1) Les premiers habitants (source : histoire sociolinguistique des Etats-Unis extrait du site : aménagement linguistique dans le monde).
Paul Kane, Assiniboine à la chasse aux bisons, huile sur toile, 46×73,7 cm, (1851-1856). Les Assiniboines sont des Indiens Dakotas de la région canadienne du lac Winnipeg dans l'actuel Manitoba.
Le débat sur l'origine et la date de l'arrivée des Amérindiens en Amérique du Nord n'est pas clos. Les découvertes archéologiques indiquent que l'est des États-Unis est habité depuis plus de 12 000 ans, alors que l'arrivée des premiers habitants du continent remonterait à plus de 30 000 ans. Parmi les hypothèses expliquant l'arrivée des Amérindiens, la plus connue laisserait entendre que des tribus de Mongolie et de Sibérie auraient, par petites bandes de chasseurs, émigrés d'Asie par le détroit de Béring, profitant d'une baisse du niveau de la mer. Certains scientifiques pensent que d'autres peuples auraient pu arriver sur les côtes nord, il y a 17 000 ans avant notre ère, lors de la déglaciation des régions du nord. D'autres spécialistes croient que les premiers habitants auraient traversé l'océan Pacifique par bateau pour arriver d'abord en Amérique du Sud.
Malgré les difficultés à établir des statistiques, la plupart des historiens s'accordent pour estimer la population autochtone des actuels États-Unis de 7 à 8 millions de personnes en 1492.
Carte des huit familles linguistiques importantes qui ont existé sur le territoire actuel des États-Unis avant que leurs locuteurs aient été en grande partie déplacés par les Européens (Source: L'Aménagement linguistique dans le monde).
Les peuples améridiens se divisent en plusieurs grandes familles linguistiques, elles-mêmes morcelées en différentes tribus.
- Au nord-est, les Iroquois vivaient dans la vallée du Saint-Laurent, dans le secteur des lacs Érié et Ontario, dans la vallée du fleuve Hudson et dans la partie ouest des Appalaches (vaste ensemble montagneux de l’est de l’Amérique du Nord, presque parallèle à la côte atlantique, de la province de Québec au nord de l’Alabama). Ils comptaient au moins six grandes tribus: les Tuscarosas, les Senecas, les Cayugas, les Oneidas, les Onondagas et les Mohawks. Les Hurons de la région du Saint-Laurent qui allaient être les premiers Amérindiens à rentrer en contact avec les Français, appartiennent à ce groupe bien qu'ils vont constituer les principaux adversaires de la Ligue Iroquoise.
- Autour de ce groupe vivaient les Algonquins. Depuis fort longtemps, ils formaient des tribus hostiles les unes aux autres: les Ottawas, les Cheyennes, les Arapahos, les Pieds-Noirs, les Shawnees, etc.
- Plus au sud, on trouvait les Muskogéens (Muskogeans) installés près du Mississipi et de l'Atlantique, des Appalaches jusqu'en Floride: Creeks, Cherokees, Choctaws, Chickasaws, Natchez et Séminoles.
- Dans les régions de la Virginie et de la Caroline du Nord, ainsi que dans le centre du continent jusqu'à l'actuelle frontière canadienne, vivaient les Sioux: Assiniboines, Crows, Dakotas, Lakotas, Hidatsas, Mandans, Iowas, Kansas, Osages, Omahas, Ponas, Quapaws.
- Dans les grandes plaines, des tribus parlent les langues de la famille linguistique des Caddos: ce sont les Arikaras (Dakota du Nord) les Pawnees (Nebraska, Kansas), les Wichitas (Kansas, Texas), etc.
- Dans les Rocheuses, entre le Grand Bassin et l'Amérique Centrale, on trouve des peuples de langue uto-aztèque: shoshoni, paiute, ute (qui donnèrent leur nom à l'Utah), hopi, comanche, piman, etc. Le nahuatl, langue des Aztèques du Mexique, forme une branche de la famille uto-aztèque.
- Dans le Sud-Ouest, des peuples sédentarisés habitaient un territoire semi-aride, les Athapascans: parmi eux les Navajos et les Apaches. D'autres Athapascans vivaient dans le Nord: Kaskas, Tananas, Chipewayans, Kutchins, etc.
- certains peuples appartiennent à des ensembles linguistiques à part comme les Zuñis du Nouveau Mexique et de l'Arizona.
- Enfin, dans l'actuelle Alaska, on trouvait les Inuits.
Ces peuples d'Amérique furent affublés par ignorance du nom d'Indiens. Se croyant rendus aux Indes, ce sont les Espagnols qui ont donné aux autochtones le nom d'Indiens (en espagnol: Indio au singulier et Indios au pluriel). En réalité, Christophe Colomb avait baptisé Indios les autochtones parce qu'il n'avait pas su bien évaluer la taille réelle du globe! Plus tard, les Français désigneront, eux aussi, les autochtones comme des Indiens ou des Sauvages, ce dernier terme étant tombé en désuétude seulement au cours du XXe siècle. Les Britanniques et, plus tard, les Américains reprendront le terme Indians, mais ils y ajouteront Red Indians (en français Peaux-Rouges) qui s'opposera à Pale-Face (en français: Visages pâles). Puis, après quelque 200 à 300 ans de contacts, ainsi que des maladies telles que la petite vérole, la tuberculose, la scarlatine et la rougeole, le tout combiné aux conflits armés et aux famines, viendront décimer la plus grande partie de ces populations.
Aux États-Unis, on préfère aujourd'hui avoir recours aux termes Aboriginal peoples (Amérindiens ou autochtones), Natives («natifs»), tribal group («groupe tribal») ou plus rarement Autochtons (peuples autochtones ou nations autochtones). Au Canada, on utilise fréquemment First Nations ou Premières Nations.
2) Les explorations européennes
Vers l’an 1000, première tentative de colonisation européenne par les Vikings (?) . Cliquez sur ce lien: l'Anse aux Meadows
1492 : 17 avril : capitulation de Santa Fe. Les rois catholiques Ferdinand d’Aragon et Isabelle de Castille sont alors dans le camp militaire de Santa Fe de la Vega près de Grenade conquise le 6 janvier. Ils signent avec Christophe Colomb un contrat (capitulacion) qui établit les conditions du voyage d’exploration de Colomb afin de découvrir une nouvelle route maritime vers l’Asie par l’Ouest.
12 octobre 1492: Christophe Colomp débarque sur les côtes d’Amérique.
Arrivée de Christophe Colomb, parti de Palos le 3 août en compagnie des frères Martin et Vincent Pinzón à bord de la Pinta, de La Niña et de la Santa María. Le 12 octobre, ils atteignent l’île de Guanahani (Bahamas), baptisée San Salvador, puis les grandes Antilles, Cuba (28 octobre) qu’il appelle Juana (en l’honneur de la fille des rois d’Espagne) et Haïti qu’il appelle Española.
Christophe Colomb en Amérique (gravure de 1893).
1493 : Bulle Inter Coetera
4 mai : Par la bulle Inter Coetera, le pape Alexandre VI Borgia attribue à partir d'une ligne imaginaire nord-sud à 100 lieues à l'ouest des Îles du Cap-Vert, les terres en deçà aux Portugais, au-delà aux Espagnols. Les négociateurs Portugais refusent ces dispositions.
1494: Traité de Tordesillas.
7 juin : L'Espagne et le Portugal signent, contraint par le pape Alexandre VI, le traité de Tordesillas, par lequel, ces deux puissances s'entendent sur le partage des territoires du Nouveau Monde. La ligne de 1493 est repoussée à 370 lieux plus à l’ouest.
Tout ce qui serait découvert à l'ouest de la longitude 50° appartiendrait à l'Espagne, et tout ce qui serait à l'est (Afrique comprise) appartiendrait au Portugal. En fait la papauté avait attribué non pas des zones de colonisation, mais des zones d'évangélisation, distinction subtile qui ne résista pas aux appétits de ces deux puissances européennes.
1496 : 5 mars : Henri VII d'Angleterre s'attache les services de Jean Cabot par lettre patente pour découvrir des terres inconnues. Il s’agit de trouver aussi une nouvelle route vers l’Asie mais en passant par le Nord-Ouest.
Le Matthews de Jean Cabot
1497 : 24 juin : Jean Cabot explore les côtes de Terres-Neuve.
Au service de l'Angleterre, le navigateur vénitien Jean Cabot (Giovanni Caboto), parti de Bristol le 2 mai, explore avec le Matthews les côtes de l'Amérique du Nord et aborde Terre-Neuve ou l'île du Cap-Breton (Canada) qu’il revendique pour l’Angleterre. Il longe les côtes du Labrador et de la Nouvelle-Angleterre, qu’il prend pour l’extrémité nord-est de l’Asie. Devant le roi Henri VII, Jean Cabot affirme un peu vite qu'il a atteint la Chine ou le Japon. Il obtient de faire un second voyage pour confirmer ses dires. Mais celui-ci ne donnera aucun résultat. Le voyage de Cabot révèle aux marins anglais la présence des grands grands bancs de morue au large de Terre-Neuve. Cliquez sur ce lien.
1498 : Mai : Jean Cabot quitte Bristol à la tête d'une seconde expédition dans le but d’atteindre le Japon par le nord-ouest. L’expédition disparaît.
1500 : L'explorateur portugais Gaspar Corte Real reconnaît la côte sud du Labrador et redécouvre le Groenland.
João Fernandes Lavrador, un autre navigateur portugais, longe le littoral du Labrador actuel (nommé en son honneur) et le cartographie vers 1500 en compagnie de l'explorateur Pêro de Barcelos, mais sans prise de possession des terres.
1502 - Juin : Le Portugais Miguel Corte-Real aborde à Terre-Neuve et gagne le golfe du Saint-Laurent. Il repart au Portugal avec des Amérindiens qu'il a fait capturer.
1503 - Dans une lettre intitulée Mundus Novi, le navigateur italien Amerigo Vespucci,,né à Florence en 1454, et qui a participé à plusieurs voyages d'exploration sur les côtes du Brésil jusqu'au sud de l'Argentine, émet l'idée que le continent découvert par Christophe Colomb est un nouveau continent.
1504 - Les Anglais installent le relais de pêche de Saint John à Terre-Neuve. Début de la grande pêche à la morue.
Le planisphère de Waldseemüler, la première carte qui montre l'Amérique séparée de l'Asie.
1507 - 25 avril : Publication par le cartographe allemand Martin Waldseemuller de l’Universalis Cosmographia (aujourd'hui connu sous le nom de planisphère de Waldseemüller), où le nom America figure pour la première fois en hommage à Amerigo Vespucci. Martin Waldseemuller attribue la découverte du nouveau continent à Amérigo Vespucci (il a le premier publié des lettres dans lesquelles il affirme que les terres découvertes sont un immense continent inconnu). Il rectifiera par la suite son erreur. Il est vrai cependant qu’Amerigo Vespucci est le premier navigateur à affirmer avoir découvert un nouveau monde qui ne soit pas les Indes. L’Amérique est définitivement le nom du continent révélé aux Européens par Christophe Colomb.
1508 - Voyage de Sébastien Cabot à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent. Il remonte le détroit d’Hudson où il devine l’amorce du passage du Nord-Ouest. Son équipage refuse de s’aventurer dans les glaces et Sébastien Cabot doit faire demi-tour.
1508- Voyage de Thomas d'Aubert, navigateur dieppois à Terre-Neuve et dans le golfe du Saint-Laurent.
1513 : Ponce de Léon explore les côtes de Floride
1520 : 21 octobre : Le navigateur portugais José Álvares Fagundes découvre Saint-Pierre-et-Miquelon.
1521: seconde exploration de la Floride par Ponce de Leon qui tourne au désastre.
1521 - Expédition de Francisco Gordilla et de Pedro de Quexos à l'embouchure de la rivière Pee-Dee (dans l'actuelle Caroline du Sud).
1524 - l'Espagne, qui avait jusque là concentré ses efforts sur l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud, envoie Estévão Gomes explorer la côte de l'Amérique du Nord.
1526 – juillet- 18 octobre : Echec d’une première tentative de colonisation espagnole en Caroline du Sud menée par Lucas Vázquez de Ayllón.
17 janvier-7 mars 1524 : L’explorateur florentin Giovanni da Verrazano, voyageant pour le compte du roi de France, François Ier, et pour des armateurs de Dieppe, explore la côte de l’Amérique du Nord du Cap Fear, en Caroline du Nord (17 janvier) à l’île du Cap Breton, en Nouvelle-Écosse. Il découvre la baie de New York et l'embouchure du fleuve Hudson (7 mars). Il pressent que l’Amérique du Nord constitue un continent.
1528 - Désastre de l'expédition de Pánfilo de Narváez.
Cliquez sur ce lien: Cabezo de Vaga et le désastre de l'expédition de Pánfilo de Narváez.
1528-1536 : périple de Álvar Núñez Cabeza de Vaca (1507- Jerez de la Frontera- 1559 – Séville) et de ses trois compagnons dans le continent américain.
1534 Premier des trois voyages de Jacques Cartier au Canada.
1535-1536 : deuxième voyage de Jacques Cartier
1539/1543 : Hernando de Soto explore les régions s’étendant de la Floride au Mississippi, dont les cours d’eau Savannah, Alabama et le Mississippi.
Ce conquistador est originaire d’une modeste famille d’hidalgo d’Extremadure. De Soto embarque pour le Nouveau Monde en 1514 avec le premier gouverneur de Panama, Pedranas d’ Ávila. En 1523, il accompagne Francisco Hernández de Cordoba qui, sur ordre de Pedranas, part à l’exploration et à la conquête de l’Amérique Centrale (Panama, Nicaragua, Honduras). Hernando de Soto se montre capable d’une grande bravoure durant la conquête de Panama mais aussi d’une extrême brutalité. En 1528, De Soto devient regidor de Leon, Guatemala, puis mène une expédition sur les côtes de la péninsule du Yucatan à la recherche d’un passage entre l’Atlantique et le Pacifique. C’est un échec et De Soto se joint alors à l’expédition de Francisco Pizarro lors de sa conquête du Pérou en 1532. Avec un groupe de cinquante hommes, De Soto suit la route de Cuzco pour négocier avec Atahualpa et c’est lui qui parvient à décider l’empereur inca à l’entrevue de Cajamarca au cours de laquelle il sera fait traitreusement prisonnier. Toujours envoyé à l’avant-garde, ce qui atteste la confiance que lui voue Pizarro, De Soto avec une quarantaine d’hommes balaie l’armée inca de Cuzco et permet la prise facile de la capitale inca en La conquête est sanglante et marquée par les exactions des conquérants mais, en 1536, De Soto rentre en 1536 très riche du Pérou. Parti pauvre avec son épée et sa rondache (bouclier), il revient fortuné, entouré d’une véritable cour et peut dès lors épouser la jeune et riche Isabelle Bodavilla, fille de Pedranas d’ Ávila. Charles Quint lui accorde les honneurs et lui confie la mission de coloniser les terres traversées par Cabeza de Vaca dont le récit a fasciné De Soto. Le conquistador devient gouverneur de Cuba, adelantado de Floride et marquis … d’une partie des terres qu’il découvrira. De Soto quitte l’Espagne le 6 avril 1538 après avoir recruté près de 620 volontaires pour la conquête de la Floride. A Santiago de Cuba, d’autres navires se joignent à la future expédition. Il rejoint La Havane, point de départ de l’expédition. Le 18 mai 1539, l’expédition quitte La Havane avec 9 navires, 570 hommes et femmes et 213 chevaux. À bord, on trouve des prêtres, des artisans, des ingénieurs, des fermiers, des marchands et bien sûr, des hidalgos. L’itinéraire du périple de De Soto divise les historiens jusqu’à aujourd’hui.
Hernando de Soto (Bibliothèque du Congrès) . Gravure de 1791.
La légende espagnole se lit comme suit:
«Hernando de Soto: Estrémadure, l'un des découvreurs et des conquérants du Pérou: il a voyagé à travers tous les vaincus de la Floride et ses indigènes toujours invincible, il est mort dans son expédition dans l'année de 1543 à la 42 de son âge".
Le 30 mai, de Soto arrive en un lieu qu’il baptise Espiritu Santo (l’actuel Bradenton (Floride)19 dans la baie de Tampa aux États-Unis). C’est là qu’il entre en contact avec un survivant de l’expédition de Narvaez, Juan Ortiz, capturé par les Indiens. Ortiz, originaire de Seville, avait été capturé par les guerriers d’une tribu Un jeune Espagnol nommé Juan Ortiz, né à Séville, qui était venu en Floride à la recherche de l’expédition de Narváez, disparue en 1528, et qui avait été capturé par une tribu Calusa qui occupait le sud de la Floride. Il avait échappé à la mort de justesse quand la fille du chef Hirrihigua de la tribu Calusa supplia qu’on lui sauve la vie, après que son père est ordonné qu’Ortiz soit brulé vif. Ortiz n’en a pas moins subi tortures et captivité et il rallie immédiatement l’expédition de De Soto. C’est un atout essentiel pour les Espagnols car il connaît la région et les dialectes indiens. Il sert alors d’interprète et il établit un système ingénieux de communication avec les Indiens. Des guides des tribus Paracoxi sont recrutés dans chacune des tribus, tout au long du parcours. Une chaîne de communication est établie par un guide ayant vécu à proximité d’une autre tribu, qui passe l’information à un nouveau guide de cette région et ainsi de suite. Comme Ortiz refuse de se vêtir et de se comporter comme un noble espagnol7, les officiers de de Soto se méfient de ses conseils, mais De Soto se fie à Ortiz, lui accordant de se vêtir et de vivre comme ses amis des tribus Paracoxi.
Ortiz est d’autant plus précieux que l’expédition se heurte d’emblée à une farouche résistance indienne. Les peuples de la région sont désormais renseignés par le passage de l’expédition précédente, celle de Panfilo Narvaez, sur le degré de violence et de sauvagerie que sont capables de mettre en œuvre les Conquistadors pour parvenir à leurs fins.
Voici ce que déclare un chef indien au Conquistador qui veut traiter avec lui : « J’ai appris par ceux qui sont venus avant vous, ce que sont les Espagnols… des vagabonds vivant de meurtres et de rapines, et frappant les gens qui ne vous ont rien fait. Je ne veux pas d’une paix avec des gens de votre sorte. Je ne vous crains pas et vous combattrez tant que vous serez dans ce pays. » ((Jean Pictet, L’épopée des Peaux-Rouges, Editions du Rocher, 1994, pp. 78) De Soto est un conquistador particulièrement brutal et sans pitié comme l’atteste les exactions que va commettre sa troupe durant tout le périple. Les indiens capturés contraints de lui servir de guides, le conduisent droit sur le terrain d’une embuscade ? Qu’à cela ne tienne, le Conquistador Hernando de Soto les fait égorger par ses chiens, de féroces matins qui accompagnent l’expédition. Peu soucieux de colonisation (il ne fonde aucun établissement durant sa progression) et de christianisation, bien qu’il emmène avec lui des missionnaires, le conquistador n’est intéressé que par la recherche de l’or. Bientôt de Soto De Soto s’engage à l’intérieur des terres de Floride en direction du nord. Il reste en contact avec sa flotte qui remonte la côte occidentale de la péninsule floridienne. Les Espagnols vivent sur le pays, s’emparant des récoltes et des vivres des communautés indiennes croisées en chemin comme seul procédé de survie. Mais ils doivent affronter de multiples embuscades souvent meurtrières. Comme l’écrit Jean Pictet : « Partout où ils passent les Espagnols exigent des porteurs et des domestiques, hommes et femmes, qu’on leur fournit en général pour obtenir leur départ. Ils sont enchaînés par le cou. S’ils se rebellent, on les brûle vifs. Soto qui se présente lui-même comme le fils du Soleil, cherche d’abord à rallier les chefs et leur faire admettre la souveraineté du Roi. Quand ils refusent, il les prend pour otage. En partant, l’Ibérique fait dresser pieusement une grande croix de bois dans le village » (Jean Pictet, L’épopée des Peaux-Rouges, Editions du Rocher, 1994). Face à chaque nouvelle communauté autochtone, c’est la même histoire qui se reproduit : capture d’Indiens transformés en esclaves, prise en otage du cacique (chef), pillage des provisions et dévastation des villages s’ils résistent. Mais les Espagnols eux-mêmes sont obligés de serrer les rangs, les soldats s’écartant quelque peu du chemin risquant la capture, leur corps étant retrouvés mutilés et décapités. Les embuscades indiennes sont incessantes. Cette violence suscitée par les conquérants jalonne la piste suivie par l’expédition, d’un monceau de cadavres et de cendres.
A la fin octobre 1539, De Soto parvient à Anhaica, capitale des Indiens Apalaches, sur le site de l’actuelle ville de Tallahassee en Floride. La cité comprenait alors, selon les historiens et archéologues qui ont retrouvé le site en 1988, près de 30 000 habitants. Ceux-ci furent contraints à la fuite dès l’arrivée du Conquistador.
Le 3 mars 1540, l'expédition quitte Anhaica ; ayant entendu parler de mines d’or « en direction du soleil levant », ils partent vers le nord-est à travers les actuels États de Géorgie et de Caroline du Sud, jusqu’à la ville actuelle de Columbia (Caroline du Sud). Ils y sont bien accueillis par une femme, la « dame de Cofitachiqui » qui gouverne la communauté. Peu au fait dans cette région des exactions des conquistadors, elle leur offre des perles, de la nourriture, des tissus et tout ce que les Espagnols peuvent désirer, dont de l’or et de l’argent, qui se révèleront n’être que cuivre et pyrite de fer. Les Espagnols ne s’en contentent pas et décide d’emmener la princesse en otage et les notables comme guide. Une nuit, la belle indienne et ses compagnons faussent compagnie aux conquérants. Un autre guide vient renforcer l’expédition. C’est un jeune garçon indigène, Perico, ou Pedro, originaire de l’actuel État de Géorgie, et qui parle la langue de plusieurs des différentes tribus ou nations et se montre à mêm de communiquer avec Ortiz. Le 3 mai, de Soto se dirige vers le nord, en direction des monts Appalaches de l’actuelle Caroline du Nord, où il passe un mois, jusqu’au 2 juillet, laissant les chevaux paître sur une herbe grasse7 et se reposer alors que ses hommes cherchent de l’or. Ils entrent ensuite sur le territoire de l’actuel Tennessee et du nord de la Géorgie, où ils restent jusqu’au 20 août, mais sans résultats, la région ne montrant aucun signe de présence d’or. De Soto décident de prendre la route du sud, en direction du Golfe du Mexique, pour y trouver deux navires amenant des provisions depuis La Havane. Le point de rendez-vous est la baie d’Achusi mais le capitaine Diego Maldonado qui commande la flotte de secours ne rencontre personne sur place. Il ne reverra plus jamais De Soto.
Le 18 octobre 1540, alors qu’ils traversent l’actuel État d'Alabama, les Espagnols se retrouvent devant une ville sommairement fortifiée, nommée Mavilla ou Mauvila (sans doute proche de l’actuelle ville de Mobile). Ils vont y livrer leur plus dure bataille. Un Indien converti les avise que la cité est pleine de guerriers Choctaw en armes dirigé par le chef Tuscalusa déterminé à vaincre ou à mourir. De Soto se présente seul pour ordonner aux caciques de se soumettre mais il manque d’être capturé. Il décide alors de prendre la ville d’assaut. Après neuf heures de combat acharné où les Indiens infligent de lourdes pertes aux Espagnols, la cité est anéantie. Mais les pertes espagnoles sont très lourdes en tués (près de 70) et surtout blessés (un quart de l’effectif dont De Soto blessé). Les Indiens Choctaw ont des centaines de tués mais tous ont préféré la mort à l’esclavage (les chiffres des pertes indiennes fournis par les chroniqueurs espagnols semblent souvent marqués par l’exagération). Au total, l’expédition espagnole depuis son entrée en Floride, a perdu une centaine d’hommes et elle compte autant ou plus de blessés et malades. Elle a perdu une grande partie de ses chevaux et de ses biens (les arquebuses sont perdues ou inutilisables). Sa réputation d’invulnérabilité est remise en cause par ses nombreuses pertes ce qui renforce la résistance indienne. Face à cette situation, les capitaines de De Soto le pressent de gagner au plus vite la baie d’Achusi et ils envisagent de l’abandonner. Pour réaffirmer son autorité et éviter que la nouvelle des échecs de l’expédition parviennent jusqu’en Espagne ou la désertion de ses soldats, De Soto décide soudain de changer ses plans. Renonçant à marcher vers le sud pour retrouver Maldonado, il choisit le 18 novembre de bifurquer vers l’ouest et le nord à l’intérieur des terres. En décembre 1540, l’expédition subit de nouvelles pertes durant ses combats avec les Indiens. De Soto fait sans doute hiverner ses hommes dans l’actuelle Tennessee.
En repartant vers le nord, à partir de mars 1541, l’expédition rencontre la tribu des Chicachas (ou Chickasaws). De Soto leur demande 200 hommes comme porteurs mais, prévenus des méthodes espagnoles, les Indiens refusent et décident d’attaquer le camp espagnol durant une nuit de mars 1541 en profitant d’un vent glacé qui souffle en tempête. Les Espagnols sont surpris dans leur sommeil. Ils subissent de lourdes pertes et sont au bord de l’anéantissement. Mais les Indiens stoppent leur attaque ce qui sauve les Espagnols contraints de reconstruire un nouveau camp mieux fortifiés. L’expédition décimée et affaiblie subit de nouvelles attaques mais parvient à repartir le 25 avril, toujours plus vers l’ouest.
Le 8 mai 1541, de Soto découvre le Mississippi, selon la représentation romantique de William Henry Powell (1824 - 1879). Ce tableau de 1847 est exposé au Capitole des Etats-Unis à Washington.
Quelques jours plus tard, le 8 mai 1541, de Soto et ce qu’il reste de sa troupe atteignent un rivière large d’une demi-lieue, boueuse et dont le courant violent entraîne continuellement des troncs d’arbres. Cette immense rivière est très poissonneuse, pleine d’espèces inconnues en Espagne, et les Espagnols la nomme alors Rio Grande ou Rio de Espiritu Santo ou « Père des Eaux » selon les Indiens. Ils viennent en fait de découvrir le Mississippi. Il n’est pas certain qu’ils soient les premiers Européens à découvrir l’Old Man River, mais ils sont les premiers à rapporter et à documenter le fait.
De Soto n’est que peu intéressé par cette découverte, il y voit plutôt un obstacle à sa mission. Il aurait un temps envisagé de descendre le fleuve jusqu’à son delta pour rentrer à La Havane mais les Espagnols comprennent vite que la navigation est impossible sur ce fleuve tumultueux avec des radeaux. Il faut donc, pour les 400 hommes de l’expédition, le traverser et De Soto a encore 400 hommes. Après un mois consacré à la fabrication de quatre barges, les Espagnols traversent enfin le Mississippi, et pénètrent dans les Plaines. Les Indiens y sont encore plus agressifs et farouches. L’expédition continue sa route en direction de l’ouest vers les actuels États d’Arkansas, d'Oklahoma, et du Texas. Elle passe l’hiver à Autiamque, sur les rives de la rivière Arkansas. Depuis leur départ, les Espagnols ont perdu 250 hommes et 150 chevaux.
Après un hiver rigoureux, l’expédition lève le camp le 6 mars 1542. Leur fidèle guide Juan Ortiz est mort durant l’hiver, et il leur est de plus en plus difficile de trouver leur route, d’obtenir de la nourriture et de communiquer avec les indigènes. L’expédition va jusqu’à la rivière Caddo, où elle se trouve confrontée à la tribu des Tula, dont les Espagnols diront que ses guerriers sont les plus talentueux et les plus dangereux qu’ils aient rencontrés. Les femmes participent avec la même ardeur que les hommes au combat. L’affrontement se produit dans la région de l’actuel Caddo Gap (en Arkansas) (un monument y est d’ailleurs aujourd'hui érigé). Les Espagnols décident alors de s’en retourner vers le Mississippi4.
Le 17 avril, l’expédition arrive sur la rive ouest du Mississippi, dans le village indien de Guachoya (proche de l’actuel McArthur en Arkansas). De Soto est bientôt pris de fièvres. Le 20 mai, il réunit ses capitaines et attribue le commandement à son capitaine général, Luis de Mosoco de Alvarado7. Il meurt le lendemain, 21 mai 15427. Comme de Soto a propagé parmi les indigènes la rumeur voulant que les chrétiens sont immortels (afin d’obtenir leur allégeance sans combat), ses hommes taisent sa mort. Ils enveloppent son corps dans des draps lestés et l’immergent nuitamment au milieu du Mississippi (les Indiens cependant se rendront compte de la ruse).
Pendant trois années, l’expédition a exploré La Florida sans y trouver les trésors escomptés ni même un site hospitalier afin d’y établir une colonie. Elle a perdu la moitié de ses hommes, la plupart de ses chevaux (qui apportaient aux Espagnols un grand avantage militaire), les survivants ne sont plus vêtus que de peaux de bêtes, beaucoup sont blessés et leur santé est atteinte. Donc, d’un large consensus, il est décidé de mettre un terme à l’expédition et de trouver un chemin qui les ramènera chez eux, soit en descendant le Mississippi, soit par voie de terre à travers le Texas jusqu’en Nouvelle-Espagne.
N’ayant avec eux aucun marin ni instrument de navigation, les Espagnols choisissent la voie de terre vers le sud-ouest. Egarés par les guides indiens qui les trahissent, ils errent au milieu d’une contrée aride, faisant partie de l’actuel Texas. Les indigènes y vivent dispersés, en quête de nourriture, ce qui cause un sérieux problème à l’expédition, car il n’y a aucun village à piller, aucune nourriture suffisante et leur troupe est trop importante pour vivre des maigres ressources du lieu. Arrivés au Rio Brazos, Luis de Moscoso décide de rebrousser chemin jusqu’au Mississippi et d’en descendre le cours. Les Espagnols y parviennent à la fin octobre 1542, profitant de leur hivernation sur ses rives pour construire des embarcations.
Ils utilisent tout le fer qu’ils possèdent, y compris les mors des chevaux et les chaînes de leurs esclaves, pour fabriquer les clous nécessaires à la construction des bateaux. L’hiver passe, puis le printemps, mais en juillet ils sont prêts à descendre le Mississippi jusqu’à la côte. Le périple va leur prendre deux semaines, la descente sur le fleuve étant émaillée de multiples affrontements avec les Indiens hostiles très habiles pour barrer la route des navires avec leur canoë et les assaillir de flèches. Les Espagnols n’ont alors plus aucune arme offensive efficace depuis leurs bateaux, leurs arbalètes ne fonctionnent plus depuis déjà longtemps, ils ne peuvent compter que sur la protection de leurs armures et de leur matelas pour arrêter les traits des Indiens.
Parvenus à l’embouchure du Mississippi, les bateaux voguent près des côtes du Golfe du Mexique, dirigés vers le sud et vers l’ouest. Après 50 jours de navigation, ils atteignent enfin le fleuve Río Pánuco puis la ville espagnole de Pánuco. Après un mois de repos, ils reprennent le chemin vers Mexico. A leur arrivée à Mexico, le vice-roi don Antonio de Mendoza offre de conduire une nouvelle expédition en La Florida, mais peu se portent alors volontaires.
Des 700 expéditionnaires partis avec de Soto, seuls un peu plus de 300 survécurent qui, la plupart, resteront dans le Nouveau Monde, s’installant au Mexique, au Pérou, à Cuba et dans d’autres colonies espagnoles.
Le périple du conquistador de Soto en Floride est un total fiasco. Les Espagnols ne rapportent ni or ni richesses et ils ne fondent aucune colonie. Mais l’expédition laisse sa marque sur les lieux de son passage. Quelques chevaux qui se sont échappés ou qui ont été volés contribuent à l’établissement des premières populations de mustangs dans l’ouest de l’Amérique du Nord. Et les porcs qu’elle y a amené prolifèrent au sud. Les exactions de De Soto et de sa troupe ont définitivement dressé les populations amérindiennes contre les nouveaux arrivant européens. Sur le plan géopolitique, les conséquences aussi sont importantes : l’expédition amène la Couronne d’Espagne à reconsidérer son attitude vis-à-vis de ses colonies au nord du Mexique. Elle revendique dès lors de larges territoires d’Amérique du Nord pour les Espagnols, créant des missions principalement en Floride et sur la côte du Pacifique. D’autre part, les notes de l’expédition contribuent pour beaucoup à l’amélioration de la connaissance géographique, biologique et ethnique de la région par les Européens. Leurs descriptions des Indigènes d’Amérique du Nord sont les premières et uniques sources de connaissance des nations précolombiennes, comme celles des Creeks, des Séminoles, des Cherokees, des Appalaches, des Choctaws et beaucoup d’autres. Mais le prix payé par les populations amérindiennes est très lourd.
1539 Expédition du golfe de Californie par Francisco de Ulloa.
Périple de Francisco de Ulloa.
L’expédition est commanditée par Cortés. Elle a pour but de découvrir le mythique détroit d'Anian qui est censé mener au Golfe du Saint-Laurent , ce qui prouverait l'existence du Passage du Nord-Ouest . Le 8 juillet 1539, Ulloa quitte Acapulco avec trois navires, le Saint-Thomas , la Sainte-Agathe et la Trinidad, en direction du nord. Six semaines plus tard, il atteint le golfe de Californie qu’il nomme mer de Cortés en l’honneur de son patron. Il perd le Saint-Thomas dans une tempête avec tout son équipage, doit faire une pause pour réparer les deux autres navires puis repart jusqu’au fond du golfe qu’il atteint fin septembre, au niveau du “delta du Colorado” (en fait un estuaire). Il doit ensuite repartir en direction du sud en longeant la péninsule de Basse-Californie. Après le cap San Luca, les deux navires remontent la côte du Pacifique vers le nord. Parvenue en haute mer, l’expédition doit affronter les vents violents et les courants de Californie. Parvenu à l’île des Cèdres, Ulloa renvoie la Sainte-Agathe en Nouvelle-Espagne afin d’informer Cortès de ses découvertes. Il poursuit avec la Trinité son exploration en direction du nord. On n’entendra plus jamais parler de Francisco de Ulloa et de ses compagnons. Il est probable que leur navire a fait naufrage durant une tempête ou un tsunami, mais cette fin énigmatique a valu à la Trinité le surnom de Lost Ship of the Desert. Mais cette version mystérieuse est contestée. Selon Bernal Diaz del Castillo, chroniqueur de la conquête espagnole du Mexique, Ulloa serait à retourné à Manzanillo et il aurait été poignardé par un de ces marins après son retour en 1540. Dans des documents juridiques en Espagne, Cortez se réfère à lui comme s'il était toujours en vie en 1543. Cependant, cela concorde mal avec la déclaration qu’aurait laissé le pilote de la Trinité, Paul Salvador Hernandez. Celui-ci serait retourné à Acapulco après plusieurs mois de navigation dans petit bateau sans voile (une nacelle). Hernandez a déclaré sous serment que la Trinité a dû être abandonnée en août 1540 et que la plupart des membres de l’équipage sont morts par la suite. Des découvertes archéologiques en 1957 à 60 miles au nord de San Diego (2000 pièces espagnoles dans un sac de cuir, six squelettes d’origine européenne ayant environ 400 ans d’existence) ont relancé les spéculations sur la fin de l’expédition d’Ulloa.
1539 Expédition du prêtre franciscain Marcos de Niza, guidé par Esteban, ancien esclave de Cabeza de Vaca, en Arizona et au Nouveau-Mexique.
Esteban était un esclave noir africain, un des premiers à fouler le sol nord-américain. Il a été l’un des quatres survivants de l’expédition de Narvaez à franchir l’Amérique d’est en ouest. A leur arrivée en Nouvelle-Espagne, certains des rescapés de l’expédition Narvaez, confièrent qu’ils avaient entendu des récits d’autochtones où l’ont parlait de cités couvertes d’or. Les Espagnols crurent qu’il s’agissait des 7 fameuses cités de Cibola, tirées d’une vieille légende européenne du XIIe siècle mais qui connaissait une nouvelle jeunesse en Amérique, dans le contexte de la soif de l’or. Pour découvrir les cités mythiques, le vice-roi Antonio de Mendoza organisa alors une expédition dont il confia le commandement au moine franciscain Marco de Niza. L’esclave Esteban qui avait été vendu au vice-Roi par Cabeza de Vaca, devait accompagner l’expédition . Après que l’expédition ait atteinte le nord du Mexique, Marcos de Niza envoie Esteban en reconnaissance à la tête d’Indiens mexicains. Celui-ci à son retour affirme avoir entendu les indigènes parler de riches cités. Marcos de Niza décide de rentrer à Mexico mais Esteban choisit de poursuivre seul son enquête. Il finit par arriver en territoire Zuni (dans une région situé dans l’actuel Nouveau Mexique) et découvre ce qu’il prend pour une des Sept cités de Cibola (l’actuel Zuñi, en fait un gros bourg au sommet d’un éperon rocheux). Esteban sera tué pour des raisons obscures par les Indiens Zuni dans leur pueblo. Marco de Niza, de retour à Mexico, raconte qu’il a vu lui-même une cité couverte d’or et d’argenterie et dont les maisons indigènes étaient décorées par des émeraudes, des perles et des turquoises. Il va déclencher une nouvelle fièvre de conquête.
1540 : Départ de l’expédition de Francisco Vasquez de Coronado à la recherche des Sept Cités mythiques de Cibola que prétendait avoir aperçues le père Marcos.
Périple de l'expédition de Vasquez de Coronado.
Francisco Vásquez de Coronado remonte le Río Grande. Il explore l'Arizona et le Nouveau-Mexique (fin en 1542). A partir de Zuñi, Coronado envoie des détachements pour prospecter la région. Certain atteignent le Kansas. L’un d’eux, commandé par Lopez de Gardenas, découvre le Grand Canyon du Colorado. Coronado repart en 1542.
Francisco Vásquez de Coronado (né à Salamanque en 1510 - décédé à Mexico le 22 septembre 1554) né au sein d’une famille d’hidalgos, débarque, à l’âge de 25 ans en 1535 en Nouvelle Espagne, avec le Vice-roi Mendoza.Trois ans après son arrivée il est nommé gouverneur de Nouvelle Galice(actuellement Sinaloa et Nayarit au Mexique) en 1538. Coronado se distingue par sa capacité à apaiser et à pacifier les indigènes comme à Culiacan où il parvient à étouffer une révolte indigène.. . Il étouffe une révolte indigène à Culiacán et évite de cette manière le retrait des troupes espagnoles de la région. Il est envoyé en voyage vers le nord, au Nouveau-Mexique où il rencontre Marcos de Niza qui lui a parlé des fabuleuses richesses d'une cité appelée Cibola, les fabuleuses « sept cités de Cibola et Quivira », situées au nord du Nouveau Mexique qui, selon la légende, possédaient d’immenses richesses, Ceci aiguise l'intérêt de Coronado qui décide de se lancer à la recherche de cette cité d'or. Il part en 1540, accompagné par une troupe composée de 340 Espagnols, 300 alliés indigènes et un millier d'esclaves indiens et africains. Son expédition est nettement mieux organisée. Coronado a bien planifié son expédition. Il a réparti ses forces en petits groupes afin d’économiser les ressources en eau et fourrages le long du chemin de progression, en échelonnant les départs des soldats à intervalles réguliers.
Coronado marche vers le nord. Peinture de Frédéric Remington.
Suivant la côte de la mer de Cortés, il progresse vers le nord et le Sonora, traverse la Gila et arrive à Cibola, à l'ouest de ce qui est aujourd'hui l'état du Nouveau-Mexique. Cependant, la déception a été de taille : bien loin de la cité d'or prospère décrite par Marcos, Cibola n'était en fait qu'un village d'Indiens Zuñi. Coronado est celui qui donne le nom de Pueblos aux Indiens Zuni et Hopis qu’ils rencontrent. Son chroniqueur, Pedro de Castaneda, recense 71 villages et 20 000 Indiens pueblos. Malgré la résistance des Zuni qui refusent de se rendre, Coronado conquiert Cibola assez facilement et avec peu de pertes. La prise de Cibola met fin à la résistance des autres pueblos Zuni. Coronado explore six autres villages zuni et force est de constater que les 7 cités d’or n’existent pas.
1541 - Garcia Lopez de Cardenas découvre les gorges du Colorado.
Coronado lance de nombreuses autres expéditions, préférant à chaque fois envoyer un de ses capitaines avec un petit parti de soldats, afin d’économiser ses troupes, alors qu’au même moment, à l’autre extrêmité du continent, Hernando de Soto sillonne le pays en tous sens en décimant à chaque fois un peu plus son armée. Coronado envoie Melchior Diaz avec 80 hommes vers le Colorado et la côte à la rencontre de Hernando de Alarcón chargé d'apporter des provisions à Coronado par voie de mer avec 3 navires remontant le golfe de Californie. Diaz atteint le Colorado, un fleuve impétueux au franchissement difficile. Pour atteindre son autre rive, les Espagnols font appel aux autochtones afin de construire des radeaux. Ceux-ci se portent facilement volontaires, un peu trop même ce qui suscite la méfiance de Diaz. Il découvre qu’en fait les Indiens ont prévu de les attaquer au moment où sa troupe serait la plus vulnérable durant la traversée du fleuve. Se sachant découverts, les Indiens attaquent les Espagnols qui les attendent de pied ferme et massacrent leurs assaillants. Il ne reste plus à Diaz qu’à faire traverser le fleuve à ses soldats. Diaz découvre par la suite que les navires sont partis après l’avoir attendu plusieurs jours.
Dans le même temps Juan Gallego a été renvoyé à Mexico pour informer le vice-roi de l'état d'avancement de l'expédition. Coronado se débarrasse de Frère Marcos de Niza en le renvoyant avec Gallego à Mexico. Il s’agit aussi de protéger le franciscain de la colère des soldats espagnols ulcérés d’avoir été trompés et qui viennent de découvrir qu’ils ont souffert pour un gain dérisoire.
Pedro de Tovar est envoyé par Coronado au nord et entend parler d'une grande rivière un peu plus à l'ouest du fleuve Colorado. Lui-même subdivise ses forces : Garcia Lopez de Cardenas, envoyé à la recherche de ce cours d'eau, est le premier Européen à voir le Grand Canyon. Hernando de Alvarado est envoyé vers l'est et trouve des villages autour du Río Grande. Francisco Vázquez de Coronado s’installe dans cette région durant les hivers de 1540 et 1541, car il ne renonce pas à l’idée de découvrir les sept cités d’or. Chaque groupe de villages est systématiquement exploré par les Espagnols dès qu’ils en entendent parler. Un partie d’Indiens venue d’une région appelée Cicuyé, se montrent plus accueillant en envoyant une délégation à Francisco de Coronado. Hernando de Alvarado est envoyé avec une petite vingtaine d’hommes pour raccompagner la délégation jusqu’à Cicuyé. Les Espagnols découvrent un peuple qui a fait du bison un des éléments essentiels de son mode de vie bien que les habitants de Cicuyé sont avant tout des agriculteurs. Les bourgades traversées sont situées sur des mesas et protégés par les flancs abrupts qui l’entourent. Ils disposent de citernes permettant de collecter et de stocker l’eau. Alvarado traverse Acoma, une bourgade qui est aujourd’hui toujours habitée, ce qui en fait la plus ancienne communauté peuplée sans interruption aux Etats-Unis.
Coronado s'installe dans l'un de ses villages pour passer l'hiver, faisant évacuer la population autochtone (à Tiguex ou Tigua, aujourd'hui Bernalillo au Nouveau-Mexique). Pendant leur séjour, les membres de l'expédition s’emparent par la force des villages alentours. Alors qu’ils avaient été à l’origine plutôt bien accueillis dans ces villages, l’attitude des conquistadors leir vaut une résistance de plus en plus acharnée de la part des Indiens. A Arenal, après un violent affrontement, l’un de ses capitaines, Cardenas ordonne que 100 Indiens soient brûlés vifs. Trente subissent ce sort, mais les autres se lancent dans une résistance désespérée ce ce qui accroit les pertes des conquistadors et des autochtones. L’hivernage dès lors se déroule en combats, sièges et destructions de villages jusqu’à ce que, habilement, les Tiguas parlent à Coronado de Qivira afin d’éloigner les colonnes infernales espagnoles. Pour renforcer la légende de Qivira, les Indiens libèrent un de leur prisonnier Pawnee originaire des Plaines, que Coronado va surnommer le Turc, et qui va conduire les Espagnols vers ce nouvel el dorado. Le Turc emmène l’expédion de Coronado encore plus au nord, entre les Rocheuses et le Mississippi, jusque dans les régions actuelles du Kansas, sur les terres des Indiens wichitas et des vastes troupeaux de bisons. Sans doute le Turc espérait-il ainsi se rapprocher de son peuple et retrouver au plus vite sa liberté mais lorsque Coronado se rend compte que que son guide tente de les tromper, il le fait exécuter. Les Espagnols finissent par atteindre Quivira habités par les Indiens du même nom (un village près de l’actuel Lindsborg au Kansas), il ne peu que constater la misère des villages composés de huttes aux toits de chaume, et l’absence d’or dans la région. Coronado prend le chemin du retour vers Tiguas où cantonne l’essentiel de ses forces et où il passe un nouvel hiver.
En 1542, il retourne au Mexique par là où il était venu, mais avec seulement 100 hommes. Au printemps de l’année 1542, il fait son entrée à Mexico où le Vice-roi Mendoza l’accueille avec froideur et lui intente un procès pour avoir abandonné l’expédition dont il avait la charge. Coronado est acquitté mais Cardeñas se voit reprocher son attitude cruelle à l’égard des Indiens. Il se voit infliger une amende après sept années de détention préventive. Coronado, malgré l’échec de l’expédition conserve son titre de gouverneur de Nouvelle Galice jusqu'en 1544, année où il est écarté de cette charge puis il se retire à Mexico où il meurt dans l’anonymat en 1554.
1541-1542 : troisième voyage de Jacques Cartier
Cliquer sur ce lien - Jacques Cartier au Canada.
1542 - 27 juin-28 septembre : Parti d'Acapulco, l'explorateur portugais João Rodrigues Cabrilho explore la côte de Californie pour le compte de la couronne d’Espagne. Il atteint l'actuelle Baie de San Diego le 28 septembre, qu'il nomme San Miguel.
Portrait de Cabrilho.
Cabrilho est un ancien conquistador de l’expédition de Cortès au Mexique. Il s’est enrichi par la suite en exploitant les mines d’or du Guatemala. A la suite de l’expédition d’Ulloa, qui s’était perdue en 1540, Cabrilho quitte Navidad en Nouvel Espagne le 27 juin 1542 avec 3 navires, le San Salvador, la Victoria et le San Miguel. Il atteint l’île de Cedros le 1er août 1542 puis il s’engage plus au nord dans les eaux sans doute inexplorées jusque-là par les navires européens. Le 28 septembre, il atteint la baie de San Diego puis le 7 octobre, il pose le pied sur l’île Santa Catalina dont il prend possession pour l’Espagne ( en l’appelant San Salvador). Il y rencontre de nombreux Indiens qui se montrent accueillants. En novembre, l’expédition dépasse la Punto de Los Reyes (Point Reyes) au nord de la baie de San Francisco pour atteindre l’embouchure de Russian River (actuel comté de Sonoma). Les tempêtes d’automne contraignent la flottille à rebrousser chemin. Le 16 novembre, Cabrilho explore la baie de Monterey (au sud de la baie de San Francisco). Le 23 novembre, les navires espagnols sont à Santa Catalina pour passer l’hiver et faire des réparations. Fin décembre, à la suite d’une chute sur un rocher, Cabrilho se blesse gravement au tibia et contracte une gangrène. Il meurt le 3 janvier 1543. Cet accident entraîne la fin de l’expédition qui regagne Navidad le 14 avril 1543.
Monument de Cabrilho à San Diego
1549 : naufrage d’un navire espagnol sur les côtes de Floride. Hernando de Escalante Fontaneda devient captif des Indiens Calusas pendant 17 ans.
Vers 1549, Hernando de Escalante Fontaneda était âgé de treize ans, son frère et lui naviguaient vers l'Espagne quand leur bateau échoua sur les côtes de la Floride. L'équipage et les passagers furent sauvés par Les Calusas, qui les asservirent et par la suite les exécutèrent tous à l'exception de Hernando ; le jeune garçon aurait échappé à la mort en interprétant correctement leurs ordres de chanter et danser pour eux. Il passa les dix-sept années suivantes à vivre parmi les Calusas dans différentes tribus, apprenant plusieurs langues et voyageant intensivement au travers de la Floride. Les Calusas vivaient au sud de la Floride, sur la côte occidentale sous l’autorité d’un chef dans une société dominée par des nobles. Vers 1566, Fontaneda fut sauvé de sa captivité par Pedro Menéndez de Avilés, le premier gouverneur de la Floride espagnole et fondateur du comptoir de Saint Augustine. Il servi d'interprète et de guide à Menéndez pour un certain nombre de missions pendant plusieurs années, puis en 1569, il partit en Espagne pour reprendre la propriété de ses parents à la couronne.
En 1575, il écrit ses mémoire, qui se prouvèrent un objet de valeur pour les historiens d'alors tels qu'Antonio de Herrera y Tordesillas, et le demeure encore aujourd'hui. Fontaneda fournit la plus ancienne mention écrite de la ville de Tampa. Il nomme 22 villages importants des Calusas, le premier étant "Tanpa" qu’il ne situe pas précisément.
1559 - Août : Expédition de Tristán de Luna y Arellano en Floride.
Monument de Tristán de Luna y Arellano – Plaza De La Luna, Pensacola (Floride).
Né à Borobia en Espagne en 1519, présent dans le Nouveau Monde vers 1530, il participe à l’expédition de Francisco de Coronado pour découvrir les « 7 Cités de Cibola » comme capitaine de cavalerie. Après l’échec de cette expédition, on le retrouve au Mexique ou il est chargé, en 1548, de réprimer un soulèvement indigène à Oaxaca. C’est donc en homme bardé d’expérience que Tristan de Luna reçoit en 1557, de la part du Vice-Roi du Mexique, Luis de Velasco, le titre de gouverneur de Floride. Il a pour mission d’établir une colonie de peuplement sur la côte atlantique de l’actuelle Géorgie. Mais il va joindre la malchance à l’incompétence. Parti de Vera Cruz le 11 juin 1559, à la tête de 13 navires emmenant 1500 soldats et colons, De Luna est atteint la baie de Pensacola le mois suivant. Négligeant le site qu’un voyage préalable avait défini comme le meilleur lieu pour établir une colonie, les Espagnols débarquent dans une région inhabitée peu favorable à la survie d’une pareille expédition. Le 19 septembre 1559, un ouragan détruit une grande partie de sa flotte avec sa cargaison en faisant de nombreux tués. Pressée par la famine, la colonie s’établit dans la seule localité indienne de la région, Nanipacana, que les Espagnols rebaptisent en Santa Cruz. Ils participent aux guerres locales aux côtés des Indiens de Nanipacana mais la situation ne s’arrange pas pour la colonie. Après un premier ravitaillement en novembre envoyé par le Vice-Roi, la situation se dégrade au printemps faute de nouveau ravitaillement. Tristan de Luna, atteint par la fièvre, voit une partie de ses hommes se révolter et déserter. Finalement, les Espagnols choisissent de mettre fin à leur tentative. Tristan de Luna se réembarque pour le Mexique où il meure en 1571. Il laissen derrière lui une cinquantaine d’hommes dirigé par un capitaine, Biedma, qui évacue la colonie quelques mois plus tard.
1562 - 1er mai : Les huguenots français Jean Ribault et René de Goulaine de Laudonnière établissent une colonie au nord de la Floride.
Fort Caroline a été la première colonie française sur l'actuel territoire des États-Unis. Fondée, en 1564, par René de Goulaine de Laudonnière en lien avec l'expédition de Jean Ribault mandatée par Gaspard II de Coligny, sur le fleuve Saint John à l'emplacement de l'actuelle cité de Jacksonville en Floride. La colonie ne vécut qu'une année avant d'être détruite par les Espagnols. Depuis les années 1950, un Mémorial national y a été établi, comprenant une reproduction à échelle réduite du fort et un petit musée pour les visiteurs. Le site est géré en association avec le Timucuan Ecological and Historic Preserve. Comme pour tous les lieux historiques administrés par le National Park Service, le mémorial est inscrit au National Register of Historic Places, depuis le 15 octobre 1966.
Fort Caroline
En 1562, l’amiral Gaspard de Coligny, chef des Protestants français, à choisi le capitaine huguenot, Jean Ribault, pour établir une colonie en Floride avec 150 de ses coreligionnaires. Parti avec René de Goulaine de Laudonnière et l’illustrateur Le Moyne de Morgues, Ribaud débarque donc à son tour au « pays des fleurs » et en prend possession au nom de la France. Ceux-ci se sont établis sur Parris Island, près de l’actuellle ville de Jacksonville, où ils construisent une fortification qu'ils baptisent Charlesfort en l’honneur de Charles IX, Ribault y laisse une petite garnison d’une trentaine d’hommes, puis retourne en France pour y chercher de nouveaux colons et des provisions. Débarquant à Dieppe en pleine guerre civile, il doit s’exiler en Angleterre où il est arrêté par les Britanniques tandis que périclite l’établissement huguenot de Floride. Pendant la longue absence de Ribault, la colonie, qui se contente de vivre en rançonnant les indigènes, tombe à court de vivres. Les renforts tardant, des dissensions éclatent. Le commandant de Charlesfort est tué au cours d’une mutinerie. Finalement, les colons quittent la Floride à bord d’une embarcation de fortune. Ils en sont réduits à manger un de leurs compagnons, Lachère, désigné par le sort. Les survivants sont recueillis par un vaisseau anglais. Les Espagnols qui se considèrent comme les souverains légitimes du pays, réagissent aussitôt mais lorsqu’ils arrivent, ils ne trouvent plus personnes.
1564 - 24 avril : Deuxième expédition française en Floride sous la conduite de René de Goulaine de Laudonnière (fin en 1565).
22 juin : Fondation de Fort Caroline.
Deux ans plus tard, Coligny lance une nouvelle expédition, menée par René de Goulaine de Laudonnière, qui était le second de Ribault en 1562. Elle établit une nouvelle colonie à l'embouchure de la St. Johns River. Les colons, des huguenots pour la plupart baptisent ce lieu « La Caroline », en l’honneur du roi Charles IX. Les indiens Timucua dirigés par le chef Saturiba aident les Français à y construire un fort triangulaire, le Fort Caroline. Cependant, les rapports avec les indigènes deviennent tendus car Laudonnière qui avait promis d’assister Saturiba, refuse de le soutenir contre son rival Outina. Pire, les Français soutiennent ce dernier contre un autre chef indien, Potanou, s’égarant dans les querelles qui divisent les tribus. Finalement, les Français s’aliènent toutes les tribus et finissent même par capturer Outina. La pression indienne est sur le point de submerger le fort mais l’intervention de John Hawkins lui accorde un répit en même temps que des provisions vite épuisées.
Pedro Menéndez de Avilés. - Portrait par Francisco de Paula Martí (1791).
1565 - 28 août : Fondation de la colonie de St. Augustine en Floride, première colonie espagnole au nord du Mexique. Menendez de Avilès entreprend la destruction des colonies françaises et établit une chaîne de postes et de missions pour renforcer la présence espagnole.
- 20 septembre : Les Espagnols massacrent les colons Huguenots français à Port-Royal, en Floride.
Les fièvres et le manque de nourriture dépriment les colons français qui sont prêt sont prêts à abandonner le fort, lorsqu'en août, 1565, des renforts conduits par Jean Ribault arrivent de France. Parti de Dieppe le 22 mai 1565, à la tête de 7 navires et de 600 colons, il arrive devant fort Caroline le 14 août 1565.
Pedro Menéndez de Avilés arrive d'Espagne une semaine après Ribault, muni de l'ordre de Philippe II de chasser tout intrus de Floride. Sa flotte aperçoit les navires français et les engage, mais est contrainte à battre en retraite plus au sud, où ils établissent un camp qui deviendra Saint Augustine. Ribault se lance à la poursuite des Espagnols avec quelques uns de ses navires et la plupart de ses troupes, mais ils sont surpris en mer par une violente tempête qui dure plusieurs jours et détruit la flotte française. Les survivants sont massacrés par les Espagnols « non comme Français, mais comme Luthériens », Ribault le premier.
Menéndez, lui, choisit d'attaquer Fort Caroline par voie terrestre. Il conduit ses troupes et attaque le fort qui n'est plus défendu que par 200 à 250 colons. Le fort capitule. La garnison est exécutée dans sa totalité sur sur ordre de Pedro Menéndez de Avilés. Les seuls survivants sont 50 femmes et enfants qui sont faits prisonniers et promis à l’esclavage. Seuls quelques colons, dont Laudronnière parviennent à s’enfuir dans les bois et à retourner en France. Rentré en France probablement en décembre 1565 par Bristol et Londres, Laudonnière s'installe à La Rochelle comme négociant. Il échappe à la Saint-Barthélemy et meurt à Saint-Germain-en-Laye en 1574. Ses mémoires, L'Histoire notable de la Floride, contenant les trois voyages faits en icelles par des capitaines et pilotes français, sont publiés en 1586.
1567 - Le Landais Dominique de Gourgues conduit en Floride une expédition punitive contre les Espagnols (fin en 1568) et massacre la garnison de San Augustin.
Dominique de Gourgues est un noble languedocien qui a combattu pour le roi de France. Prisonnier des Espagnols, il s’est retrouvé aux galères puis fut vendu sans doute aux Turcs. Libéré par les Maltais, devenu corsaire, il mène des expéditions en Afrique et en Amérique du Sud. Il est révulsé par l’attitude de la monarchie française qui reste sans réaction face aux massacres commis par les Espagnols sur les huguenots de Ribault. Dominique de Gourgues dont on ne sait pas s’il est lui-même huguenot, décide de passer à l’action, vend ses biens et emprunte de l’argent. Il arme à ses frais trois petits bâtiments et embarque 180 hommes, en majorité huguenots (2 août). Le 2 août 1567, il appareille vers l'Afrique, où il pense bon de capturer des esclaves pour lui prêter main forte, et arrivé à hauteur du Cap Vert, il traverse jusqu'à Cuba.
Il arrive en Floride à l'embouchure de la rivière May, ou il se présenta sous pavillon espagnol et débarqua à l'aide de cette ruse sans être reconnu. Il tombe sur les Indiens du chef Saturiba qui, ayant eu à subir les exactions des espagnols, leur interdisent l’accès à la terre ferme. Gourgues parvient à conclure un accord, grâce notamment à Pierre de Brie, rescapé de la tuerie de La Caroline de 1565. Les Espagnols disposant de trois forts, Français et Indiens décident de s’attaquer aux deux plus faibles, commandant la St. John’s River. Ils les prennent par surprise et en massacrent les garnisons. Ils s’avancent discrètement vers le troisième, l’ancienne citadelle de La Caroline rebaptisée San Mateo. La garnison (300 hommes) est en train de dîner. Surprise, elle est massacrée et les prisonniers sont pendus. Sur eux, un écriteau signifiant que le vengeur les avait pendus « non comme des Espagnols,mais comme des marauds, voleurs et des meurtriers ». Gourgues, après avoir rasé toute traces d’implantation espagnole en Floride, rentre en France (3 mai 1568) qu’il atteint le 12 juin. Fêté à La Rochelle et à Bordeaux, il sera boudé par le roi, sous l’influence des Guise, et devra se cacher dans Paris jusqu’en 1573. Après cela, et après avoir reçu une proposition de commandement de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, qu'il refusa par pur patriotisme, il fut relevé de disgrâce et reçut le commandement de 300 hommes.
1568 Pedro Menéndez de Avilés gouverneur de Cuba. Il renforce la colonie de San Augustin en faisant venir des milliers de colons, en fondant des ports et des missions.
Menéndez épouse la sœur du chef des farouches Indiens Calusas qui devient Doña Antonia après son baptême et son mariage. Mais l’alliance ne tient pas longtemps et les hostilités éclatent rapidement entre les Calusas et les Espagnols. Ceux-ci tuent Carlos et son successeur Felipe. En 1569, le fort et la mission sont abandonnés sous la pression des Indiens Calusas.
Fin provisoire