dimanche 15 janvier 2012

L'égalité des droits contre les discriminations

Différents mais égaux - Lutter contre les discriminations

L'arrestation de Rosa Parks, le 1er décembre 1955, à Montgomery (Alabama).

Rosa Parks, jeune militante de la lutte pour l'égalité des droits civiques aux Etats-Unis, est arrêtée le 1er décembre 1955 à Montgomery (Alabama). Elle a refusé de céder sa place dans un bus à un homme blanc qui lui réclamait de se déplacer, au prétexte que les quatre premières rangées du bus étaient réservées aux Blancs. Rosa Parks refuse de se lever et de gagner les places du fond. Le chauffeur du bus fait alors appel à la police. Elle sera condamnée le 5 décembre à une peine d'amende de 15 dollars. Rosa Parks n'est pas la première personne de couleur à s'opposer à cette injustice (le joueur de base-ball, Jackie Robinson avait fait de même à Fort Hood au Texas en 1944). Mais cette fois-ci, l'arrestation de cette jeune femme paraît tellement exagérée que les militants des droits civiques saisissent ce prétexte pour déclencher la lutte contre la ségrégation dans les transports publics en organisant un boycott des transports publics à Montgomery. le mouvement est massivement suivi par la population noire de Montgomery qui représentait 3/4 des usagers des bus. Elle est aussi l'occasion pour le jeune pasteur d'une église locale, Martin Luther King Junior de se faire connaître en menant avec succès le boycott . Ce mouvement durera 381 jours et mettre au bord de la faillite les compagnies de bus de Montgomery. Le boycott s'arrête quand la Cour Suprême des Etats-Unis décide, le 13 novembre 1956, que la ségrégation dans les bus est anticonstitutionnelle (arrêts BrowdLer vs Gayle). L'action de Rosa Parks a favorisé la prise de conscience d'une partie de l'opinion américaine sur l'injustice et l'absurdité de la ségrégation dans le sud des Etats-Unis. Pourtant, la lutte pour l'égalité entre citoyens américains ne fait alors que commencer.

Caroline du Nord (USA) en 1950. Cliché d'Elliot Erwitt.

Elizath Eckford marche sous les huées des manifestants racistes qui veulent l'empêcher de rejoindre la Little Rock Central High School, l'école secondaire de la ville (4 Septembre 1957, Little Rock, Arkansas Etats-Unis).

Elizabeth Eckford, une jeune fille noire de 16 ans qui vivait à Little Rock (Arkansas), tente avec huit camarades, le 4 septembre 1957, de rentrer dans l'équivalent d'un lycée, la Little Rock Central High School, réservée aux Blancs. La Cour Suprême avait pourtant, dans un arrêt historique (Brown vs. Board of Education of Topeka) le 17 mai 1954, décidé la fin de la ségrégation dans l'éducation sur tout le territoire des Etats-Unis. Trois ans plus tard, l'Arkansas n'appoliquait pas cet arrêt. Neuf jeunes Noirs décidèrent de braver les autorités locales. Le gouverneur de l'Etat, Orval Faubus, ouvertement raciste, décide de s'opposer à l'entrée des jeunes noirs et mobilise... la garde nationale! Il est soutenu par des centaines d'activistes racistes blancs qui envahissent les lieux. Après avoir essayé de négocier avec le gouverneur, le Président Eiseinhower décide, pour protéger les jeunes noirs, de mobiliser ... l'armée, et un détachement de parachutistes de la 101e division aéroportée débarque à son tour dans l'école. Les Blancs qui prennent partie pour les jeunes élèves noirs sont minoritaires et sont violemment agressés par des émeutiers racistes déchaînés. Finalement, le gouverneur décide de fermer l'école pour un an plutôt que de voir les Blancs et les Noirs fréquenter les mêmes écoles. Elizabeth Eckford et ses camarades devront aller étuder dans un autre Etat.

Correction

Citer des motifs de discrimination : origines et nationalités (xénophobie), habitat (« banlieue » ou quartier défavorisé stigmatisé), religion (antisémitisme, islamophobie), couleur de peau (racisme), handicap, et même sexisme (contre les femmes) et homophobie (contre les homosexuels).

Citer des lieux où se produisent encore des discriminations : entreprises et lieux de travail (restaurant, bars, etc.), agence immobilière (pour la recherche d’un logement), administration (en vue de l’obtention d’un emploi ou d’un logement HLM par exemple), établissements de loisirs (night-club, club de sport).
Dans certains de ces lieux, il arrive que l’on pratique la discrimination et il faut donc s’y opposer. La méthode du testing par exemple : une personne de couleur vient chercher un emploi dans une entreprise avec des qualifications. Elle est refusée. On envoie une autre personne avec les mêmes qualifications, âge, sexe, vêtements, mais cette seconde personne n’est pas de couleur. Elle obtient l’emploi immédiatement. Il y a visiblement discrimination, le testing l'a prouvé et l'on peut ensuite, preuves à l'appui, porter plainte.

Dessin de Franck Margerin contre les discriminations

Citer des exemples de discrimination : dans le cadre de la recherche d’un emploi, d’un logement, la discrimination peut toucher les personnes de couleur, les étrangers, les femmes. Dans les transports, la non-présence d’installations accessibles constitue un facteur de discrimination pour les handicapés. Les établissements scolaires sont souvent difficiles d'accès pour les jeunes handicapés faute de moyens suffisants en personnel, en installation.

Citer des associations qui luttent contre les discriminations : SOS Racisme, Ni Pute, Ni Soumise, MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme).

La Halde n'est pas une association mais une institution créée en 2005. Elle avait pour fonction de lutter contre les discriminations. Elle pouvait mener des enquêtes, recueillir des auditions de victimes ou de témoins de discriminations, rassembler des preuves, mais elle pouvait seulement par la suite, transmettre les dossiers de discrimination au Procureur de la République, seul habilité à engager des poursuites judiciaires. La Halde a été dissoute en 2011, ses fonctions étant transférées au Défenseur des Droits, une nouvelle institution. de la République, qui a reçu ses attributions.

Citer des lois qui sanctionnent les discriminations :
- Loi de 1881 (sur la liberté de la presse).
- Loi de 1972 (qui introduit la notion d’incitation à la haine raciale).
- La loi de 1990 (dite « loi Gayssot » contre l’antisémitisme et la xénophobie).

Les lois de 1972 et de 1990 rappellent par exemple que « toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite ».

- Enfin l’article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du citoyen (« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits… ») est aussi une arme juridique très efficace contre les discriminations.

Citer des œuvres dénonçant les discriminations et le racisme.

Le cinéma :

- Do the Right Thing, de Spike Lee (1989) : le racisme ordinaire dans un ghetto noir américain.

- Mississippi Burning de Alan Parker (1989) : la violence contre les militants de l’égalité civique entre Blancs et Noirs aux Etats-Unis dans les années 1960.

- La Rafle, film de Roselyn Bosch (2010) : antisémitisme et déportation des juifs en France durant l’Occupation (le film raconte la Rafle du Vel d’Hiv en 1942).

- A World Apart de Chris Menges (1988) : Film montrant la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

- Inch’Allah dimanche de Yamina Benguigui : la vie en France d’une famille d’origine algérienne.

- Le Havre film d’Aki Kaurismaki (2011). La mobilisation de quelques personnes en faveur d’un jeune Africain immigrant clandestin.
Les livres :

- Un sac de billes, récit autobiographique de Joseph Joffo en 1973 (film de Jacques Doillon en 1975).La jeunesse de deux jeunes juifs fuyant la répression durant l’Occupation en France.

- Le Gone du Chaâba est un roman autobiographique d'Azouz Begag (1986). La vie dans une banlieue lyonnaise (Chaâba) d’un enfant (le gone) dont la famille est originaire d’Algérie.

Rococo et néoclassicisme au XVIIIe siècle

Le rococo
Antoine Watteau (1681-1721), Mezettin, 1717-1719, Metropolitan Museum of Art, New York.

François Boucher (1703-1770), Les Charmes de la vie champêtre, 1737, Musée du Louvre, Paris.


Jean-Honoré Fragonard (1732-1806), La Déclaration d'Amour, 1771,Frick Collection, New York.

Origine du terme rococo: Ce serait des peintres néoclassiques qui à la fin du XVIIIe siècle auraient qualifié le style du XVIIIe siècle de rococo. Ce mot viendrait d’une association du mot français rocaille, qui désigne une ornementation imitant les rochers et les pierres naturelles et la forme incurvée de certains coquillages et du mot italien baroco : « baroque ». Le terme rococo garda longtemps son aspect péjoratif avant d’être accepté par les historiens de l’art vers le milieu du XIXe siècle et d’être considéré comme un mouvement artistique européen à part entière.
Le style rococo est volontiers ostentatoire. C'est un style qui s'épanouit dans la décoration intérieure des appartements de la noblesse et de la bourgeoisie. Il se caractérise par la fantaisie des lignes courbes et asymétriques rappelant les volutes des coquillages ou bien les feuillages, le recours aux teintes claires issues de matières luxueuses (ivoire, or), la mulitplication des motifs mêlant fleurs, feuilles, fruits, rubans, l'inspiration exotique (Chine, Perse, Empire Ottoman). Il traduit la volonté de rupture avec la rigueur de l'art classique ou l'exaltation religieuse de l'art baroque. C'est un art de la légèreté, de la frivolité, du luxe, du plaisir.

La sculpture au XVIIIe siècle
Quel grand sculpteur français du XVIIIe siècle a laissé son nom à une place mondialement connue de Paris ? On peut admirer une de ses œuvres réalisée en 1776 et présente à Notre-Dame de Paris, le mausolée du Comte d’Harcourt (mort en 1769).
Il s'agit de Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785).


Jean-Baptiste Pigalle, mausolée du Comte d'Harcourt, 1776, Cathédrale Notre-Dame de Paris.

À l’une des extrémités du sarcophage, l’ange tutélaire du comte Henri-Claude d’Harcourt qui, voyant venir la comtesse d’Harcourt, lève la pierre du tombeau ; le comte qui, après avoir paru reprendre un moment de vie à la chaleur de son flambeau, se débarrasse de son linceul et tendra à son épouse ses bras décharnés languissant d’être réunis de nouveau... Derrière le comte se tient la mort tenant un sablier pour montrer à la comtesse que son heure est venue. La comtesse, au bas du sarcophage, exprime par son attitude l’impatience qu’elle a de se réunir à son époux (elle décèdera en 1780 et sera inhumée dans cette chapelle).

L'Architecture au XVIIIe siècle

Complétez le tableau consacré à des édifices construits au XVIIIe siècle.


Le Petit Trianon : un des chefs d'oeuvre de l'architecture néoclassique naissante.


Le Panthéon est lui aussi de style néoclasssiue.
Le néoclassicisme
Citez le nom d’un grand peintre du néoclassique et d’un de ses tableaux qui s’inspire de l’histoire romaine. Quelle valeur met-il en avant dans ce tableau.

Jacques-Louis David (1748-1725), Le serment des Horaces, 1784-1785, Musée du Louvre, Paris.

Commencé à la fin du règne de Louis XV et s'épanouissant ous le règne de Louis XVI, le néoclassicisme constitue une rupture avec la légèreté et la frivolité du rococo. Ce style dans la peinture, l’architecture et la sculpture s’inspire du style antique gréco-romain (temple grec par exemple). La peinture néoclassique privilégie les sujets antiques, historiques valorisant une attitude civique.

mardi 27 décembre 2011

Les Ambassadeurs - Hans Holbein le Jeune.

Les ambassadeurs, tableau d'Hans Holbein le Jeune, peint en 1533 et visible aujourd'hui à la National Galery de Londres.

Les deux diplomates représentés ici sont, selon les historiens de l’art, les Français Jean de Dinteville et Georges de Selve. Jean de Dinteville, est richement habillé d'un manteau orné de fourrure. Autour du cou, il porte le collier de l'ordre de Saint-Michel,un ordre de chevalerie, fondé à Amboise le 1er août 1469 par Louis XI. Il porte un béret où est accrochée une broche représentant un crâne. Sous son manteau noir, il porte une riche chemise de soie rouge.


Jean de Dinteville
Jean de Dinteville est seigneur de Policy (dans le département actuel de l'Aube, près de Bar-sur-Seine).

Georges de Selve
Georges de Selve, porte un costume sobre de couleur noire, mais richement doublé de fourrure. Il est évêque de Lavaur (dans le Tarn) et est issu d'une riche famille de parlementaires. Son père, Jean de Selve, nommé premier Président du Parlement de Bordeaux puis du Parlement de Paris par François Ier, a rempli, au service du roi les missions diplomatiques les plus délicates, comme la négociation à Madrid de la libération de François Ier, capturé par Charles Quint à Pavie (1525). Son fils Georges entreprend à son tour une brillante carrière au service de la monarchie : ambassadeur à Londres (1533) puis à Venise (1534-1536), enfin à Rome auprès de la papauté (1536-1539) et auprès de l'empereur Charles Quint en 1539-1540. Une mort précoce alors qu'il n'a que 33 ans met fin à cette brillante carrière en 1541. L'un des ambassadeurs appartient donc à la petite noblesse, l'autre est donc ecclésiastique. Ils sont jeunes et dans la force de l'âge comme le montre le tableau. Jean de Dinteville tient ainsi dans sa main droite une dague rangée dans un fourreau où est inscrit son âge, vingt-neuf ans.

Le contexte politique


Hans Holbein le Jeune, Henry VIII, vers 1536, Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid.

Les deux hommes sont ambassadeurs en Angleterre en 1533, à un moment historique précis, l'année du mariage secret entre Henry VIII et Ann Boleyn. Henry VIII tente alors d’obtenir le soutien de François Ier face au pape Clément VII, à moins que ce ne soit le contraire, François Ier tentant d'arracher le soutien d'Henry VIII contre Charles le Quint.


Sebastiano del Piombo, Portrait de Clément VII, 1526, Museo di Capodimonte, Naples.
Le contexte européen est alors plus que troublé. Quelques années après le sac de Rome (1527) par les lansquenets allemands qui ont laissé la capitale de la papauté hagarde, ayant perdu la majorité de ses habitants suite aux massacres puis à la peste, le pape Clément VII (Jules de Médicis, neveu de Laurent le Magnifique) tente de restaurer la puissance de la papauté.


Le Titien, Charles Quint, 1548, Pinacothèque de Munich.
Charles Quint doit, lui, affronter la coalition hétéroclite de ses ennemis: d'une part, les luthériens allemands qui se sont unis militairement dans la Ligue de Smalkade et, d'autre part, François Ier, roi de France, souverain très chrétien qui n'a pas hésité à solliciter l'alliance de Soliman le Magnifique, sultan ottoman (première capitulation signée en 1529, l'alliance militaire étant concrétisée en 1536). On peut comprendre que, dans ces circonstances, l'alliance de Henry VIII représente un atout déterminant pour François Ier.

Anonyme, Anne Boleyn, portrait vers 1533-1536, National Portrait Gallery, Londres.
Mais le roi d'Angleterre a ses propres problèmes à régler. Depuis son accession au trône en 1509, Henry VIII est en effet marié à Catherine d’Aragon, fille des rois catholiques d’Espagne. Or, il souhaite répudier sa première femme pour épouser sa favorite, Anne Boleyn. De son union avec Catherine, Henry VIII a eu une fille, Marie, la future Marie Tudor mais pas de fils, ce qui a déçu le roi d’Angleterre. L’attitude extrêmement ferme du pape qui s’oppose officiellement au divorce du souverain anglais en 1530, pousse Henry VIII a brusquer subitement les évènements en 1533, l’année du tableau d’Hans Holbein le Jeune. Avec le soutien de l'archevêque de Canterbury, Thomas Cranmer, qui annule le mariage avec Catherine d'Aragon, il épouse secrètement Anne Boleyn alors enceinte, avec le soutien de l’archevêque de Canterbury, Thomas Cranmer, qui annule le mariage du roi d’Angleterre avec Catherine d’Aragon.

Michel Sittow, portrait de Catherine d'Aragon, vers 1503, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
François Ier, désireux d’obtenir le soutien d’Henry VIII contre Charles Quint, empereur et roi d’Espagne (dont Catherine d’Aragon est la tante), soutient le souverain anglais. Le 1er juin 1533, Anne Boleyn est couronné à l’abbaye de Westminster. L’affaire a de lourdes conséquences politiques : Clément VII excommunie Henry VIII en 1534 et, en riposte, l’Eglise d’Angleterre décide, non sans crise, de rompre avec la papauté en ralliant le roi. Henry VIII se proclame « Chef Suprême de l'Église et du Clergé d'Angleterre » . Le schisme entre le pape et l’Eglise d’Angleterre consacre la naissance de l’Eglise anglicane. François Ier prendra, en définitive, ses distances avec Henry VIII, car l’affaire des Placards qui éclate en France en 1534, montre la puissance des idées de la Réforme luthérienne dans son propre royaume. François Ier décide de réprimer violemment les luthériens au moment où l’Eglise anglicane amorce son rapprochement avec les idées de Luther. En définitive, la mission diplomatique de Jean de Dinteville et de Georges de Selve est un échec. Henry VIII reste fidèle à son alliance avec Charles Quint. En 1544, les troupes anglaises s'emparent de Boulogne que l'armée française du nouveau roi Henri II, parvient à reconquérir en octobre 1547. Durant tout le règne de François Ier, l'armée anglaise aura continué de peser comme une menace potentielle à l'ouest, véritable alliance de revers pour Charles Quint. Henry VIII disparait le 28 janvier 1547, précédant de deux mois seulement dans la mort François Ier qui meurt le 31 mars de la même année.

Le peintre : Hans Holbein le Jeune (1497-1543)
Hans Holbein le Jeune est né en terres allemandes, à Augsbourg dans le Saint-Empire romain germanique, vers 1497. Il est le fils du peintre Hans Holbein l’Ancien très connu de son temps pour ses peintures de retable mais aussi pour son œuvre de graveur puisqu’il illustra des livres aussi célèbres que l’Eloge de la Folie d’Erasme (1516). Hans Holbein le Jeune voyage beaucoup, en Italie et en France notamment où il découvre les tableaux de la Renaissance.


Hans Holbein le Jeune, Portrait de Sir Thomas More , 1527. Huile et tempera sur chêne,Frick Collection , New York.
Il peint les célébrités de l’époque dont Erasme qui le recommande à son ami Thomas More en Angleterre. Hans Holbein s’installe en Angleterre en 1526 pour un premier séjour puis définitivement en 1532. L’Angleterre est alors à un tournant de son histoire politique et religieux. Hans Holbein prend alors ses distances avec les milieux humanistes. Thomas More est officiellement rentré en dissidence en 1532 en s’opposant au mariage entre Henry VIII et Anne Boleyn et en démissionnant de sa charge de chancelier. Au contraire, Holbein travaille pour le clan Anne Boleyn-Thomas Cromwell qui influence la politique du roi. Il devient peintre du roi Henry VIII en 1535.

Hans Holbein le Jeune, Portrait du marchand Georg Gisze de Dantzig, 1532, Gemäldegalerie, Berlin.
Hans Holbein peint aussi des portraits de marchands allemands de la Hanse en poste à Londres dans leur quartier du Steelyard, au nord de la Tamise, ainsi que des hauts personnages comme nos ambassadeurs.


Hans Holbein le Jeune, Portrait de Thomas Cromwell. 1532-1633, Frick Collection. New York.

Dans la cour d’Angleterre, la hache tombe très vite sur le coup des ex-favoris. L’ancien chancelier du roi, Thomas More est exécuté en 1536 de même que Anne Boleyn décapitée en même temps que cinq co-accusés pour adultère, inceste, hérésie, entreprises contre la vie du Roi et haute trahison. La plupart des historiens considèrent que ces accusations sont infondées et sont plutôt le produit de l’imagination d’Henry VIII, souverain cruel et débauché. En 1540, ce sera au tour de Thomas Cromwell de finir la tête sur le billot.


Hans Holbein le Jeune, portrait de Jeanne Seymour, vers 1536-1537, Kunsthistorisches Museum, Vienne.
Holbein poursuit son travail de peintre du roi et fait le portrait de Jeanne Seymour, la nouvelle épouse du roi d’Angleterre. Mais celle-ci meurt en 1537 après avoir donné naissance au futur Edouard VI. En 1538, Holbein voyage pour le compte d’Henry VIII qui est à la recherche d'une nouvelle épouse. Holbein se rend dans les cours européennes, peint les portraits des jeunes filles à marier comme Christine de Danemark. Les tableaux sont ensuite présentés au roi d'Angleterre, qui peut ainsi avoir une idée précise du physique des candidates potentielles.


Hans Holbein le Jeune, Portrait de Christine de Danemark, duchesse de Milan en deuil. 1538, National Gallery, London.

En 1539, Hans Holbein le Jeune fait le portrait de Anne de Clèves. Henry VIII a la vue de ce portrait fut enthousiaste mais il fut très déçu lorsqu’il vit la future mariée. Il divorcera très vite. Il est vrai que le roi lui-même devait faire peur à plus d’une jeune princesse avec ses 136 kilos, son tour de taille d’1,37 mètre sans compter un ulcère sur sa cuisse qui dégageait une odeur nauséabonde.


Hans Holbein le Jeune, Anne de Clèves,1539, Musée du Louvre, Paris.
Quoi qu’il en soit, Hans Holbein qui venait de perdre son protecteur, Thomas Cromwell, exécuté en 1540 pour hérésie et trahison, n’est pas tombé en disgrâce, restant peintre du roi jusqu’à sa mort en 1543.

Hans Holbein le Jeune, portrait miniature de Catherine Howard, vers 1541, Royale Collection.
Les têtes continuent de tomber à la cour d’Angleterre. La cinquième épouse du roi, Catherine Howard (cousine d’Anne Boleyn), marié au roi en 1540, est décapitée en 1542 pour adultère et trahison à la Tour de Londres. Il est vrai que la jeune reine, dégouttée par l’apparence physique répugnante du roi, lui avait préféré Thomas Culpeper, un séduisant favori d’Henry. Les deux amants supposés de Catherine furent exécutés ainsi que l’entremetteuse qui organisait les rendez-vous galants,Lady Rochford, la veuve de George Boleyn, frère d'Anne Boleyn lui-même exécuté en 1536 en même temps que sa soeur Anne.


Hans Holbein le Jeune, portrait d'Henry VIII, 1539-1540, Palais Barberini, Rome.
En 1543, Henry VIII épouse sa sixième femme, Catherine Parr, qui sera aussi la dernière. Catherine échappa miraculeusement à une arrestation en 1546 pour hérésie, sauvant sa tête du même coup. Elle aura la bonne idée d'attendre la mort de son mari, en 1547, pour épouser son amour de jeunesse, Thomas Seymour, l'année suivante. Mais la naissance de leur fille entraîna des complications et la mort de Catherine Parr eut lieu six jours après son accouchement (1548). Seymour qui avait été très proche de la future reine Elisabeth, peut-être son amant, fut accusé un an plus tard de trahison et exécuté.

Analyse du tableau

Le tableau représente la rencontre de ses deux ambassadeurs de François Ier en 1533. Georges de Selve arrive de France sans doute pour rappeler à Jean de Dinteville quelle est la position de François Ier dans la crise entre Henry VIII et le pape Clément VII. François Ier souhaitait obtenir l’alliance du roi d’Angleterre contre Charles Quint, l’adversaire acharné du roi de France. Georges de Selve, catholique fervent mais critique à l’égard de la corruption de l’Eglise romaine, est aussi là pour réconcilier l’Eglise d’Angleterre et le pape.

Le tableau est rempli de références symboliques : les ambassadeurs posent devant les symboles de leur culture et de leur érudition : des livres, un cadran solaire, un globe terrestre, une sphère céleste, des instruments de mesure, un luth et des flûtes. A leurs pieds, sur un luxueux carrelage, on distingue au premier plan une forme étrange déformée par anamorphose. L'anamorphose consiste à déformer un élément, mais cet élément se reconstitue quand on le regarde de la bonne position ou si on utilise les bons outils. Il s’agit ici de la représentation d’un crâne humain que l’on peut voir en rasant le tableau ou en l’inclinant. C’est donc une « vanité » qui rappelle la fragilité de la vie aux hommes, souvent pressés d’afficher leur réussite et leur puissance éphémère, au risque du péché d’orgueil.

Les deux ambassadeurs sont positionnés de part et d’autre du tableau. Ils s’appuient sur un meuble remplis d’objets à haute portée symbolique. Les deux ambassadeurs, de par leur position, nous invitent à contempler ces objets qui se rapportent à l’astronomie, la mesure du temps, la géographie, la musique ou l’arithmétique sans compter les objets religieux. A l’étage supérieure du meuble, on distingue :

- une sphère céleste constellée d’étoiles et de signes du zodiaque.

- une horloge solaire cylindrique (ou cadran de berger).
Le cadran de berger, parfois appelé montre de berger est un cylindre surmonté d'un chapeau tournant équipé d'un style perpendiculaire. On tient le cadran suspendu par une ficelle ou un anneau afin qu'il reste vertical, et on tourne le chapeau jusqu'à la marque correspondant à la date du jour. En orientant ensuite le cadran en direction du soleil, l'ombre projetée donne l'heure solaire.

- Un torquetum.

Le torquetum ou le turquet est un instrument de mesure astronomique médiéval servant à fixer l’heure et la date par rapport à la position de corps célestes dont on a déterminé un ensemble de coordonnées au moyen de cet instrument.
Il serait l’œuvre de Jabir Ibn Aflah, un mathématicien et astronome andalou du XIIe siècle. Cet instrument composé de disques et de plateaux a été abandonné lorsque Galilée a eu l'idée de la lunette astronomique.
- divers cadrans.

- un livre, sur lequel Georges de Selve a le coude posé, dont la tranche indique l’âge de Jean de Dinteville, 29 ans.

A l’étage inférieure du meuble, on peut distinguer :

Le globe terrestre (ici retourné) du tableau.
- un globe terrestre. Il montre l'Afrique et l'Europe. On distingue au coeur du royaume de France la localité de Policy dont Jean de Dinteville est le seigneur.



- un livre de mathématiques à demi ouvert par une équerre, L’auteur en serait le mathématicien, Peter Apian, un allemand travaillant à l’université d’Ingolstadt. Il était aussi imprimeur et à ce titre, imprima les œuvres de Johann Eck, l’un des grands contradicteurs de Luther. Favori de Charles Quint, qui l’anoblit en 1535, il est donc adversaire des idées réformées.

- un luth dont l’une des cordes est cassée.
- sous le luth, un compas.
- un livre de cantiques ouvert qui présente sur la page de gauche, un hymne de Martin Luther et, sur la page de droite, une version des Dix Commandements proposée par le même Luther. Il est vrai que Georges de Selve à l’époque est très critique envers l’Eglise romaine et ses idées ne sont pas très éloignées de celles de Luther. Tolérant, il est aussi favorable à une réforme de l’Eglise.
- quatre flûtes dans leur étui.

Derrière les deux hommes, une tenture verte avec des motifs végétaux. A la droite du tableau, un crucifix accroché au mur est à demi-caché par la tenture.

Conclusion: au total, à travers une œuvre qui représente la réussite et la richesse apparentes de deux notables français du XVIe siècle, on peut aussi entrevoir les interrogations de l’artiste et des deux personnages sur leur époque. Le tableau incarne à la fois la célébration des valeurs de la Renaissance avec l’avancée de la science et des arts ou la montée en force de la bourgeoisie parlementaire et de la petite noblesse au service du roi, mais aussi les inquiétudes liées au troubles politiques et religieux du temps avec la progression des idées de la Réforme luthérienne et des divisions de l’Eglise. La corde du luth cassé (le luth étant lui symbole d’harmonie), le mot "Dividirt" signifiant la division) sur la page entrouverte du livre de Peter Apian, le livre de cantiques présentant sur ces deux pages des écrits de Luther, le Christ à demi-caché derrière le rideau vert, et surtout la vanité et sa représentation ambiguë en anamorphose, peuvent aussi être vu comme des évocations de la peur qui saisit les hommes à la recherche de leur salut dans une époque aussi troublée.

dimanche 4 décembre 2011

Renaissance et Maniérisme

I - La Renaissance.


Raphaël, L'Ecole d'Athènes, 1511, Chambre de la Signature (Stanze), Vatican.
Dans cette célèbre peinture de Raphael, l’Ecole d’Athènes, on peut voir les philosophes les plus célèbres de l’Antiquité.
1 - Quel philosophe est représenté sous les traits de Léonard de Vinci ?Il s'agit de Platon qui porte le Timée, une de ses œuvres. Il montre le ciel, allégorie du monde des idées. Il est représenté à côté de son disciple du Lycée, Aristote.
2 - Quel philosophe est représenté sous les traits de Michel Ange ?C'est le philosophe Héraclite qui est représenté sous les traits de Michel Ange. Ce philosophe grec était réputé d'humeur changeante et irritable tout comme l'était Michel Ange.
3 - Quel mathématicien, auteur d’un célèbre théorème est représenté ?On peut voir, sur ce tableau, Pythagore en train de rédiger peut-être son célèbre théorème de géométrie.
4 - Quel philosophe arabe est représenté (avec un turban) ?




Il s'agit d'Averroès, philosophe arabo-andalou du XIIe siècle, très connu en Europe pour ses commentaires de l'œuvre d'Aristote. Son travail lui valut quelques problèmes avec le califat almohade qui gouvernait l'Andalousie. Après l'interdiction de la philosophie par le calife Al-Mansur, Averroès finit sa vie en exil au Maroc. Son œuvre influença les humanistes de la Renaissance et Raphaël lui rend ainsi hommage en le plaçant dans son tableau à l'égal des grands philosophes grecs. Il est reconnaissable à son turban, se penchant pour mieux observer ce que rédige Pythagore.




II - Léonard de Vinci et François Ier




Supplément illustré du Petit Journal – 28 décembre 1913 – Numéro 1206.5 - Quel tableau évoque la couverture du journal ?
Il s'agit du célèbre tableau du musée du Louvre, la Joconde.
6 - Quels sont les deux personnages historiques représentés sur la couverture. On peut voir le peintre, auteur de la Joconde, Léonard de Vinci (1452-1519) et son mécène, le roi de France, François Ier (1494-1547).
7 - A quel fait divers survenus en 1911 fait allusion le dessin en bas à gauche ?
Pourquoi, en 1913, ce journal fait de nouveau la une avec ce tableau.
Le Petit Journal rappelle que la Joconde fut volé en 1911. Il fait de nouveau la une avec ce fait divers en 1913, au moment où le célèbre tableau fut retrouvé en Italie à Florence.

Pour complétez votre information sur la Joconde, cliquez ici
III - Entre Renaissance et Baroque.


Les Noces de Cana, 1563, Paris, Musée du Louvre.
8 - Quel est le peintre qui a peint ce tableau ?
Ce tableau est de Véronèse, peintre qui vivait dans la ville de Venise.
Il représente un épisode du Nouveau Testament, Jésus et Marie invité à un mariage à Cana, en Galilée. C’est là que Jésus-Christ aurait réalisé son premier miracle : la transformation de l’ean en vin.
9 - Le peintre a représenté cette scène dans un décor qui se situe à Venise. Qu’est-ce qui différencie Jésus et Marie des autres invités ?Jésus et Marie sont nimbés d'une auréole et ils sont les seuls à porter les vêtements de leur temps, les autres personnages étant richement vêts à la mode vénitienne du XVIe siècle.
10 - A quel mouvement artistique appartient ce peintre (ce mouvement artistique se situe entre la Renaissance et le Baroque) ?Ce tableau appartient au courant de peinture appelé le Maniérisme.