lundi 24 janvier 2011

L'art naïf

Henri Rousseau, La Bohémienne Endormie, 1897 (Museum of Modern Art, New York)L’art naïf
Les peintres naïfs sont des peintres non-académiques, qui ne possèdent pas de formation artistique et dont le métier n’est pas celui d’artistes. Ces « amateurs » n’ont pas recours aux règles définies depuis la Renaissance. Les naïfs sont des peintres figuratifs qui ne pratiquent pas la perspective. Ils utilisent des effets de perspective géométriquement erronés, l’emploi de couleurs vives sans atténuation à l’arrière plan, une égale minutie apportée aux détails, sans qu’ils s’estompent dans l’arrière-plan. Le terme « naïf » aurait été utilisé pour la première fois au XIXe siècle, pour qualifier les œuvres du peintre Douanier Rousseau, qui peignait hors des normes académiques, sans suivre pourtant les recherches picturales de l'avant-garde.

Le douanier Rousseau
Henri Rousseau, La Guerre, 1893, Musée d'Orsay, Paris.
Henri Rousseau (1844-1910) fut appelé le « douanier Rousseau » par l’écrivain Alfred Jarry qui était son ami, lorsqu’il apprit que le peintre amateur travaillait au bureau d’octroi de Paris, un organisme chargé de percevoir des taxes sur les marchandises qui entraient dans Paris. Rousseau depuis est reconnu par le milieu de l’art comme un des peintres les plus inventifs de son temps. Ses tableaux distillent une atmosphère d’exotisme imaginaire et stylisée et de rêverie enfantine.

Henri Rousseau, Combat de tigre et buffle, 1891, Musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg

Rousseau reproduit des jungles, des animaux et une nature exubérante qu'il a découverte dans les musées de la capitale. L’exotisme abonde dans son œuvre même si Rousseau n'a pratiquement jamais quitté Paris. Son exotisme est imaginaire et stylisé, issu du Jardin des Plantes, du jardin d'Acclimatation, des revues illustrées et des revues de botanique de l’époque.On lui reprochait ses portraits de face de personnages figés,son manque de perspective,ses couleurs vives,sa naïveté et sa maladresse mais "Les...nostalgiques de l'enfance,les traqueurs de merveilleux et tous ceux qui entendaient naviguer loin des normes s'emballèrent.Ils virent en ce douanier un passeur,un homme à la lisière entre raison et fantasme,entre civilisation et sauvagerie." (Séric Biétry-Rivierre,Le Figaro,édition des 13 et 14 février 2010).

Henri Rousseau, Le Lion ayant faim se jette sur l'Antilope, 1905, Fondation Beyeler de Bâle.

Grand solitaire, n'appartenant à aucun mouvement de peinture, le Douanier Rousseau est l'objet de moqueries incessantes mais les milieux artistiques d’avant-garde sont ravis par "...les trente nuances de vert de ses forêts inextricables,où se mêlent sans souci de vraisemblance le houx,le cactus,le paulownia,le marronnier,l'acacia,le lotus ou le cocotier..." Ses jungles montrent des animaux féroces se jetant sur leur proie mais elle révèlent progressivement une grande inspiration onirique.

Henri Rousseau, Le Rêve, 1910, Museum of Modern Art (MOMA) de New York.
D'abord critiquées par leur manque de réalisme et leur naïveté, ses « jungles », une des thématiques les plus fécondes de l'oeuvre de Rousseau, seront plus tard reconnues comme des modèles par la critique comme par le grand public, d'où cette phrase de Guillaume Apollinaire lors du salon d'Automne où Rousseau exposa Le Rêve : « Cette année, personne ne rit, tous sont unanimes : ils admirent. »
Séraphine de Senlis

Séraphine "de Senlis", Le bouquet de feuilles, 1922-1930.

Séraphine « de Senlis » (Séraphine Louis – 1864-1942) qui fut bergère et domestique, peint à la bougie dans son modeste logement et dans un grand isolement, de vastes compositions florales qui finissent par attirer l’attention du milieu artistique.

Séraphine Louis dite "Séraphine de Senlis", Deux Grandes Marguerites, 1925.