1534 - Premier des trois voyages de Jacques Cartier au Canada.
Jacques Cartier est né vers 1491 à Saint-Malo. On sait peu de choses sur lui avant son premier voyage en 1534. Il a peut être effectué comme navigateur un voyage à Terre-Neuve ou au Brésil (il était du reste interprète en langue portugaise). Selon l'Histoire de la Nouvelle France (1609-1618), le premier ouvrage sur l’histoire du Canada français écrit par l'avocat Marc Lescarbot. c'est Jacques Cartier qui aurait proposé lui-même ses services à l'amiral de France Philippe Chabot en 1533, qui : « les representa à sa Majesté, & fit en sorte que ledit Quartier eut la charge». A la même époque, François Ier s’intéresse particulièrement à l’Amérique. Le roi de France s'attache à desserrer le contrôle du Nouveau Monde mis en place par les royaumes ibériques avec l'appui de la papauté (bulle pontificale de 1493 Inter Coetera modifiée par le traité de Tordesillas de 1494) en limitant la portée de la bulle aux territoires déjà découverts à cette date, limitation qu'il n'obtient que sous la forme d'une déclaration de Clément VII en 1533. François Ier peut donc pousser ses envoyés vers les territoires qui ne sont pas encore sous tutelle ibérique. Les protestations espagnoles nées de cette politique sont à l'origine de la répartie du roi de France: « Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde » (Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France). Après avoir obtenu de l’amiral Chabot la permission de « voyager, découvrir et conquérir à Neuve-France, ainsi que trouver, par le Nord, le passage au Cathay », Cartier reçut de François Ier l’ordre d’aller « de ce royaume ès Terres Neufves pour découvrir certaines ysles et pays où l’on dit qu’il se doibt trouver grant quantité d’or et autres riches choses ».
20 avril : départ de Jacques Cartier de Saint-Malo, avec deux petits bâtiments et un équipage de 61 hommes. Après seulement 20 jours de traversée, Cartier arriva à Terre-Neuve le 10 mai. Il entra dans le golfe par la baie des Châteaux (détroit de Belle-Isle) et suivit d’abord le littoral ouest de Terre-Neuve jusqu’au cap Saint-Georges, puis se dirigea vers les îles de la Madeleine, sans apercevoir le détroit entre Terre-Neuve et le Cap-Breton. Longeant ensuite l’île du Prince-Édouard, il s’engagea dans la baie des Chaleurs, croyant y trouver la fissure continentale qu’il cherchait. Le 6 juillet, Jacques Cartier et son équipage entrent en contact avec les premiers Amérindiens, des Micmac, au large de la Baie des Chaleurs. Les navires français se trouvèrent promptement encerclés d'une multitude de canoés micmacs dont les occupants brandissaient des peaux de castor.Les Français échangent avec les Indiens des colifichets, couteaux, tissus... contre des peaux d'animaux.
Le 24 juillet, Jacques Cartier arrive à Gaspé, y plante une croix de 30 pieds et prend possession du territoire au nom du roi de France. Il rencontre des Amérindiens qui sont des Iroquoiens venus pêcher dans la région ((peuple aujourd'hui disparu ou assimilé, que l'on confond souvent à tort avec les Iroquois et les Hurons). Le chef indien du village de Stadaconé (Québec) qui s’appelle Donnacona n’est pas très satisfait de voir débarquer les Français. Cependant Jacques Cartier le convainc d’emmener en France ses deux fils Domagaya et Taignoagny. En effet, pour preuves de la réalité de leurs découvertes, les explorateurs avaient accoutumé de ramener en Europe quelques indigènes dont ils s’étaient emparés dans les terres neuves. Cartier se dirigea ensuite vers l’île d’Anticosti, sans voir, à sa gauche, l’embouchure du Saint-Laurent.. Il examina la côte méridionale d’Anticosti, qu’il prit pour un cap, et décida de prendre le chemin du retour, de crainte d’avoir à hiverner en Amérique. Ayant suivi la côte du Labrador jusqu’à la baie des Châteaux, il rentra à Saint-Malo le 5 septembre après une traversée de 21 jours, avec les deux jeunes fils de chef amérindien qu’il va présenter au roi de France. Les deux Indiens apprirent un peu de français et révélèrent l’existence, vers l’ouest, d’un royaume fabuleusement riche, que Cartier prit pour le Cathay.
1535-1536 : deuxième voyage de Jacques Cartier
Le deuxième voyage a lieu en 1535–1536. Cette expédition compte trois navires, La Petite Hermine (60 tonneaux), L'Émérillon (40 tonneaux) et la nef qui transporte Cartier, la Grande Hermine (120 tonneaux). Quinze mois de vivres ont été prévus. Jacques Cartier emmènent, avec lui, les deux « fils » (neveux?…) du chef Donnacona, Taignoagny et Domagaya, qui parlent maintenant un peu le français. Les trois navires appareillent le 29 mai 1535 de Saint-Malo. Les trois petits navires traversent l'Atlantique en 40 jours. Guidé par les deux Indiens, Cartier se rend droit à l’embouchure du Saint-Laurent. Il en remonte le cours, s’émerveillant de la beauté du pays en découvrant qu'il navigue sur un fleuve lorsque l'eau devient douce. Les marins français aperçoivent "de drôles de poissons blancs à la tête de lévriers anglais". Ce sont sans doute des belugas, des petits cétacés blancs. À l'île d'Orléans, le 7 septembre, Il s’arrêta à Stadaconé (ancien nom de Québec), où il revoit Donnacona, chef des Iroquoiens du Saint-Laurent.
Le chef essaie de dissuader les Français de remonter le fleuve : il veut s'assurer du monopole du commerce. Cartier refuse et donne congé aux deux « fils ». Il ira donc en amont sans interprète. Une partie des hommes restent et construisent un fortin, préparant le premier hivernage connu de Français en Amérique du Nord. Cartier continue à remonter le fleuve sur l’Émérillon, dont bientôt le tirant d'eau interdit de poursuivre au-delà du lac Saint-Pierre : il y ancre l’Émérillon et l'équipage poursuit en barques.
2 octobre 1535: Jacques Cartier à Hochelaga
Le 2 octobre 1535, Jacques Cartier et ses compagnons arrivent dans la région de Hochelaga. La nuit venue, ils se retirent tous à bord des barques. Tôt le lendemain matin, avec ses gentilshommes et vingt mariniers armés, Cartier entreprend à pied le chemin vers ce village, sur une voie bien aménagée. Marchant ainsi deux lieues (environ 8 km), ils peuvent enfin apercevoir cette bourgade palissadée de tronc d'arbres, sur une colline et entourée de terres cultivées, pleines de maïs (dit blé d'Inde), ainsi qu'il décrira le paysage entourant Hochelaga. Il nommera Mont Royal, cette montagne de l'île et de la ville qui est aujourd'hui nommée Montréal.
Le 2 octobre 1535, Jacques Cartier et ses compagnons arrivent dans la région de Hochelaga. La nuit venue, ils se retirent tous à bord des barques. Tôt le lendemain matin, avec ses gentilshommes et vingt mariniers armés, Cartier entreprend à pied le chemin vers ce village, sur une voie bien aménagée. Marchant ainsi deux lieues (environ 8 km), ils peuvent enfin apercevoir cette bourgade palissadée de tronc d'arbres, sur une colline et entourée de terres cultivées, pleines de maïs (dit blé d'Inde), ainsi qu'il décrira le paysage entourant Hochelaga. Il nommera Mont Royal, cette montagne de l'île et de la ville qui est aujourd'hui nommée Montréal.
La bourgade n'a dans son rempart circulaire qu'une seule porte d'entrée. On y compte une cinquantaine de « maisons longues », communautaires. Le chef du village affirme que l'on peut continuer à remonter le fleuve vers l'ouest durant trois lunes et, de la rivière des Outaouais, se diriger vers le nord et pénétrer dans un pays où l'on trouve de l'or (qui est l'actuelle grande région de l'Abitibi). Bloqué dans sa marche par les rapides de Lachine, il se renseigna le mieux possible sur la géographie du pays et la situation du Saguenay. Rentré à Stadaconé, il y hiverna, mettant ses navires à l’abri dans la rivière Saint-Charles.
Cartier donne à la région de Stadaconé, le nom de Canada, tiré de de Kanata, dénomination qui sera généralisée par la suite à toute la vallée du Saint-Laurent, puis finalement à l'une des colonies de la Nouvelle-France. Ce nom signifierait « village de cabane » dans le parler iroquoien ou tout simplement village. D'après le site officiel du patrimoine canadien : « En 1535, deux jeunes autochtones indiquèrent à Jacques Cartier le chemin de « kanata ». Ils faisaient allusion au village de Stadacona, « kanata » étant simplement le mot qui désignait un « village » ou une bourgade dans la langue des Hurons ou des Iroquois. Faute d'une autre appellation, Cartier baptisa du nom de « Canada » non seulement Stadacona (emplacement actuel de la ville de Québec) mais également tout le territoire gouverné par son chef, Donnacona.
Les rapports avec les Iroquoiens du Saint-Laurent sont bons, malgré quelques disputes sans gravité, qui ne dégénèrent jamais en violence. Cartier découvre cependant les premiers scalps dans la maison de Donnacona. Il y goûte aussi le tabac, qu'il n'apprécie guère. L'hiver de l'Amérique du Nord arrive et surprend les Français, le fleuve gèle et emprisonne les navires. Cartier et ses hommes hivernent près de la rivière Sainte-Croix (maintenant dite rivière Saint-Charles, à Québec). Les hommes souffrent du scorbut, les Iroquoiens en sont aussi frappés, des Français meurent tandis que les Amérindiens s'en tirent beaucoup mieux. Cartier, épargné, découvre que les Indiens Micmacs se soignent avec une infusion d'aiguilles et d'écorce de pin. Il applique le traitement à ses hommes et, bientôt, les guérisons se multiplient. En avril, Cartier « emmène » Donnacona, pour le présenter à François Ier, avec ses deux « fils » et sept autres Iroquoiens (en fait Cartier a profité d’une fête pour les enlever le 3 mai 1536). Profitant du dégel, il met le cap sur la France, abandonnant La Petite Hermine, « faute d’un équipage assez nombreux »29 (25 des 110 équipiers étaient décédés du scorbut30). En juin, Cartier aborde aux îles Saint-Pierre-et-Miquelon. Les deux navires arrivent à Saint-Malo en juillet 1536, Cartier croyant avoir exploré une partie de la côte orientale de l'Asie.
Donnacona est donc présenté au roi de France. Il fut le premier à avoir tissé des relations diplomatiques avec les Français sur fond de rivalités entre chefs indiens. Donnacona, qui a compris ce que cherchent les Français (de l'or, des gemmes, des épices), leur fait la description qu'ils veulent entendre, celle du riche royaume de Saguenay, au moyen de contes fabuleux dans lesquels les Européens se voient déjà, contes venus même aux oreilles des Espagnols qui dépêchèrent des conquistadors vers le nord, à partir de la Floride et du Texas.Donnacona rencontra à plusieurs reprises le roi de France. Il meurt en France en 1539. D’autres Amérindiens s’y sont mariés. Aucun des neuf Indiens ne devait revoir le Canada.
1541-1542 : troisième voyage de Jacques Cartier
Pour plusieurs raisons, Cartier ne put se rembarquer pour l’Amérique en 1536 ; les Espagnols, en particulier, lui suscitèrent des difficultés en achetant l’amiral Chabot. Néanmoins, François Ier voulait à tout prix atteindre le Saguenay. Pour faire taire les Espagnols et les Portugais tout en obtenant l’appui du pape, il assigna cette fois des objectifs religieux à l’exploration : désireux, au surplus, d’appuyer ses droits à la possession sur une occupation effective du territoire découvert par Cartier, il allait tenter une entreprise de colonisation. La colonisation et la propagation de la foi chrétienne étaient les deux objectifs à atteindre même si on espérait surtout mettre la main sur l’or du Saguenay.
Le 17 octobre 1540, François Ier avait accordé à Cartier le titre de « cappitaine et pilotte général des navires que le Roy envoie au Saguenay ». À la suite de sa décision de créer un établissement en Amérique, il revenait sur cette nomination le 15 janvier 1541, et nommait Jean François de La Roque de Roberval « lieutenant général, chef, ducteur et capitaine de ladite entreprise ». Cartier ferait le voyage, mais sous les ordres de Roberval. Jean-François de La Rocque de Roberval, était un proche du roi, un homme de cour, ancien soldat des guerres d’Italie, En tant que protestant, il avait été obligé de s’enfuir, , en 1535, après l’affaire des Placards, comme Marot dont il est l’un des protecteurs. La faveur royale lui permit un retour rapide d’exil, puis lui valut, en 1540, la direction de la troisième expédition de Jacques Cartier avec le titre de lieutenant général au Canada.
Cartier prépare l'expédition, arme cinq navires, embarque du bétail. On recruta des colons : gentilshommes, véreux pour la plupart, et criminels, sortis des prisons du royaume. Au printemps, toutefois, Roberval ne pouvait partir, retenu au port par ses créanciers. Cartier reçut ordre de faire voile sans l’attendre. .
Après une traversée calamiteuse, il arrive enfin sur le site de Stadacona en août 1541, après trois ans d'absence. Les retrouvailles sont chaleureuses malgré l'annonce du décès de Donnacona, puis les rapports se dégradent et Cartier décide de s'installer ailleurs. Il fait édifier le fort de Charlesbourg-Royal au confluent du Saint-Laurent et la rivière du Cap Rouge, pour préparer la colonisation. C'est le premier fort français au Canada et le premier établissement français en Amérique. Bientôt, l'hiver arrive et Roberval est toujours invisible, avec le reste de l'expédition. En attendant, Cartier accumule « l'or et les diamants », qu'il négocie avec les Iroquoiens du Saint-Laurent, qui disent les avoir ramassés près du camp. Il semble qu’il y a des escarmouches avec les Indiens et que plusieurs Français sont tués. Au printemps 1542, Cartier appareilla pour la France, désireux de porter le plus tôt possible, aux pieds du roi, son or et ses richesses.
Roberval de son côté a réussi enfin à quitter La Rochelle le 16 avril 1542 avec trois gros navires et 100 colons. Roberval rencontrent Cartier à Terre Neuve et lui ordonne de faire demi-tour. Profitant de la nuit, Cartier continua néanmoins sa route vers la France. Une déception profonde l’y attendait : l’or et les diamants se révélèrent, à l’analyse, pyrite et mica, sans valeur. Sa mésaventure est à l'origine de l'expression « faux comme des diamants du Canada »… et du toponyme actuel, « Cap Diamant », pour désigner l'extrémité est du promontoire de Québec.
Roberval, laissé seul, choisit de poursuivre sa mission. Il parvient non sans mal au Canada (région de Québec) avec les indications cartographiques de Cartier, fait dresser la première carte de la région du soi-disant « Royaume de Saguenay », espérant y trouver le mythique passage du Nord-Ouest.
A la recherche du passage du Nord-Ouest dans le fjord du Saguenay.
Il remonte ainsi le cours du "fjord du Saguenay, dénommé ainsi en raison des versants escarpés de cette vallée glaciaire, dans laquelle s'écoule la Saguenay.
La navigation dans le golfe et le fleuve Saint-Laurent se fait sans autre incident que la romanesque aventure de « la parente » de Roberval, la demoiselle Marguerite de La Rocque, qui fut abandonnée sur une île avec son amant. Roberval établit sa colonie France-Roy, à l'emplacement que Cartier avait nommé « Charlesbourg-Royal » et laissé vacant à l'embouchure de la petite rivière aujourd'hui dite du Cap-Rouge.
Cette petite colonie passe l’automne et l’hiver 1542-1543 dans des conditions difficiles du fait du froid, de la famine, du scorbut et des heurts à l’intérieur de la communauté française, où voisinent nobles de cour, grandes dames et condamnés de droit commun.
Au printemps, Roberval veut encore chercher le passage du Nord-Ouest. Il part explorer la rivière des Outaouais (en anglais, l'Ottawa river) , jamais atteinte auparavant par des gens du « vieux continent ».
Son pilote Jean Fontenaud (dit Joan Alfonso ou Jean Alphonse de Saintonge) démontrant l’existence d’un passage entre les côte du Labrador et celle du Groenland remonte vers le nord, jusqu’au détroit de Davis, véritable porte d’entrée du passage du Nord-Ouest. Mais les glaces lui font rebrousser chemin.
Cette colonie, décimée et épuisée doit être évacuée en septembre 1543 et La Rocque rentre en France. Les minerais « précieux » se révèlent au retour sans intérêt et valent au Canada un durable discrédit Ruiné, Roberval passe une vieillesse obscure, marquée par une série de procès. Le récit de l’expédition a laissé une durable impression sur ses contemporains. Rabelais, la reine de Navarre, Marot, André Thevet et d’autres ont maintes fois utilisé ce témoignage parfois haut en couleur.
La colonisation le long du « grand fleuve » (Saint-Laurent) est ensuite abandonnée jusqu’au début du XVIIe siècle. La France rentre dans la période sombre des guerres de religion (Roberval est assassiné en 1560 par des catholiques). De ces premiers contacts entre Français et Amérindiens, il ne reste guère qu’un trafic : le troc de la bimbeloterie contre des fourrures que pratique les pêcheurs français de Terre-Neuve et qui enrichit les ports de Normandie et de Bretagne.
Déçu, Cartier se retire dans son manoir de Limoëlou, près de Saint-Malo. Considéré comme un sage, on le consulte parfois et on met à profit ses connaissances du portugais. Il succombe le 1er septembre 1557, probablement de la peste qui frappe la ville cette année là, à l’âge de soixante-six ans, jouissant d’une grande réputation parmi les navigateurs et les cartographes.