La crise politique des années trente et le Front populaire en France
Document 1. L'union du « peuple républicain »
« L'an dernier, le peuple républicain, sans distinction de partis et de doctrines, s'était uni pour faire front contre les trublions* des ligues factieuses. On ne savait pas ce que produirait ce rassemblement (...)Et voici que ce que personne n'avait osé espérer s'était réalisé. Les forces éparses de la démocratie s'étaient rencontrées pour une longue union solidaire. Les partis et les organisations avaient réussi à élaborer un programme. »
Victor Basch*, 14 juillet 1936
* Trublion : qui sème le trouble.
* Philosophe et professeur, un des grands inspirateurs du Front populaire.
Document 2 : Les grèves de 1936 en France.
« Au lendemain des élections, le mécontentement qui couvait depuis longtemps commença à se développer avec force dans de nombreuses industries. Au Havre, à l'usine d'aviation Bréguet, les ouvriers en grève, au lieu de quitter l'usine, emploient une autre méthode : celle de la grève sur le tas, en s'installant dans l'usine jusqu'à satisfaction... Le 26 mai, il y a dans la région parisienne5000 grévistes. Le mouvement est lancé et gagne de proche en proche. »
J.-M. Bertin, Que faire ? (juillet 1936)
Document 3 : Témoignages d'ouvriers lorrains.
"C'était un de mes meilleurs souvenirs : ça a été mes douze premiers jours de congés payés. Parce que jusque-là, on n'avait rien. En plus... il y avait les quarante heures, mais payées quarante-huit heures..."Puis sont arrivées les conventions collectives, où un patron n'avait plus le droit de payer un ouvrier selon ce qu'il le jugeait d'après sa mine... s'il avait de grandes oreilles ou pas..."On peut dire qu'on a connu une certaine prospérité après 36. On venait de traverser la crise de 193O avec... les petits salaires, les cigarettes que l'on achetait au détail... À partir de 1937, les salaires ont sérieusement augmenté ; on a commencé à voir fleurir tous les postes de radio dans la cité, les bicyclettes. En un an, il y a eu un changement terrible."
S. Bonnet. L'Homme du fer, tome 2 (Presses universitaires de Nancy, 1962)
Questions
Document 1.
1.(2 pts) À quelle union fait allusion l'auteur ? Quels partis constituent cette union ? Quel caractère commun ont-ils entre eux d'après le texte ?
2. (1 pt) À quel danger cette union veut-elle faire face ? Citez un événement, alors récent, confirmant l'importance de ce danger.
3. (1 pt) Quel programme cette union a-t-elle « réussi à élaborer » ?
Document 2
4. (1 pt) De quelles élections est-il question ? Qui va diriger le nouveau gouvernement issu de ces élections ?
5. (1 pt) Quelle nouvelle méthode les ouvriers emploient-ils pour faire aboutir leurs revendications ? En quoi consiste cette méthode ?
Document 3
6. (1 pt) Relevez dans le texte les avantages obtenus par les ouvriers.
7. (1 pt) Comment s'appellent les accords qui donnent aux ouvriers la plupart de ces avantages ? Quand et par qui ont-ils été signés ?
Corrigé
Questions:
1. L'auteur fait allusion au Front populaire. Ce Front est constitué du parti communiste, de la SFIO et du parti radical. Leur caractère commun est d'être attaché à la démocratie.
2. Le Front populaire veut faire face à la menace que font peser les ligues factieuses d'extrême-droite sur le régime démocratique. Le danger était apparu aux yeux de tous lors des tragiques émeutes antiparlementaires du 6 février 1934.
3. Le programme du Front populaire est contenu dans son mot d'ordre « le pain, la paix, la liberté ». « Le pain », car la crise économique a développé la misère dans le monde du travail. « La paix », pour s'opposer aux menaces de guerre. « La liberté », c'est à dire la préserver en interdisant les ligues factieuses qui voudraient la supprimer.
4. Il est ici question des élections législatives d'avril-mai 1936 qui virent la victoire du Front populaire. Le chef de la SFIO, Léon Blum va diriger le premier gouvernement de Front populaire.
5. Les ouvriers font « la grève sur le tas », c'est-à-dire qu'ils occupent l'usine jusqu'à la satisfaction de leurs revendications.
6. Dans ce texte sont cités : les congés payés; la semaine de quarante heures, les conventions collectives et les augmentations de salaire.
7. Les accords Matignon entre le patronat et les syndicats de salariés signés le 7 juin 1936 en présence de Léon Blum ont donné aux ouvriers la plupart de ces avantages.