notre-Dame de Paris.

1952 -
Funérailles nationales du Maréchal De Lattre de Tassigny à Notre-Dame de Paris.


1955 -
Funérailles nationales de Paul Claudel à Notre-Dame de Paris.


1956 - 19 décembre: sortie du film Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy (avec les stars Gina Lollobrigida, dans le rôle d'Esmeralda, et Anthony Quinn dans le rôle de Quasimodo). Jacques Aurenche et Jacques Prévert ont adapté les dialogues de l'oeuvre de Victor Hugo.
Le film remporte un immense succès public mais l'accueil critique est mitigé. Il se fait descendre en flamme par les critiques de la Nouvelle-Vague pour son "académisme".


1963
- Le cardinal Feltin, archevêque de Paris, refuse à Edith Piaf, pourtant profondément croyante et pratiquante, les obsèques religieuses en raison de la vie qu'il juge dissolue de la chanteuse.


1967 -
Funérailles nationales du Maréchal Juin à Notre-Dame de Paris.

1970 -
Nettoyage des façades de Notre-Dame de Paris.





1970 (12 novembre) - Cérémonie d'Hommage National pour les obsèques du général de Gaulle. Le cardinal Marty célèbre la messe de cette cérémonie. Voir video : cliquez sur la photo

1974 - 6 avril:
Cérémonie d'Hommage National pour les obsèques de Georges Pompidou, Président de la République décédé alors qu'il était en fonction le


1977 -
Les têtes des rois de la galerie de la façade ouest, décapitées par les révolutionnaires en 1792, sont retrouvées dans les sous sol de la Banque française du commerce extérieur et transportées au musée de Cluny

1980 -
30 mai : discours et messe du pape Jean-Paul II à Notre-Dame de Paris.


1981 - 27 février : Monseigneur Lustiger, archevêque de Paris.

Monseigneur Lustiger s'engage dans une action volontairement réformatrice et novatrice contre le déclin de l'Eglise catholique. Ainsi sur le plan de la liturgie, Ayant à cœur de lui rendre sa dignité et sa beauté, il a soutenu la refonte de la maîtrise de la cathédrale Notre-Dame et la création d'une école de formation professionnelle incluant l'animation des offices à la cathédrale, permettant ainsi un nouveau déploiement de la tradition de l'Église dans la cathédrale de Paris. Il commanda un nouveau mobilier liturgique pour le chœur de Notre-Dame et fit créer des vêtements liturgiques nouveaux avec le souci de la beauté et de la lisibilité des signes. Fréquemment, le dimanche soir, il prêchait et célébrait la messe dans sa cathédrale.
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- Création de Radio Notre-Dame permise par la libéralisation de la bande FM.


1984 -
Monseigneur Lustiger s'engage vigoureusement dans le mouvement de défense de l'école libre contre la réforme Savary.


1988 -
L'architecte Bernard Fonquernie prend la direction des travaux de restauration qui se poursuivent encore.


1996 - 11 janvier: cérémonie d'Hommage National pour les obsèques de François Mitterrand. Voir vidéo : cliquez sur la photo












1997 -
19-24 août: Journées Mondiales de la Jeunesse. Jean Paul II à Paris.

- 22 août: Béatification de Frédéric Ozanam par le pape Jean-Paul II à Notre-Dame de Paris.
La béatification de Frédéric Ozanam fut demandée en 1925 à l'initiative de la société Saint-Vincent de Paul. Jean-Paul II déclara en 1997: "On peut voir en Frédéric Ozanam un précurseur de la doctrine sociale de l'Eglise, que le pape Léon XIII développera quelques années plus tard dans l'encyclique Rerum Novarum."


1998
- Immense succès populaire de la comédie musicale Notre-Dame de Paris, adaptée par Luc Plamondon et Richard Cocciante de l'oeuvre de Victor Hugo.

La comédie musicale révèle le chanteur canadien Garou dans le rôle de Quasimodo et les chanteuses Noa et Hélène Ségara dans le rôle d'Esmeralda. Parmi les "chanteurs à voix" qui composent la première distribution, on retrouve Daniel Lavoie dans le rôle de Frollo et Patrick Fiori dans celui de Phoebus.


1999 -
La cathédrale qui venait d'être restaurée n’est pas épargnée par les vents de la tempête qui ont soufflé à plus de 150 km/heures.

Des blocs de pierre jonchent le premier étage des terrasses hautes et ont provoqué des trous béants. Six pinacles sont tombés sur la nef et la sacristie.


2005 -
André Vingt-Trois succède à Jean-Marie Lustiger au poste d'archevêque de Paris.


2007 -
Cérémonie d'Hommage National pour les obsèques de l'Abbé Pierre.
2008 - 22 octobre: Cérémonie d'Hommage National pour les obsèques de Soeur Emmanuel.

2009
- 3 juin : Cérémonie oecuménique pour les victimes du vol AF-447 Rio-Paris

Sources:
Notre-Dame de Paris - guide complet de la cathédrale - par André Trintignac et Marie-Jeanne Coloni. Les Editions du Cerf - 1996.
Divers sites et blogs: Les classiques:
- Wikipedia
- Herodote.net
Des mines de renseignements sur Notre-Dame de Paris:

Site de Notre-Dame de Paris

A la découverte de l'Histoire de France.

Regard.Bibliothèque Chrétienne on line.

La panse de l'Ours.

Le passionnant site
Hermetism.free.fr Fin