Malheureusement, quelques beaux parcours individuels ne doivent pas masquer la réalité de la discrimination dans la haute hiérarchie de l'appareil d'Etat. Si les femmes composent la majorité des agents de la fonction publique d'Etat (51,7 % de l'effectif total, enseignant et militaires inclus), elles n'y occupent que 20 % des postes de direction. Pire, on ne compte que 5 femmes préfètes sur un total de 192 préfets. Sources: cliquez ici
La loi a longtemps été discriminatoire envers les femmes : le Code Civil de 1804 consacrait l’incapacité juridique de la femme mariée : la femme, considérée comme une mineure, est entièrement sous la tutelle de ses parents, puis de son époux
Les changements les plus importants de la condition féminine ont surtout eu lieu à partir de 1944 en France.
Sur le plan législatif :
- 1944 : droit de vote des femmes.
- 1946 : le préambule de la Constitution de la IVe République affirme l’égalité entre les hommes et les femmes.
- 1965 : les femmes peuvent exercer un métier et ouvrir un compte en banque sans le consentement de leurs maris.
- 1970 : l’autorité parentale dénomme l’ensemble des droits et des devoirs que les parents ont à l’égard de leurs enfants. La notion de « chef de famille » est supprimée du Code Civil.
- 1975 : loi Veil qui légalise l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Cette loi complète la légalisation de la contraception depuis 1967 et donne au femme la "liberté de leur corps").
- 1983 : la loi "Roudy" impose l'égalité professionnellle entre les hommes et les femmes.
- 2000 : loi sur la « parité ». La parité est la répartition égale entre les femmes et les hommes.
La loi sur la parité contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d’hommes et de femmes lors des scrutins de liste (élections municipales, régionales, européennes) et prévoit une retenue sur la dotation financière des partis qui ne respecteront pas le principe de parité lors de la désignation des candidats pour les élections législatives.
Petite chronologie de la condition féminine, cliquez ici.Malgré ces avancées législatives, les inégalités hommes/femmes persistent dans la société française :
Les inégalités hommes-femmes au travail :
Des écarts de salaire à poste et compétence égal en moyenne de 26 % en défaveur des femmes. Cela touche surtout les postes de cadres dans les entreprises privées.
Les femmes subissent davantage le temps partiel subi que les hommes (exemple : métiers de la grande distribution).
Les discriminations en matière d'avancement et de carrière touchent davantage les femmes, au prétexte notamment des interruptions de travail dues aux congés-maternité.
Dans les pays scandinaves, une meilleure répartition entre hommes et femmes des congés parentaux a permis de remédier à ces inégalités mais pas en France (malgré l'instauration d'un congé de paternité de 14 jours en 2002).
Anne Lauvergeon, seule femme chef d'entreprise d'un grand groupe français.
Inégalité dans les postes de dirigeants: Au sommet des entreprises, on observe une seule femme chef d’entreprise d’une grande entreprise française (Anne Lauvergeon, patronne d’Areva).
Toutefois le nombre des femmes chefs d'entreprise progresse dans les plus petites entreprises. Au total, on constate que 27% des femmes sont aujourd'hui chefs d’entreprise dans les entreprises françaises. La plupart le sont devenus soit en créant leur entreprise, soit en reprenant une entreprise et beaucoup plus rarement par promotion interne.
Source: Cliquez sur ce lien.
Les inégalités hommes-femmes dans les études :
Ces inégalités sont d’autant plus choquantes que ce sont les filles qui réussissent le mieux à l’école. En 2008, 72% des femmes sortaient du système scolaire avec un diplômes équivalent ou supérieur au bac contre seulement 60% des hommes. Pourtant, les hommes restent surreprésentés dans les filières les plus prestigieuses et les écoles d’ingénieurs. A l’Ecole Nationale d’Administration, qui prépare les cadres politiques de la France, on ne compte que 33 % d’élèves femmes en 2011 alors que l’ENA a toujours été une école mixte depuis sa création.
Source : Filles et garçons à l’école sur le chemin de l’égalité - Ministère de l’Education nationale – 2008
align="justify">Anne Chopinet, major de promotion à Polytechnique au défilé du 14 juillet 1973 (elle est porte-drapeau de l'école mais aussi de l'avancée de la condition féminine).
Aujourd’hui, beaucoup de professions et d’écoles réservées autrefois aux hommes se sont ouvertes aux femmes. L’Ecole Polytechnique est devenue mixte en 1972 (Anne-Chopinet devient major de promotion l’année même de l’entrée des femmes dans l’école). Dans l'armée, les femmes composent en 2010 15 % des effectifs de l’armée contre 9 % en 2001. Mais là encore, les préjugés anciens demeurent puisque l’on ne retrouve que 10 % de femmes dans l’armée de terre contre 50 % de femmes dans le Service de santé des armées. Les femmes ne représentent que 5 % des officiers supérieurs contre 14 % des officiers subalternes. La féminisation des armées en cours devraient cependant permettre d’améliorer ces derniers chiffres.
Chrystel Nadeau, une des 11 femmes pilotes de chasse sur environ 350 pilotes de chasse dans l’armée de l’air française.
Affiche de recrutement de la police de 1972 qui en dit long sur les préjugés de l’époque (alors même que les concours d'entrée, à la même époque, se féminisent).
Pourtant la création des premiers postes de femmes policières, les « assistantes de la Préfecture de Police de Paris remonte à 1935. Après la création de la police nationale en 1966, on décide d’ouvrir les concours aux femmes dès 1968 (officiers de police adjoint puis suivent les concours d’inspecteurs en 1972, de commissaires en 1974, de gardiens de la paix en 1978). En 2007, la proportion de femmes policières était de 16 % .
Depuis les années 2000, des femmes sont mêmes devenues officiers dans le bastion ultra machiste des CRS (ici une lieutenant de CRS en 2005).
Ces réussites individuelles ne doivent pas masquer le fait que les femmes aujourd’hui se voient offrir encore une palette de métiers assez restreinte. Si les femmes ont su investir les métiers de professeurs, d’avocates, de médecins, celles qui sont moins diplômés se retrouvent très souvent cantonnées dans les métiers d’exécution, dans ces métiers typiquement féminins du secteur tertiaire : vendeuses, caissières, aides ménagères... , souvent à temps partiel et pour beaucoup en situation de sous-emploi. En France aujourd'hui, les 3 millions de personnes qui travaillent pour un salaire mensuel inférieur au smic sont, à 80 %, des femmes.
Les inégalités hommes-femmes dans le monde politique en France sont bien connues
Dans le monde politique, maintien de la sous-représentation des femmes malgré la loi sur la parité. La France n'est qu'à la 64e place mondiale pour la représentativité des femmes au Parlement.
Evolution de la représentativité des femmes à l'Assemblée Nationale (cliquez sur le schéma).
- % de femmes députés à l’Assemblée Nationale : 18% après les dernière élections législatives en 2007.
- % de sénatrices au Sénat : 20%
La part des femmes est très faible à la tête des assemblées locales :
- 2 femmes à la tête d’une présidence de région (sur 27 au total)
- 6 femmes à la tête d’un conseil général (sur 101)
- seulement 13, 8 % de femmes maires (sur les 36 000 communes françaises).
Exemple de paragraphe argumenté: Les femmes dans la vie politique et sociale.
Les femmes sont aussi victimes dans la société de violence qui ont longtemps été impunies:
Quelques exemples de violences faites aux femmes :
1 femme meurt tous les 3 jours assassiné par son conjoint (en France).
- les mariages forcés restent nombreux. Certaines qui les refusent peuvent être victimes de représailles physiques.
- les abus de pouvoir, le harcèlement sexuel sont des pratiques encore très répandus dans le monde du travail et dans le monde politique.
La France tarde à mettre en place une législation qui sera suivie d'effets pour mettre fin à ces violences faites aux femmes.
Conclusion : Si la condition des femmes s’est profondément transformée, des discriminations demeurent et l’élimination de ces discriminations passe à la fois par des changements législatifs mais aussi par une profonde transformation des mentalités.