mardi 27 décembre 2011

Les Ambassadeurs - Hans Holbein le Jeune.

Les ambassadeurs, tableau d'Hans Holbein le Jeune, peint en 1533 et visible aujourd'hui à la National Galery de Londres.

Les deux diplomates représentés ici sont, selon les historiens de l’art, les Français Jean de Dinteville et Georges de Selve. Jean de Dinteville, est richement habillé d'un manteau orné de fourrure. Autour du cou, il porte le collier de l'ordre de Saint-Michel,un ordre de chevalerie, fondé à Amboise le 1er août 1469 par Louis XI. Il porte un béret où est accrochée une broche représentant un crâne. Sous son manteau noir, il porte une riche chemise de soie rouge.


Jean de Dinteville
Jean de Dinteville est seigneur de Policy (dans le département actuel de l'Aube, près de Bar-sur-Seine).

Georges de Selve
Georges de Selve, porte un costume sobre de couleur noire, mais richement doublé de fourrure. Il est évêque de Lavaur (dans le Tarn) et est issu d'une riche famille de parlementaires. Son père, Jean de Selve, nommé premier Président du Parlement de Bordeaux puis du Parlement de Paris par François Ier, a rempli, au service du roi les missions diplomatiques les plus délicates, comme la négociation à Madrid de la libération de François Ier, capturé par Charles Quint à Pavie (1525). Son fils Georges entreprend à son tour une brillante carrière au service de la monarchie : ambassadeur à Londres (1533) puis à Venise (1534-1536), enfin à Rome auprès de la papauté (1536-1539) et auprès de l'empereur Charles Quint en 1539-1540. Une mort précoce alors qu'il n'a que 33 ans met fin à cette brillante carrière en 1541. L'un des ambassadeurs appartient donc à la petite noblesse, l'autre est donc ecclésiastique. Ils sont jeunes et dans la force de l'âge comme le montre le tableau. Jean de Dinteville tient ainsi dans sa main droite une dague rangée dans un fourreau où est inscrit son âge, vingt-neuf ans.

Le contexte politique


Hans Holbein le Jeune, Henry VIII, vers 1536, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

Les deux hommes sont ambassadeurs en Angleterre en 1533, à un moment historique précis, l'année du mariage secret entre Henry VIII et Ann Boleyn. Henry VIII tente alors d’obtenir le soutien de François Ier face au pape Clément VII, à moins que ce ne soit le contraire, François Ier tentant d'arracher le soutien d'Henry VIII contre Charles le Quint.


Sebastiano del Piombo, Portrait de Clément VII, 1526, Museo di Capodimonte, Naples.
Le contexte européen est alors plus que troublé. Quelques années après le sac de Rome (1527) par les lansquenets allemands qui ont laissé la capitale de la papauté hagarde, ayant perdu la majorité de ses habitants suite aux massacres puis à la peste, le pape Clément VII (Jules de Médicis, neveu de Laurent le Magnifique) tente de restaurer la puissance de la papauté.


Le Titien, Charles Quint, 1548, Pinacothèque de Munich.
Charles Quint doit, lui, affronter la coalition hétéroclite de ses ennemis: d'une part, les luthériens allemands qui se sont unis militairement dans la Ligue de Smalkade et, d'autre part, François Ier, roi de France, souverain très chrétien qui n'a pas hésité à solliciter l'alliance de Soliman le Magnifique, sultan ottoman (première capitulation signée en 1529, l'alliance militaire étant concrétisée en 1536). On peut comprendre que, dans ces circonstances, l'alliance de Henry VIII représente un atout déterminant pour François Ier.

Anonyme, Anne Boleyn, portrait vers 1533-1536, National Portrait Gallery, Londres.
Mais le roi d'Angleterre a ses propres problèmes à régler. Depuis son accession au trône en 1509, Henry VIII est en effet marié à Catherine d’Aragon, fille des rois catholiques d’Espagne. Or, il souhaite répudier sa première femme pour épouser sa favorite, Anne Boleyn. De son union avec Catherine, Henry VIII a eu une fille, Marie, la future Marie Tudor mais pas de fils, ce qui a déçu le roi d’Angleterre. L’attitude extrêmement ferme du pape qui s’oppose officiellement au divorce du souverain anglais en 1530, pousse Henry VIII a brusquer subitement les évènements en 1533, l’année du tableau d’Hans Holbein le Jeune. Avec le soutien de l'archevêque de Canterbury, Thomas Cranmer, qui annule le mariage avec Catherine d'Aragon, il épouse secrètement Anne Boleyn alors enceinte, avec le soutien de l’archevêque de Canterbury, Thomas Cranmer, qui annule le mariage du roi d’Angleterre avec Catherine d’Aragon.

Michel Sittow, portrait de Catherine d'Aragon, vers 1503, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
François Ier, désireux d’obtenir le soutien d’Henry VIII contre Charles Quint, empereur et roi d’Espagne (dont Catherine d’Aragon est la tante), soutient le souverain anglais. Le 1er juin 1533, Anne Boleyn est couronné à l’abbaye de Westminster. L’affaire a de lourdes conséquences politiques : Clément VII excommunie Henry VIII en 1534 et, en riposte, l’Eglise d’Angleterre décide, non sans crise, de rompre avec la papauté en ralliant le roi. Henry VIII se proclame « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre » . Le schisme entre le pape et l’Eglise d’Angleterre consacre la naissance de l’Eglise anglicane. François Ier prendra, en définitive, ses distances avec Henry VIII, car l’affaire des Placards qui éclate en France en 1534, montre la puissance des idées de la Réforme luthérienne dans son propre royaume. François Ier décide de réprimer violemment les luthériens au moment où l’Eglise anglicane amorce son rapprochement avec les idées de Luther. En définitive, la mission diplomatique de Jean de Dinteville et de Georges de Selve est un échec. Henry VIII reste fidèle à son alliance avec Charles Quint. En 1544, les troupes anglaises s'emparent de Boulogne que l'armée française du nouveau roi Henri II, parvient à reconquérir en octobre 1547. Durant tout le règne de François Ier, l'armée anglaise aura continué de peser comme une menace potentielle à l'ouest, véritable alliance de revers pour Charles Quint. Henry VIII disparait le 28 janvier 1547, précédant de deux mois seulement dans la mort François Ier qui meurt le 31 mars de la même année.

Le peintre : Hans Holbein le Jeune (1497-1543)
Hans Holbein le Jeune est né en terres allemandes, à Augsbourg dans le Saint-Empire romain germanique, vers 1497. Il est le fils du peintre Hans Holbein l’Ancien très connu de son temps pour ses peintures de retable mais aussi pour son œuvre de graveur puisqu’il illustra des livres aussi célèbres que l’Eloge de la Folie d’Erasme (1516). Hans Holbein le Jeune voyage beaucoup, en Italie et en France notamment où il découvre les tableaux de la Renaissance.


Hans Holbein le Jeune, Portrait de Sir Thomas More , 1527. Huile et tempera sur chêne,Frick Collection , New York.
Il peint les célébrités de l’époque dont Erasme qui le recommande à son ami Thomas More en Angleterre. Hans Holbein s’installe en Angleterre en 1526 pour un premier séjour puis définitivement en 1532. L’Angleterre est alors à un tournant de son histoire politique et religieux. Hans Holbein prend alors ses distances avec les milieux humanistes. Thomas More est officiellement rentré en dissidence en 1532 en s’opposant au mariage entre Henry VIII et Anne Boleyn et en démissionnant de sa charge de chancelier. Au contraire, Holbein travaille pour le clan Anne Boleyn-Thomas Cromwell qui influence la politique du roi. Il devient peintre du roi Henry VIII en 1535.

Hans Holbein le Jeune, Portrait du marchand Georg Gisze de Dantzig, 1532, Gemäldegalerie, Berlin.
Hans Holbein peint aussi des portraits de marchands allemands de la Hanse en poste à Londres dans leur quartier du Steelyard, au nord de la Tamise, ainsi que des hauts personnages comme nos ambassadeurs.


Hans Holbein le Jeune, Portrait de Thomas Cromwell. 1532-1633, Frick Collection. New York.

Dans la cour d’Angleterre, la hache tombe très vite sur le coup des ex-favoris. L’ancien chancelier du roi, Thomas More est exécuté en 1536 de même que Anne Boleyn décapitée en même temps que cinq co-accusés pour adultère, inceste, hérésie, entreprises contre la vie du Roi et haute trahison. La plupart des historiens considèrent que ces accusations sont infondées et sont plutôt le produit de l’imagination d’Henry VIII, souverain cruel et débauché. En 1540, ce sera au tour de Thomas Cromwell de finir la tête sur le billot.


Hans Holbein le Jeune, portrait de Jeanne Seymour, vers 1536-1537, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Holbein poursuit son travail de peintre du roi et fait le portrait de Jeanne Seymour, la nouvelle épouse du roi d’Angleterre. Mais celle-ci meurt en 1537 après avoir donné naissance au futur Edouard VI. En 1538, Holbein voyage pour le compte d’Henry VIII qui est à la recherche d'une nouvelle épouse. Holbein se rend dans les cours européennes, peint les portraits des jeunes filles à marier comme Christine de Danemark. Les tableaux sont ensuite présentés au roi d'Angleterre, qui peut ainsi avoir une idée précise du physique des candidates potentielles.


Hans Holbein le Jeune, Portrait de Christine de Danemark, duchesse de Milan en deuil. 1538, National Gallery, London.

En 1539, Hans Holbein le Jeune fait le portrait de Anne de Clèves. Henry VIII a la vue de ce portrait fut enthousiaste mais il fut très déçu lorsqu’il vit la future mariée. Il divorcera très vite. Il est vrai que le roi lui-même devait faire peur à plus d’une jeune princesse avec ses 136 kilos, son tour de taille d’1,37 mètre sans compter un ulcère sur sa cuisse qui dégageait une odeur nauséabonde.


Hans Holbein le Jeune, Anne de Clèves,1539, Musée du Louvre, Paris.
Quoi qu’il en soit, Hans Holbein qui venait de perdre son protecteur, Thomas Cromwell, exécuté en 1540 pour hérésie et trahison, n’est pas tombé en disgrâce, restant peintre du roi jusqu’à sa mort en 1543.

Hans Holbein le Jeune, portrait miniature de Catherine Howard, vers 1541, Royale Collection.
Les têtes continuent de tomber à la cour d’Angleterre. La cinquième épouse du roi, Catherine Howard (cousine d’Anne Boleyn), marié au roi en 1540, est décapitée en 1542 pour adultère et trahison à la Tour de Londres. Il est vrai que la jeune reine, dégouttée par l’apparence physique répugnante du roi, lui avait préféré Thomas Culpeper, un séduisant favori d’Henry. Les deux amants supposés de Catherine furent exécutés ainsi que l’entremetteuse qui organisait les rendez-vous galants,Lady Rochford, la veuve de George Boleyn, frère d'Anne Boleyn lui-même exécuté en 1536 en même temps que sa soeur Anne.


Hans Holbein le Jeune, portrait d'Henry VIII, 1539-1540, Palais Barberini, Rome.
En 1543, Henry VIII épouse sa sixième femme, Catherine Parr, qui sera aussi la dernière. Catherine échappa miraculeusement à une arrestation en 1546 pour hérésie, sauvant sa tête du même coup. Elle aura la bonne idée d'attendre la mort de son mari, en 1547, pour épouser son amour de jeunesse, Thomas Seymour, l'année suivante. Mais la naissance de leur fille entraîna des complications et la mort de Catherine Parr eut lieu six jours après son accouchement (1548). Seymour qui avait été très proche de la future reine Elisabeth, peut-être son amant, fut accusé un an plus tard de trahison et exécuté.

Analyse du tableau

Le tableau représente la rencontre de ses deux ambassadeurs de François Ier en 1533. Georges de Selve arrive de France sans doute pour rappeler à Jean de Dinteville quelle est la position de François Ier dans la crise entre Henry VIII et le pape Clément VII. François Ier souhaitait obtenir l’alliance du roi d’Angleterre contre Charles Quint, l’adversaire acharné du roi de France. Georges de Selve, catholique fervent mais critique à l’égard de la corruption de l’Eglise romaine, est aussi là pour réconcilier l’Eglise d’Angleterre et le pape.

Le tableau est rempli de références symboliques : les ambassadeurs posent devant les symboles de leur culture et de leur érudition : des livres, un cadran solaire, un globe terrestre, une sphère céleste, des instruments de mesure, un luth et des flûtes. A leurs pieds, sur un luxueux carrelage, on distingue au premier plan une forme étrange déformée par anamorphose. L'anamorphose consiste à déformer un élément, mais cet élément se reconstitue quand on le regarde de la bonne position ou si on utilise les bons outils. Il s’agit ici de la représentation d’un crâne humain que l’on peut voir en rasant le tableau ou en l’inclinant. C’est donc une « vanité » qui rappelle la fragilité de la vie aux hommes, souvent pressés d’afficher leur réussite et leur puissance éphémère, au risque du péché d’orgueil.

Les deux ambassadeurs sont positionnés de part et d’autre du tableau. Ils s’appuient sur un meuble remplis d’objets à haute portée symbolique. Les deux ambassadeurs, de par leur position, nous invitent à contempler ces objets qui se rapportent à l’astronomie, la mesure du temps, la géographie, la musique ou l’arithmétique sans compter les objets religieux. A l’étage supérieure du meuble, on distingue :

- une sphère céleste constellée d’étoiles et de signes du zodiaque.

- une horloge solaire cylindrique (ou cadran de berger).
Le cadran de berger, parfois appelé montre de berger est un cylindre surmonté d'un chapeau tournant équipé d'un style perpendiculaire. On tient le cadran suspendu par une ficelle ou un anneau afin qu'il reste vertical, et on tourne le chapeau jusqu'à la marque correspondant à la date du jour. En orientant ensuite le cadran en direction du soleil, l'ombre projetée donne l'heure solaire.

- Un torquetum.

Le torquetum ou le turquet est un instrument de mesure astronomique médiéval servant à fixer l’heure et la date par rapport à la position de corps célestes dont on a déterminé un ensemble de coordonnées au moyen de cet instrument.
Il serait l’œuvre de Jabir Ibn Aflah, un mathématicien et astronome andalou du XIIe siècle. Cet instrument composé de disques et de plateaux a été abandonné lorsque Galilée a eu l'idée de la lunette astronomique.
- divers cadrans.

- un livre, sur lequel Georges de Selve a le coude posé, dont la tranche indique l’âge de Jean de Dinteville, 29 ans.

A l’étage inférieure du meuble, on peut distinguer :

Le globe terrestre (ici retourné) du tableau.
- un globe terrestre. Il montre l'Afrique et l'Europe. On distingue au coeur du royaume de France la localité de Policy dont Jean de Dinteville est le seigneur.



- un livre de mathématiques à demi ouvert par une équerre, L’auteur en serait le mathématicien, Peter Apian, un allemand travaillant à l’université d’Ingolstadt. Il était aussi imprimeur et à ce titre, imprima les œuvres de Johann Eck, l’un des grands contradicteurs de Luther. Favori de Charles Quint, qui l’anoblit en 1535, il est donc adversaire des idées réformées.

- un luth dont l’une des cordes est cassée.
- sous le luth, un compas.
- un livre de cantiques ouvert qui présente sur la page de gauche, un hymne de Martin Luther et, sur la page de droite, une version des Dix Commandements proposée par le même Luther. Il est vrai que Georges de Selve à l’époque est très critique envers l’Eglise romaine et ses idées ne sont pas très éloignées de celles de Luther. Tolérant, il est aussi favorable à une réforme de l’Eglise.
- quatre flûtes dans leur étui.

Derrière les deux hommes, une tenture verte avec des motifs végétaux. A la droite du tableau, un crucifix accroché au mur est à demi-caché par la tenture.

Conclusion: au total, à travers une œuvre qui représente la réussite et la richesse apparentes de deux notables français du XVIe siècle, on peut aussi entrevoir les interrogations de l’artiste et des deux personnages sur leur époque. Le tableau incarne à la fois la célébration des valeurs de la Renaissance avec l’avancée de la science et des arts ou la montée en force de la bourgeoisie parlementaire et de la petite noblesse au service du roi, mais aussi les inquiétudes liées au troubles politiques et religieux du temps avec la progression des idées de la Réforme luthérienne et des divisions de l’Eglise. La corde du luth cassé (le luth étant lui symbole d’harmonie), le mot "Dividirt" signifiant la division) sur la page entrouverte du livre de Peter Apian, le livre de cantiques présentant sur ces deux pages des écrits de Luther, le Christ à demi-caché derrière le rideau vert, et surtout la vanité et sa représentation ambiguë en anamorphose, peuvent aussi être vu comme des évocations de la peur qui saisit les hommes à la recherche de leur salut dans une époque aussi troublée.

dimanche 4 décembre 2011

Renaissance et Maniérisme

I - La Renaissance.


Raphaël, L'Ecole d'Athènes, 1511, Chambre de la Signature (Stanze), Vatican.
Dans cette célèbre peinture de Raphael, l’Ecole d’Athènes, on peut voir les philosophes les plus célèbres de l’Antiquité.
1 - Quel philosophe est représenté sous les traits de Léonard de Vinci ?Il s'agit de Platon qui porte le Timée, une de ses œuvres. Il montre le ciel, allégorie du monde des idées. Il est représenté à côté de son disciple du Lycée, Aristote.
2 - Quel philosophe est représenté sous les traits de Michel Ange ?C'est le philosophe Héraclite qui est représenté sous les traits de Michel Ange. Ce philosophe grec était réputé d'humeur changeante et irritable tout comme l'était Michel Ange.
3 - Quel mathématicien, auteur d’un célèbre théorème est représenté ?On peut voir, sur ce tableau, Pythagore en train de rédiger peut-être son célèbre théorème de géométrie.
4 - Quel philosophe arabe est représenté (avec un turban) ?




Il s'agit d'Averroès, philosophe arabo-andalou du XIIe siècle, très connu en Europe pour ses commentaires de l'œuvre d'Aristote. Son travail lui valut quelques problèmes avec le califat almohade qui gouvernait l'Andalousie. Après l'interdiction de la philosophie par le calife Al-Mansur, Averroès finit sa vie en exil au Maroc. Son œuvre influença les humanistes de la Renaissance et Raphaël lui rend ainsi hommage en le plaçant dans son tableau à l'égal des grands philosophes grecs. Il est reconnaissable à son turban, se penchant pour mieux observer ce que rédige Pythagore.




II - Léonard de Vinci et François Ier




Supplément illustré du Petit Journal – 28 décembre 1913 – Numéro 1206.5 - Quel tableau évoque la couverture du journal ?
Il s'agit du célèbre tableau du musée du Louvre, la Joconde.
6 - Quels sont les deux personnages historiques représentés sur la couverture. On peut voir le peintre, auteur de la Joconde, Léonard de Vinci (1452-1519) et son mécène, le roi de France, François Ier (1494-1547).
7 - A quel fait divers survenus en 1911 fait allusion le dessin en bas à gauche ?
Pourquoi, en 1913, ce journal fait de nouveau la une avec ce tableau.
Le Petit Journal rappelle que la Joconde fut volé en 1911. Il fait de nouveau la une avec ce fait divers en 1913, au moment où le célèbre tableau fut retrouvé en Italie à Florence.

Pour complétez votre information sur la Joconde, cliquez ici
III - Entre Renaissance et Baroque.


Les Noces de Cana, 1563, Paris, Musée du Louvre.
8 - Quel est le peintre qui a peint ce tableau ?
Ce tableau est de Véronèse, peintre qui vivait dans la ville de Venise.
Il représente un épisode du Nouveau Testament, Jésus et Marie invité à un mariage à Cana, en Galilée. C’est là que Jésus-Christ aurait réalisé son premier miracle : la transformation de l’ean en vin.
9 - Le peintre a représenté cette scène dans un décor qui se situe à Venise. Qu’est-ce qui différencie Jésus et Marie des autres invités ?Jésus et Marie sont nimbés d'une auréole et ils sont les seuls à porter les vêtements de leur temps, les autres personnages étant richement vêts à la mode vénitienne du XVIe siècle.
10 - A quel mouvement artistique appartient ce peintre (ce mouvement artistique se situe entre la Renaissance et le Baroque) ?Ce tableau appartient au courant de peinture appelé le Maniérisme.

mardi 29 novembre 2011

Les arts, acteurs et témoins de l'histoire au XVIIIe siècle

Les arts, acteurs et témoins de l'histoire

I - Voici six tableaux qui recoupent le programme. Saurez-vous retrouver les auteurs en vous aidant des indices qui accompagnent chacun des tableaux.

1 – Le peintre qui a réalisé ce tableau est considéré comme l’initiateur du mouvement rococo qui commence sous la Régence (1715-1723). Il montre des amoureux sur l’île de Cythère. Dans l'Antiquité, l'île de Cythère, située dans les îles grecques de la mer Égée, abritait un temple dédié à Aphrodite, déesse de l'amour : ses eaux auraient vu naître la déesse. L'île représente donc le symbole des plaisirs amoureux. On voit la statue de la déesse, le carquois de flèches du dieu Cupidon au pied de la statue, les petits amours voltigeant dans le ciel, le coquillage sur le bateau symbolisant le lieu de naissance de Vénus. Ce peintre inaugure cette peinture de la fête galante qui caractérisera son œuvre.
C'est Antoine Watteau qui a peint ce tableau, Le pélerinage à l'Ile de Cythère, réalisé en 1717.

2 – Elle est la favorite du roi Louis XV, elle influence toute sa politique entre 1749 et 1763, l’art à la Cour, et protège les écrivains et les artistes. Elle se fait représenter sur ce portrait en compagnie de l’Encyclopédie et de l’Esprit des Lois. Elle était l’amie de Diderot et de Voltaire même si sa relation avec le roi l’obligeait à être prudente dans son soutien. Elle avait les mêmes ennemis que les philosophes des Lumières : le parti dévot qui reprochait la relation adultère du roi et dénonçait les idées des philosophes. Ce tableau achevé en 1755 figure au Louvre.
Il s'agit d'un portrait de Madame de Pompadour, réalisé par Maurice Quentin de la Tour, et achevé en 1755. Ce tableau peut être admiré au musée du Louvre.

3 - Son auteur n’est pas classé dans le courant rococo. Il s’illustre par des natures mortes, des scènes de la vie quotidienne du peuple ou de la petite bourgeoisie que l’on appelle des scènes de genre. Pourtant c’est l’un des peintres les plus célébrés de son temps, Catherine II de Russie et Frédéric II de Prusse lui ont acheté des tableaux. Le tableau représenté ici n’est pas tout à fait une nature morte puisque le chat à droite est bien vivant contrairement à la raie qui est accrochée au mur au centre. C’était le peintre préféré de Diderot (il avait 15 ans lorsqu’il fut achevé). Le tableau est actuellement au Louvre.
Il s'agit du célèbre tableau de Jean Siméon Chardin, La Raie, présenté en 1728 et que l'on peut voir actuellement au musée du Louvre.

4 - Ce peintre fut considéré comme le peintre de l’élégance nobiliaire et des intérieurs rococo. Il montre ici une famille de la noblesse ou de la bourgeoisie, prenant le café, produit de luxe importé avec les navires du commerce triangulaire et qui fit, avec le sucre, la fortune des îles esclavagistes des Antilles. Ce tableau figure au Louvre.
Ce tableau s'appelle Le Déjeuner. Il a été peint par Franois Boucher en 1739 et on peut l'admirer au Louvre.

5 – C’est l'un des tableaux les plus célèbres au monde et il a été reproduit à de multiples exemplaires (peintures, posters). Comme le peintre précédent, son auteur appartient au mouvement rococo (ou rocaille) qui caractérise la peinture française au XVIIIe siècle. Ce courant artistique rejetait les sujets religieux ou politique de la peinture baroque, lui préférant la vie de cour, les portraits des contemporains illustres, les scènes de la vie quotidienne de la haute société, des scènes érotiques ou les sujets mythologiques. Ce tableau de 1772 figure au National Galery of Art à Washington.
Ce merveilleux tableau s'appelle La Liseuse. Il a été peint entre 1770 et 1772 par Jean-Honoré Fragonard et il est exposé à la National Galery of Art de Washington.

6 – Avec ce peintre, c’est le retour au sujet historique, civique et inspiré par l’Antiquité. Pour cela, on appellera le mouvement qu’il incarne, le néoclassicisme. Ce tableau montre un épisode de l’histoire romaine, le combat singulier entre les frères Horace représentant Rome et les frères Curiace représentant Albe. Il montre le serment prêté par les trois frères Horace devant leur père de vaincre ou mourir. C’est un tableau qui exalte les vertus patriotiques, valeurs en hausse quelques années avant la Révolution. Le tableau est au Louvre.
Ce tableau a été peint par Jacques-Louis David en 1786. Il peut être admiré au musée du Louvre.
II - Les peintres refont l’histoire : voici deux grands tableaux qui se veulent des témoignages historiques. Ils mobilisent chacun des dizaines de personnages historiques. Répondez aux questions qui suivent leur description.

Lecture de la tragédie de Voltaire, l’Orphelin de la Chine, dans le salon de Mme Geoffrin en 1755, par Anicet Charles Gabriel Lemonnier, 1812, Château de Malmaison.
1
– Ce tableau représente une soirée chez Madame Geoffrin en 1755, lorsque fut lut pour la première fois en public une pièce de Voltaire, L’Orphelin de la Chine. Il s’agit d’une reconstruction imaginaire car le peintre avait environ 12 ans au moment des faits. Il le réalisa en 1814 à la demande de l’ex-impératrice Joséphine de Beauharnais.
Le peintre a réuni toutes les personnalités célèbres qui auraient pu fréquenter le salon : Diderot, Montesquieu, D’Alembert, Buffon, Marivaux, l’abbé Raynal, Rousseau, Quesnay, etc. Un seul n’est pas présent en chair et en os ce soir-là, selon le peintre. Qui et pourquoi ?
C'est Voltaire, pourtant héros de la soirée, qui n'est pas présent ce soir-là. Il est seuleemnt représenté par son buste. Voltaire vit alors près de Genève depuis qu'il a quitté la cour de Frédéric II à Berlin. Il achètera ensuite le domaine de Ferney, en France mais près de la frontière franco-suisse. Il ne reverra Paris qu'en 1778, quelques semaines avant sa mort.

Le Serment du Jeu de paume, Jacques-Louis David, Dessin préparatoire, 1791, Musée du château de Versailles.
2
– Ce dessin constitue l'esquisse du tableau inacheveé du peintre néoclassique, Jacques-Louis David. Les députés du tiers-état aux états-généraux se sont proclamés Assemblée Nationale le 17 juin. Le 20 juin 1789, trouvant la porte fermée de la Salle des Menus-Plaisirs où se tenaient les états-généraux, ils se réunissent dans la salle du jeu de paume de Versailles. Là, ils prêtent serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution au royaume.
Entourer le nom de ceux qui étaient présents ce jour-là :
David, l’abbé Grégoire, Robespierre, Danton, Bailly, Mirabeau, Guillotin, Condorcet.
L'abbé Grégoire, Robespierre, Bailly, Mirabeau et Guillotin, tous députés du tiers aux états généraux , étaient présents ce jour-là.

Portrait de Mozart par Joseph Lange. C’est un portrait inachevé quand Mozart a environ 26 ans (1782). Musée Mozart de Salzbourg.
III - Saurez-vous complétez ces éléments de la biographie du grand compositeur Wolfgang Amadeus Mozart?
Il est né à Salzbourg en 1756. Avec son père, Léopold, il effectue une tournée en Europe et il rencontre, à Versailles le roi Louis XV , la reine Marie Lesczynska et Madame de Pompadour en décembre 1763. Mozart compose en 1782 pour l’empereur d’Autriche Joseph II L’Enlèvement au sérail. En 1784, il adhère à une société secrète, la franc-maçonnerie. En 1786, Mozart compose un opéra d’après une pièce, pourtant interdite en Autriche, les Noces de Figaro de Beaumarchais. L’empereur Joseph II a permis à Mozart de composer cette pièce mais elle est rapidement retiré de l’affiche malgré le succès. Dans cette pièce, Beaumarchais se sert du monologue du valet Figaro pour attaquer violemment la noblesse : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... » Mozart, prudemment, avait enlevé les allusions politiques. Mozart compose ensuite Don Giovanni, un opéra inspiré en partie par la mort de son père, Léopold, en 1787. En 1790, Mozart perd son principal soutien avec la mort de l’empereur Joseph II. Son successeur, Léopold II, n’apprécie guère le tempérament frondeur du jeune compositeur. Mozart compose en 1791 sa dernière œuvre, un Requiem (messe des morts) commandé par un inconnu. Mozart n’est pas un auteur maudit, il a du succès, de l’argent mais il dépense encore plus ce qui explique ses dettes et sa condition de pauvreté quand il meurt soudain en 1791, à l'âge de 35 ans.

IV – Quelle est cette famille représentée sur ce tableau peint par Madame Elisabeth-Vigée-Lebrun en 1787 et qui est actuellement au château de Versailles.
Marie-Antoinette :
Elle est reine de France après son mariage avec le dauphin Louis en 1770, devenu Louis XVI en 1774. Ils ont alors 20 et 18 ans. Volontiers frivole et dépensière, elle tombe dans le piège de l’affaire du Collier (1785), qui va la déconsidérer auprès du peuple. Elle est violemment critiquée par la Cour et l’opinion, appelée l’Autrichienne, car elle est la fille de l’empereur François-Joseph Ier et de l’impératrice Marie Thérèse, de la dynastie des Habsbourg. Dès lors, les drames se succèdent : elle perd sa fille , Madame Sophie âgée de 11 mois (le berceau vide dans le tableau) en 1787, son fils, le « petit dauphin » (l’enfant qui montre le berceau vide) âgé de 8 ans, un mois après l’ouverture des états-généraux. Le 5 octobre 1789, la foule fait irruption dans le château de Versailles et ramène le monarque et sa famille à Paris le lendemain. La fuite de la famille royale, interceptée le 21 juin 1791 à Varennes, déclenche la tourmente révolutionnaire. Le 10 août 1792, le château des Tuileries où résidait le roi est pris par les sans-culottes et les fédérés, les gardes du roi (les Suisses) massacrés ou emprisonnés. Louis XVI est déchu de son titre et la famille royale est emprisonnée dans la prison du temple alors que se déchaîne la violence révolutionnaire (massacres de septembre 1792). Le roi, jugé et condamné à mort est guillotinné le 21 janvier 1793. La reine comparaît devant le tribunal révolutionnaire présidé par l’accusateur public Fouquier-Tinville. Elle est condamnée à mort et exécuté le 16 octobre 1793 pour haute trahison. Son dernier fils (reconnu comme Louis XVII par les royalistes et dénommé comme tel dès la Restauration) meurt à l’âge de 10 ans dans des conditions demeurées obscures à Paris en 1795 (c’est l’enfant que tient la reine dans ses bras). Seule survivra Marie-Thérèse-Charlotte. D’abord emprisonnée avec Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI (guillotinée en mai 1794), elle sera ensuite échangée contre des prisonniers français aux Autrichiens en décembre 1795. Elle suivra le destin des Bourbons émigrés jusqu’à la Restauration (1815-1830) puis de nouveau exilé après 1830 (Révolution des Trois-Glorieuses) jusqu’à sa mort en 1851 en Autriche. Elle sera inhumée aux côtés des derniers Bourbons dans le monastère de Kostanjevica, dans l’actuelle Slovénie (autrefois en Autriche).

jeudi 24 novembre 2011

Les arts, acteurs et témoins de l'histoire du Moyen Age à la Renaissance

I - La Renaissance



La Naissance de Vénus, œuvre de Sandro Boticelli, 1485, Galerie des Offices, Florence.
1 - Ce tableau figure à la Galerie des Offices à Florence. Il montre la naissance d'une déesse. Le peintre prit comme modèle une femme de la haute société florentine considérée comme la plus belle femme de son temps. Malheureusement, celle-ci mourut d'une pneumonie à 22 ans.

L'adoration des Mages, oeuvre de Sandro Boticelli, 1475, Galerie des Offices, Florence.
2 - Ce tableau exposé à la Galerie des Offices à Florence montre l'épisode qui suit la Nativité du Christ (déjà évoqué par Giotto en 1304). Le peintre n'a pas hésité à montrer plusieurs personnalités célèbres de son temps : presque toute la famille Médicis, ainsi que des humanistes italiens. L'homme au manteau marron, à gauche du tableau, qui regarde le public est le peintre lui-même, Sandro Boticelli, qui s'est ainsi représenté.
Les deux mages agenouillés devant la Vierge sont Cosme de Médicis (chamarre rouge) et son fils, Pierre à sa droite. Debout, en manteau noir, Julien de Médicis qui sera tué durant la Conjuration des Pazzi en 1478.

De l'autre côté du tableau, le jeune Laurent de Médicis,dit le Magnifique (neveu de Cosme), pourpoint rouge, une épée droite les jambes. A ses côtés, Boticelli a représenté deux humanistes: Politien et Pic de la Mirandole.

Léonard de Vinci, La Cène, L'Ultima Cena, 1494-1498, Santa Maria delle Grazie, Milan.

3 - Œuvre peinte sur un mur du couvent Santa Maria delle Grazie à Milan. La peinture représente le dernier repas partagé par Jésus et ses disciples avant sa capture et sa mort. Il montre précisément le moment où Jésus déclare : « l'un de vous va me trahir ». Le peintre dépeint la consternation que cette déclaration a causé à l'ensemble des douze disciples de Jésus. Cette fresque a été réalisée entre 1494 et 1498. Le peintre reprend une innovation apparue au milieu du Quattrocento, avec Andrea del Castagno ou Domenico Ghirlandaio : la perspective de la fresque prolonge la salle réelle du réfectoire par le trompe-l’œil du plafond à caissons, d'ouvertures au fond de la salle, et des murs latéraux recouverts de tapisseries et percés de portes. A la droite du Christ, Pierre, Jean et surtout Judas qui tient sa bourse. Autre innovation ici, Judas n'est pas placé à l'écart du groupe, ruminant son remord.

Détail du tableau: au premier plan, Juda touchant la bourse contenant l'argent de sa trahison (les fameux trente deniers ou trente pièces d'argent. Selon les numismates, c'était peu cher payé. Du latin, denarius, le denier était l’une des monnaies de base de l’Empire romain. Il avait cours dans la majeure partie de l’Europe, la totalité de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient et s’est perpétué jusqu’au Moyen-âge dans les Royaumes d’occident et dans de nombreux états arabes sous le nom de dinar. Cette pièce d’argent a été créée en 212 av J.-C. pour financer la deuxième guerre punique qui opposa Rome et Carthage. Dans le système monétaire bimétallique mis en place à cette époque, le denier qui titre 950 ‰ d’argent côtoyait le monnayage en bronze plus classique. A sa création, il pesait 4,51 grammes mais l’inflation monétaire aidant, il fut dévalué vers 140 avant J-C et ne pèsait plus alors que 3,96 grammes d’argent. Si l'on se réfère à la valeur de l'argent en décembre 2011 Judas aurait trahi pour la somme de 85 euros (à 0,72 euros le gramme d'argent - renseignement pris sur le site L'or et l'argent - cliquez ici-). Bien sûr, ce calcul n'a aucun intérêt car la valeur de l'argent ou d'une monnaie doit être fixé par rapport au coût de la vie, c'est-à-dire des prix de l'époque. A cette époque, un légionnaire romain gagnait 500 deniers par an, soit un salaire mensuel de 41 deniers, ce qui était considéré comme un bon salaire. Judas a donc trahi le Christ pour l'équivalent de trois semaines d'un salaire de légionnaire. Cela ne lui profita guère si l'on en croit l'Evangile de Saint-Mathieu: « pris de remords, il se pendit peu après sa trahison non sans avoir rendu leurs 30 pièces d'argent à ses commanditaires », Matthieu 27(5). Il laissa à la postérité un nom symbole de trahison. Judas désigna Jésus aux gardes en embrassant sa main. Depuis, l'expression « baiser de Judas »désigne aujourd'hui un baiser de traître).

Léonard de Vinci, La Joconde, Musée du Louvre, Paris. Tableau réalisé entre 1503 et 1506.

4 - Faut-il encore la présenter?
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Raphaël, Autoportrait, vers 1504-1506, Galerie des Offices, Florence.

5 - Cet autoportrait de 1506 est celui d'un jeune génie de la peinture, l'un des plus grand peintres de la Renaissance. Autant sa vie fut éphémère (il meurt à 37 ans en pleine gloire), autant sa renommée est éternelle. Le tableau figure dans la galerie des Offices à Florence.

Raphaël, La Belle Jardinière ou La Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, 1505-1506, Musée du Louvre, Paris.
6 - Au XVIIIe siècle, on vit dans cette Vierge à l'enfant une "jardinière". Ce tableau figure au Louvre.

Léonard de Vinci, Saint-Jean-Baptiste, vers 1513-1516, Musée du Louvre, Paris.

7 - Ce tableau représente Saint-Jean-Baptiste. Le vernis utilisé par le peintre s'est noirci ce qui renforce le contraste ombre/lumière ou clair/obscur. Le tableau figure au Louvre. Saint-Jean Baptiste était le fils d'Elisabeth, cousine de Marie. Il était apparenté à Jésus qu'il baptisa dans les eaux du Jourdain. Il fut arrêté sur ordre d'Hérode, tétrarque de Galilée, et décapité à la demande de Salomé, fille d'Hérode, car Saint-Jean Baptiste avait dénoncé l'immoralité de la mère de Salomé, Hérodiade, devenue l'épouse d'Hérode Antipas. Ici le peintre ne traite pas le thème privilégié par les autres artistes, la tête de Saint-Jean Baptiste apporté à Salomé sur un plateau. Ce tableau serait, selon les spécialistes, le dernier tableau de Léonard de Vinci. Il l'aurait peint lors de son second séjour romain à partir de 1513. Il l'aurait ensuite apporté en France lorsqu'il rejoint François Ier à sa demande en 1516. On sait que, alors âgé de 64 ans, Léonard de Vinci traversa les Alpes à dos de mulet, apportant avec lui trois de ses toiles majeures : Saint Jean Baptiste, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne et, bien sûr, La Joconde.

Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, National Gallery, Londres.

8 - Ce tableau exposé à la National Gallery de Londres montre deux diplomates. Il correspond à la vogue du portrait qui s'épanouit à la Renaissance. Le tableau multiplie les références et les objets symboliques.
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Andrea Palladio, Villa Barbaro, vers 1555.

9 - Quel est l’architecte italien qui a réalisé la villa Barbaro à Vincence?. C'est Andrea Palladio (1508-1580). C'est un ancien palais complètement réaménagée par l'architecte Palladio. Les dépendances agricoles ont été rattachées à la maison du maître. L'entrée fait penser à un temple grec: large fronton et tympan sculpté, architrave, colonne ioniques et pronaos. Les fenêtres ont des frontons curviligne et triangulaires superposés. L'intérieur de la villa est décoré de fresques de Paolo Veronese et de sculptures d'Alessandro Vittoria.

La Renaissance est liée à la redécouverte des artistes et des savants de l'Antiquité par les humanistes et les artistes des XVe et XVIe siècles.

Léonard de Vinci, L'homme de Vitruve, dessin à la plume, encre et lavis sur papier, intitulé Étude de proportions du corps humain selon Vitruve, réalisé vers 1492.

10 - Quel architecte antique (et romain) a inspiré Palladio ? Il a écrit De Architectura qui a beaucoup inspiré les architectes de la Renaissance.Il s'agit de l'architecte romain Vitruve qui vécut au dernier siècle de la République romaine (entre -90 et - 20). Léonard de Vinci a repris la théorie des proportions de Vitruve en 1492 pour faire son célèbre homme de Vitruve. Ce dessin montre les proportions humaines inscrites dans un cercle et un carré, et cette perfection voulue par la nature doit être reprise par l'architecture, selon Vitruve.

II - Des personnages illustres du programme de 5°

Desiderius Erasmus, peinture de Hans Holbein le Jeune, 1523, Musée du Louvre, Paris.

- Erasme (Desiderius Erasmus) : c’est un humaniste qui a vécu de 1469 à 1536. Il est né à Rotterdam. Il est l’auteur de beaucoup d’ouvrages dont l’Eloge de la Folie écrit en 1509. Il a écrit une nouvelle version grecque de la Bible, ce qui a déplut à l’Eglise. Il exprime les idées et les valeurs de l’humanisme : amour du savoir, confiance en l’homme et tolérance. Il vécut dans de nombreux pays d’Europe. Son nom a inspiré un programme de l’Union Européenne qui permet aux étudiants européens d’étudier dans un autre pays de l’Union Européenne : le programme Erasmus.

Le Mansa Moussa sur un atlas catalan du XIVe siècle, BNF, Paris
- Le mansa Moussa : ce roi qui régna entre 1312 et 1337 vraisemblablement, est le souverain plus célèbre de l’empire du Mali. Le mansa ("roi des rois") Kanta Moussa a fait un pèlerinage en 1324 à La Mecque car il était musulman. Il a laissé un souvenir extraordinaire aux chroniqueurs arabes par son faste tant il distribua son or. Mais il nous rappelle que l’esclavage était aussi très présent puisque le mansa Moussa était entouré de milliers d’esclaves. Son successeur, Mansa Souleymane, recevra en 1353 à Gao un voyageur et géographe arabe très connu : Ibn Battuta.

Jules Bastien-Lepage, Jeanne d'Arc, 1879, Metropolitan Museum of Art, New York.

- Jeanne d'Arc : cette jeune paysanne de Lorraine est la fille d’un riche laboureur. La France subit alors, à la fois, les assauts anglais et ceux de leur allié bourguignon. Le roi de France est Charles VII (date de règne : 1422-1461) et il ne règne que sur une petite partie de son territoire. Jeanne d'Arc aurait entendu les voix de saints ainsi que celle de l'archange Saint-Michel, lui demandant de bouter l’ennemi anglais hors du royaume. Elle a 16 ans en 1428 quand elle prend la route de Bourges, alors capitale du roi de France. Après sa rencontre avec Charles VII, elle libère Orléans en 1429 après de rudes combats, fait sacrer le roi à Reims quelques semaines plus tard mais elle est capturée à Compiègne (1430). Elle est exécutée sur le bûcher par les Anglais en 1431 à Rouen, après qu’un tribunal ecclésiastique, aux ordre des Anglais la déclare « relapse » (retombée dans l’hérésie). Réhabilitée en 1456, canonisée en 1920 par l’Eglise, elle a inspiré de nombreux films.

- Renée Falconetti dans La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Dreyer (1928).
- Ingrid Bergman dans Jeanne d'Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming en 1948 puis dans Jeanne au bûcher de Roberto Rossellini en 1954.

- Jean Seberg. dans Sainte Jeanne (Saint Joan) d'Otto Preminger en 1957.

- Florence Delay dans le Procès de Jeanne d'Arc de Robert Bresson en 1962.

- Sandrine Bonnaire dans Jeanne la Pucelle, de Jacques Rivette en 1994.

- Milla Jovovitch dans Jeanne d'Arc de Luc Besson en 1999.

- Clemence Poesy dans Jeanne captive de Philippe Ramos en 2011.


III - Les premiers Capétiens
Jean-Paul Laurens, L’Excommunication de Robert le Pieux, 1875, musée d'Orsay, Paris.
- Sous le règne de Robert II le Pieux (996-1031) , peu après « l’an mil », on brûle des hérétiques, c’est-à-dire des chrétiens dont la croyance et les pratiques sont jugés contraires à celles de l’Eglise catholiques. Robert le Pieux lui-même se verra menacé d'excommunication par le pape pour avoir répudié son épouse légitime et voulut convoler en juste noce avec sa maîtresse Berthe. Il devra céder et rejeter sa maîtresse pour éviter l'excommunication (le tableau de Jean Paul Laurens serait donc historiquement faux).

- Sous le règne de Henri Ier (1031-1060) , l’Eglise tente d’imposer aux seigneurs la paix de Dieu (interdiction de s’en prendre aux biens d’église, aux clercs et aux moines, aux femmes et aux marchands) et la trêve de Dieu (interdiction de faire la guerre durant les périodes de fêtes religieuses). En voulant limiter la guerre, l’Eglise tente de mettre les chevaliers au service de la religion. La cérémonie qui transforme un écuyer en chevalier, appelé l’adoubement comprend un serment de défendre l’Eglise.

- Sous le règne de Philippe Ier (1060-1108), les chevaliers iront combattre dans les guerres saintes appelées croisades. La première est prêchée par le pape Urbain II au concile de Clermont et elle entraînera la prise de Jérusalem et l'établissement de "royaumes latins" en sur la côte méditerranéenne du Liban et de la Palestine. Philippe Ier ne participe pas à la croisade car il a été excommunié pour avoir répudié son épouse et s'être remarié sans le consentement papal. Depuis la réforme grégorienne animée par l'intransigeant Grégoire VII (pape de 1073 à 1085). Le pape Urbain II n'est guère plus souple. Au concile de Clermont, il renouvelle la condamnation de Philippe Ier prononcée par l'évêque Hugues de Lyon. L'essentiel du règne de ce roi consiste à lutter contre ses grands vassaux comme le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant.

IV - Les débuts de l’islam
Grande Mosquée du Prophète (Al-Masjid Al-Nabawi) à Médine.
Après la mort du prophète Muhammad, le pouvoir revient au calife. Calife vient de khalifa en arabe qui signifie :successeur. Voici les quatre califes qui ont succédé au prophète Muhammad. Découvrez l’évènement qui s’est déroulé sous leur règne.

- Abu Bakr (632-634) : première rédaction du livre sacré de l’islam, le Coran , jusque là appris de mémoire par les compagnons du prophète Muhammad.

- Oman (634- 644) : ce calife crée l'ère de l'hégire, nouveau calendrier musulman, dont il fixa la date au 16 juillet 622, premier jour de l'hégire qui désigne le départ du prophète Muhammad et de ses compagnons de La Mecque vers l'oasis de Yathrib, ancien nom de Médine. Sous le règne d'Oman sont conquises la Syrie, la Mésopotamie, la Perse, la Palestine et l’Egypte.

- Othmann (644-656). Sous son règne, on fixe définitivement le texte du Coran.

- Ali (656-661) : il est le gendre du prophète Muhammad car il a épousé sa fille Fatima. Après son assassinat, en 661, Ali sera particulièrement vénéré par les chiites qui rejettent les califes qui succèdent à Ali. Ils font de Ali, le premier Imâm, personnes choisies dans la famille du prophète, qui est leur guide spirituel. En cela, il s’oppose aux sunnites.

V - La place de l’Eglise.
Les symboles des Évangélistes entourant le Christ en majesté sur le tympan de la cathédrale d'Arles Saint-Trophime.Les quatre évangélistes ont rédigé l’histoire de Jésus dans les Evangiles, d'après le mot grec euangélios signifiant « bonne nouvelle ». Ensemble les quatre Evangiles forment formant le Nouveau Testament.

Citez les noms des quatres évangélistes et le symbole attaché à chacun d’eux :

- Mathieu : l'homme. Ce publicain (percepteur d'impôts) quitta tout pour suivre le Christ. IL devint apôtre et écrivit le premier évangile. Il prêcha aux Hébreux, écrivit pour eux son Évangile en araméen, traduit en grec, et mourut martyr en Éthiopie, en 61. Son corps reposerait à Salerne.
- Marc : le lion. Il fut disciple de Pierre et l'un des premiers convertis au christianisme. Il suivit Paul dans ses prédications et mourut martyr en Egypte en 67. Ses reliques, conservées à Alexandrie, dans une petite chapelle, sont volées par deux marchands vénitiens au IXe siècle et déposées à Venise. On construisit pour les abriter la basilique Saint-Marc. Dans un but d'apaisement avec l'Eglise orthodoxe, le pape Paul VI décida, en 1968, de les restituer aux Coptes.
Les reliques de Saint-Marc reposent aujourd'hui sous l'autel de la Cathédrale Saint-Marc au Caire
- Luc : le taureau. Il fut le disciple de Paul qu'il suivit dans ses voyages. Il mourut peut-être en martyr à Rome sur la croix, à moins qu'il n'ait fini sa vie en Macédoine.
- Jean : l'aigle. Il fut apôtre du Christ, assista à sa mort sur le Golgotha. Il vécut longtemps, convertit beaucoup de disciples et disparut sans doute vers 101 à Ephèse.Les quatre Evangiles, selon les spécialistes, auraient été rédigées entre 65 et 110.